Chapitre 34

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RAISON

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Je m'enfonce dans le siège de la décapotable, lasse. La soirée avait déjà atteint un niveau de chaos impressionnant, alors autant trouver un moyen de m'occuper l'esprit avant que quelque chose d'encore plus absurde n'arrive.

Mon regard tombe sur la boîte mathématique de Cassie, une relique scolaire qu'elle a recyclée en trousse à maquillage. Curieuse, je l'ouvre. À l'intérieur : un baume à lèvres à moitié usé, une cigarette solitaire, un briquet, quelques pièces de monnaie et un petit miroir.

Je prends le miroir et l'observe un instant, espérant peut-être y voir autre chose que mon reflet fatigué. Mais non, c'est toujours moi, une fille manifestement perdue dans un tourbillon de décisions discutables et de situations qui lui échappent.

Je referme la boîte avec un soupir et jette un coup d'œil vers le restaurant. Mais... plus de Cassie. Plus de Madeline non plus.

Un mouvement attire mon attention près de l'entrée. Elles sortent ensemble... et elles rient ? OK, ce n'était pas le scénario que j'avais envisagé, mais tant mieux.

— Hé, toi ! lance Madeline en me désignant avec un sourire en coin.

Je hausse un sourcil.

— Moi ?

— Non, la voiture derrière toi. Évidemment que toi, ironise-t-elle en s'appuyant contre la carrosserie avec une désinvolture qui sent l'assurance et un brin d'arrogance.

Cassie est à côté d'elle, et son sourire radieux est un peu suspect. Comme si elle venait de gagner à la loterie... ou d'avoir le plus grand retournement de situation de sa vie amoureuse.

— T'as une meilleure amie en or, tu sais ? ajoute Madeline en me regardant. Désolée pour ce que j'ai dit sur elle hier. Et merci. Sans toi, je pense que Cassie n'aurait jamais eu le cran de m'inviter pour qu'on s'explique.

— Oh, c'est vrai, dis-je en me redressant, faussement flattée. Je suis une véritable entremetteuse. J'envisage d'ouvrir une agence.

Madeline rit légèrement et tourne son attention vers Cassie.

— Bon, eh bien... Bye.

Mais au lieu d'un simple au revoir, elle l'embrasse. Comme ça, l'air de rien, avec une facilité déconcertante. Le baiser est bref mais chargé de promesses, et quand Madeline recule, Cassie est visiblement en mode récepteur satellite bloqué sur fréquence romance.

Madeline me jette un dernier regard, cette fois plus sérieux.

— Toi, t'as intérêt à bien prendre soin d'elle. C'est une boule d'affection ambulante.

— Oh, ne t'inquiète pas, je garde toujours mon petit panda en sécurité, répliquai-je avec un sourire en coin.

Elle secoue la tête, amusée, et s'éloigne.

Cassie, elle, reste figée quelques secondes, puis monte dans la voiture en mode « j'ai vécu un film d'amour et j'ai oublié comment respirer ».

— J'ai passé le meilleur rendez-vous de ma vie, souffle-t-elle.

Je lève un sourcil.

— Mouais... Vous vous êtes remises ensemble, alors ?

— Non.

— Ah. Alors, pourquoi elle t'a embrassée ?

Elle hausse les épaules, faussement indifférente.

If you knew (PAUSE & REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant