DEUXIÈME PARTIE : LOUISE ET LOUIS

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Chapitre 16 : « Le ciel par les travaux veut qu'on monte à la gloire », Pierre Corneille

Je me regarde dans le miroir de ma coiffeuse, nerveuse, mais impatiente. Je suis parfaitement coiffée, ma mouche est idéalement placé et ma robe jaune flamboyante est tout à fait digne pour la fête qui s'annonce : La Gloire du Roi. Cela été organisé pour le retour du Roi ainsi que de son frère, le Duc d'Orléans, qui revient à Versailles suite à une grande victoire après de longs mois sur le champ de bataille. Mon époux et moi avons reçu l'invitation il y a deux jours et depuis je trépigne d'impatience. D'abord à l'idée de passer une soirée exceptionnelle, mais également parce que je vais enfin revoir le souverain dont, je l'espère, son intérêt pour moi n'aura point changé. Depuis que je suis entré dans la chambre avec Madeleine pour me préparer, mon sourire ne quitte pas mon visage, je suis comme bloqué dans une joie incontrôlable.

— Vous êtes resplendissante, madame, me complimente Madeleine.
— Merci, ma chère.

Quelques coups sont donnés contre la porte.

— Louise, vous êtes prêtes ? Nous allons devoir y aller si nous ne voulons point être en retard, résonne la voix de Robert.

Je me regarde une dernière fois puis me lève pour me diriger vers la porte que j'ouvre. Mon époux est posté devant moi, élégant dans ses vêtements couleur bleu roi.

— Oui, je suis prête, avoué-je.
— Très bien, allons-y.

Il m'offre son bras en-dessous duquel je passe mon bras puis tous deux sortons de nos appartements. Dans les couloirs du premier étage, beaucoup de coupes empruntent le même chemin que nous, bien que certains d'entre eux, avec un titre moindre ou qui ne sont pas spécialement dans les faveurs du Roi, n'ont pas été conviés, mais Liselotte m'a aussi appris que plusieurs nobles ne vivant pas à Versailles étaient conviés pour cette fête.
Au rez-de-chaussée, Robert et moi nous dirigeons vers les jardins, d'ores et déjà plongés dans la nuit avec uniquement des lanternes pour nous éclairer. Sur la terrasse du château, entre la façade et les deux parterre d'eaux se trouvent une énorme table rectangulaire si longue qu'elle accueillera aisément tous les invités, ainsi que la famille royale. Robert salue des amis à lui tandis que je me dirige vers la Reine, déjà installée sur l'un des deux trônes devant la table.

— Majesté, quel plaisir de vous voir, dis-je dans une révérence. Je tenais à vous féliciter pour votre régence ces derniers mois, le Roi n'aurait pas pu choisir meilleure que vous.
— Le plaisir est partagé, ma chère Louise, me sourit-elle. Et je vous remercie, cela me va droit au cœur.

Je la salue poliment puis me dirige vers Liselotte, au bras de son époux Philippe, qui est lui-même aux côtés du Chevalier de Lorraine.

— Louise, comment allez-vous ? me demande Liselotte.
— Très bien, je vous remercie. Je dois vous avouer qu'il me tarde de voir ce que le Roi a prévu comme activité pour cette fête.
— Cela va être grandiose et spectaculaire, à son image, comme toujours, rétorque Philippe.

Je suis surprise par son ton légèrement cassant.

— Ne faites pas attention à son humeur, il semblerait que lui et le Chevalier se soient chamaillés, me glisse mon amie à l'oreille. Et il est également persuadé que son frère ne lui accordera aucune gloire pour leur victoire commune.
—  Je suis certaine que Sa Majesté saura reconnaître son talent de meneur.
— Nous sommes d'accord là-dessus, mais il est aussi têtu qu'une mule.

Je ris face à sa grimace puis prend congés pour retourner vers Robert qui a, semble-t-il, trouvé notre place. À la droite de la Marquise de Montespan, elle-même installée sur la chaise à côté du Roi, dont son épouse est installée à sa gauche, suivie de Philippe d'Orléans et de Liselotte. J'ouvre grand les yeux, surprise que nous soyons si bien placés, ce qui ne semble pourtant pas choqué Robert. Sans doute doit-il penser que le Roi le considère assez important pour le placer là, bien que, pour moi, je suis persuadée que si nous sommes ici, c'est parce que c'est une faveur qu'il m'accorde, bien que je ne veuille pas m'avancer. En revanche, je suis très embêtée de me retrouver juste à côté d'Athénaïs et vu le regard qu'elle me lance, elle est tout autant étonné.

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant