Chapitre 20

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« Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes », Nicolas Machiavel

« Trompez encore une fois la confiance de Robert et vous aurez affaire à moi, Marquise.  »

Je hoquette et les poils de mes bras se redressent, faisant naître une chair de poule. Mes jambes se transforment en coton, une chance que je sois assise, sinon je me serais effondrée au sol.
Une main tremblante devant la bouche, je sanglote et laisse couler des larmes sur mon visage. Que me veut le Comte ? Pourquoi s'acharner sur moi ? Pourquoi tant protéger Robert ? Serait-il... atteint du vice italien et l'aimerait-il en secret ? Seigneur, s'il le veut tellement, je le lui laisse, mais qu'il arrête de me menacer ! Devrais-je parler de cela au Roi ? Oui, cela est impératif si je veux qu'il me fiche la paix, mais je suis terrifiée à l'idée qu'il fasse encore plus de ma vie un enfer, s'il l'apprend.

— Madame, Monsieur le Marquis m'a dit de vous... m'interpelle Madeleine en entrant dans la chambre.

Surprise, j'en laisse tomber le mot qui s'échoue tout près de ma boite à bijou et pousse un petit cri de peur, une main sur mon cœur fou.

— Bon sang, Madeleine, annoncez-vous la prochaine fois, vous m'avez fait une sacrée frayeur ! pesté-je.

J'essuie mes larmes d'un revers de main.

— Je suis désolée, je ne pensais pas que... Madame, est-ce que... tout va bien ? s'inquiète-t-elle.

Je renifle.

— Oui, oui, tout va bien, réponds-je d'une voix nouée.

Elle s'approche de moi et s'agenouille en face de moi. Amicalement, elle prend mes mains qu'elle serre fort dans les siennes et ne cesse de me regarder dans les yeux.

— C'est votre fils ? Il vous manque ? devine-t-elle.
— Non, je... Enfin si, Jean-Baptiste me manque tous les jours, mais je... ce n'est pas pour ça que...

Des larmes affluants toujours aux bords de mes yeux, je respire un bon coup en fermant les yeux et inspire, mais ma respiration n'est ni régulière, ni calme.

— Hier, avant que Robert ne te congédie, est-ce que... vous avez vu le Comte de Saint-Germain entrer ici ?
— Dans votre chambre ? s'étonne-t-elle.

Je hoche la tête.

— Non, il... est resté vers votre époux. Pourquoi cette question ?

Je lui lance un sourire que j'espère convaincant.

— Rien d'important.

Comme toujours, elle n'insiste pas et je l'en remercie. Elle est certes mon amie, mais de ces menaces, je ne compte pas lui en parler. Ni même à personne. Mise à part à la seule personne capable de les stopper.

— Que vouliez-vous me dire à propos de Robert ? demandé-je pour changer de sujet.
— Oh, il m'a demandé de vous signaler qu'il souhaiterait faire une promenade dans les jardins.

J'arque un sourcil, surprise.

— Pourquoi n'est-il pas venu me le demander ?
— À cause de votre dispute, paraît-il.

Il a donc été prévenant pour ne pas m'énerver davantage ? Eh bien, ce serait une première !

— Il m'a dit qu'il savait que les jardins vous plaisaient et qu'il voulait vous faire plaisir en proposant cette promenade, argumente-t-elle.

Je suis sidérée. Se sentirait-il coupable à cause de notre querelle ?

— Très bien, je vais aller le voir. Malheureusement, je ne vais pas pouvoir accéder à sa demande.

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant