Chapitre 2

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« On ne connaît personne, sinon par l'amitié », Saint Augustin

Nos appartements sont très beaux, je m'y sens déjà comme chez moi. Malgré les tensions avec mon époux, je n'arrête pas de sourire à l'idée de participer à ma première soirée mondaine, si je puis dire cela ainsi, au château, en compagnie des nobles de la cour et de la famille royale. J'ai hâte ! Pour l'occasion, j'ai changé de robe car après ma rencontre avec le Roi, j'ai tellement suée qu'il était inconcevable pour moi de sortir avec la même. Ma nouvelle domestique, Madeleine, m'a aidé à me préparer et m'a donné quelques conseils. Oh, bien sûr, elle n'a jamais participé à ce genre de soirées, mais elle a servi bon nombre de nobles depuis son arrivée à Versailles alors elle m'a parlé de ce qu'elle savait.

— Merci pour votre aide, Madeleine.
— C'est mon travail, madame la Marquise. Puis-je faire autre chose ?
— Oui, que vous oubliez les politesses et que vous m'appeliez par mon prénom : Louise. Vous et moi allons être amené à nous côtoyer tous les jours, alors j'insiste pour la familiarité.
— Très bien ma... Je veux dire Louise.

Je pouffe puis jette un regard dans le miroir. Mes cheveux bruns sont attachés en un chignon ou uniquement deux mèches ondulés sont libres et mes joues sont poudrés pour éviter tout désagrément, du genre un rougissement intense comme c'est arrivé tout à l'heure en présence du Roi. Plus question que cela se voit, c'est affreusement gênant.

— Il manque quelque chose... me parlé-je à moi-même, pas totalement satisfaite de mon apparence.
— Et si vous mettiez une mouche ? Cela est futile, mais ça pourrait faire toute la différence.

Je lui jette une œillade. Madeleine en sort une d'une boite et m'en tend une. Je connais la signification en fonction de où elle est placée sur le visage. J'hésite à la disposer sur la pommette ou bien près de l'œil.

— Là, c'est parfait, m'interpelle ma domestique.
— Vous trouvez.
— Oui, je vous l'assure.

Satisfaite, je la laisse en place puis me lève de ma coiffeuse pour ensuite quitter la chambre. Robert est là, dans la pièce principale, assis derrière le bureau, un verre de vin à la main. Il semble très concentré.

— Robert ?

Il se retourne et quand il m'aperçoit, se lève avec le sourire aux lèvres et passe derrière moi pour entourer ses bras autour de mon ventre et poser son menton sur mon épaule. Il nous fait légèrement balancer, je ferme les yeux quelques instants. Depuis que nous sommes mariés, Robert a toujours été un mari affectueux avec moi, il me montre son amour souvent. De mon côté, j'essaie de lui rendre la pareille, mais je crains que nos sentiments diffèrent. Je l'apprécie tandis que lui m'aime, si j'ai bien entendu ce qu'il a dit un jour quand il croyait que j'étais endormie.

— Vous êtes très en beauté ce soir, me complimente-t-il.
— Merci, Robert. Sur quoi travailliez vous ?
— Oh, rien de très important.

Il dépose un baiser sur ma joue.

— J'ai hâte d'être à l'heure du coucher, me glisse-t-il à l'oreille.

Je déglutis légèrement. J'avais complètement oubliée ma promesse.

— Oui, moi... aussi, réponds-je d'une petite voix.

Je m'éloigne de lui et suis un peu mal-à-l'aise lorsqu'il porte un aguicheur sur moi.

— Venez-vous avec moi ?
— Où ça ?
— Eh bien aux salons dont le Roi nous a parlé, avez-vous déjà oublié ?
— Oh ! Ah oui, c'est vrai. Mais non, pas ce soir, le voyage m'a fatigué.
— Oh. Bon eh bien je suppose que je vous verrai à mon retour.

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant