Chapitre 27

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« Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce que l'on possède », Saint Augustin

Nous l'avons refait deux fois, une fois sorti du bain. Dans la chambre. À chaque fois, c'était l'extase totale. Je vis un moment comme hors du temps, je n'ai plus aucune notion, aucune idée de l'heure qu'il est, ma seule indication étant le noire complet de l'extérieur. Et ma faim. Seigneur, j'ai si faim que je pourrais manger un bœuf ! L'appétit sexuel de Louis est sans limite, jamais il ne semble fatigué et il m'a fait découvrir des choses et autres positions que je ne connaissais pas, mais qui étaient toutes plaisantes les unes que les autres.

— Votre ventre n'arrête pas de gronder, remarque Louis, allongé à côté de moi dans le matelas.

Torse nu, l'un de ses bras est tendu derrière ma tête. Moi-même je suis encore nue, n'ayant aucune envie de me rhabiller et de quitter cette bulle de bonheur que j'apprécie tant.

— Il faut dire que tout cela m'a ouvert l'appétit, révélé-je d'un air taquin, en lui jetant une œillade.
— Un mot de votre part et nous repartons pour un tour.

Je pouffe face à sa désinvolture, mais son sourire en coin me fait un drôle d'effet.

— Peut-être une fois que nous nous aurons rempli l'estomac.

Au même moment, la domestique dont je n'ai pas retenu le nom entre dans la pièce. On peut dire qu'elle tombe à pic.

— Amenez-nous un plateau de fruits, une carafe de vin, une assiette de gourmandises ainsi qu'une tasse de chocolat.

La jeune brune acquiesce et se retire déjà. De mon côté, je regarde Louis d'un drôle d'air, mais aussi avec admiration.

— Du chocolat ? l'interrogé-je.
— Pour vous.
— Comment savez-vous ?
— Vous en prenez toujours une ou deux tasses à chaque soirée.

Touchée, mais aussi intimidée en réalisant qu'il m'observe depuis longtemps, mes joues se colorent. J'en profite pour tourner la tête vers l'horloge et m'étouffe presque quand je me rends compte qu'il est plus de 23h. C'est passé très vite et même si je suis consciente que Robert doit se demander où je suis et que je vais devoir finir par rentrer et me justifier, il n'est pas question que je mette un terme à ce moment. Au Diable Robert, je n'en ai que faire !

— Je peux vous poser une question ?
— Oui.
— Qu'est-ce que cela procure comme sensation d'être Roi ? Je veux dire... n'est-ce pas angoissant de prendre des décisions pour le pays, décisions qui peuvent l'amener à la ruine, ou bien à sa gloire ? 
— L'angoisse est le meilleur moyen de prendre de mauvaises décisions, me révèle-t-il. 

Je comprends qu'il ne m'en dira pas plus. De toute façon, la domestique revient, accompagnée de deux autres, qui nous apportent le plateau de fruits, les gourmandises, le vin et mon chocolat chaud. Seulement, au lieu de s'en aller, l'une d'elle me regarde avec insistance, ce qui me met très mal-à-l'aise. À l'idée qu'elle raconte qu'elle m'a vu ici à la place d'Athénaïs, mon cœur s'emballe.

— Sortez, lui ordonne Louis d'un regard dur.

Pourtant, cette dernière ne bouge pas.

— Faut-il que je vous menace de vous faire écarteler pour que vous sortiez de cette chambre ? s'impatiente-t-il.

Sa voix caverneuse me fiche des frissons. Mais... pas ceux que l'on ressentirait en cas d'effroi, non, plus de l'ordre de... du désir. Seigneur Dieu, suis-je détraqué ?
La pauvre domestique prend peur, hoquette et quitte la chambre avec précipitation.

— Y'a-t-il un risque qu'elle parle ? demandé-je, inquiète, respiration plus rapide.
— Pas si elle tient à sa vie et son emploi.

Et si elle n'y apporte que peu d'importance ? Si... uniquement dans l'optique de faire parler d'elle ou de lancer des commérages, elle parlait de ma présence ici et que cette nouvelle se répanderait comme une traînée de poudre ? Oh, je n'ai pas honte de cette relation avec le Roi, loin, très loin de là, mais je tiens à ce que cela reste secret. Cependant, je suis bien consciente que, si un jour, il veut m'élever au rang de Favorite, il le fera, peut-être même sans me demander mon avis. Et bien que cette place m'assurerait richesse, réputation, et privilège, contrairement à nombres d'autres femmes, je ne m'y intéresse pas. Je préfère de loin garder cela pour moi, sans le partager à personne.

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant