ÉTRANGE NOSTALGIE
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J'ouvre les yeux lentement, encore engourdie par le sommeil. Tout est flou, un peu comme si mon cerveau refusait de redémarrer correctement. Je me redresse légèrement et prends conscience de mon environnement : toujours dans la voiture de l'abruti, enroulée dans une couverture, dans ce cauchemar qu'on appelle la réalité.
La pluie a laissé une traînée de gouttes sur les vitres, obscurcissant la vue extérieure. Un temps parfait pour un film dramatique.
Puis mon regard tombe sur l'abruti. Étendu sur le siège du conducteur, son t-shirt remonté, Catherine, cette foutue traîtresse de boule de poils, bien installée sur son abdomen.
— Tu t'es réveillée ? murmure l'abruti, la voix rauque de fatigue, alors qu'il tourne la tête vers moi.
— Non, non, je parle dans mon sommeil, là.
Il esquisse un sourire, pas du tout affecté par mon sarcasme. Évidemment. Cet homme est immunisé contre mes piques.
— Pourquoi tu ne t'es pas couvert ? demandai-je, plissant les yeux en remarquant son état, torse à moitié exposé au froid.
— Catherine avait besoin de chaleur corporelle, répond-il avec ce foutu sourire tendre en désignant la petite traîtresse, blottie contre lui comme si c'était l'homme de sa vie.
— Oh, bien sûr. Son Altesse Poilue passe avant ton propre confort. C'est tout à fait logique.
L'abruti hausse les épaules comme si ce n'était pas un problème. Moi, je note mentalement que même un chat est mieux traité que moi dans cette voiture.
— Tu veux rentrer ? propose-t-il en se redressant légèrement.
Je réfléchis. Enfin, j'essaie. Mon cerveau n'a pas encore décidé s'il était prêt à fonctionner aujourd'hui.
— T'as déposé Cassie ? demandai-je en remarquant enfin son absence.
— Elle ne t'a pas dit ? dit-il en levant un sourcil. Ses parents sont partis en voyage et ont demandé à ton oncle si elle pouvait rester chez toi. Il a accepté.
J'hausse un sourcil.
— James a accepté ça ? Mon oncle James ? Celui qui est toujours en vacances à Paris avec sa fiancée ? Celui qui a abondé ces neveux ?
— Le même.
— Merveilleux.
Je sors mon téléphone pour vérifier mes messages. Un texto de James s'affiche, accompagné de plusieurs photos : lui et Samantha devant la tour Eiffel, à un opéra, et dans un café jazz.
Je souris et réponds :
> T'as l'air de t'amuser. SANS NOUS, ENFOIRÉ !
Voir James heureux me fait toujours un truc. C'est étrange, après des années à le voir en mode célibataire endurci, le voir avec Samantha me donne presque envie de croire que l'amour n'est pas une arnaque totale.
Mais bon, ce n'est pas comme si ça me concernait.
Je range mon téléphone, mais une question me brûle les lèvres. Une question idiote, inutile et probablement masochiste.
— Est-ce que Maxence parle de moi quand il est avec toi ?
Le pied de l'abruti effleure légèrement la pédale de frein, comme si mes mots venaient de lui filer un coup de poing mental. Il tourne la tête vers moi, l'air méfiant.
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If you knew (PAUSE & REECRITURE)
Roman d'amour« Elle s'appelait Lysiane. Seize ans. Un cœur à la dérive, un lycée comme champ de bataille » À son arrivée au lycée, sa vie tranquille vole en éclats. Entre Maxence, son ex devenu l'amoureux de son amie, et Tyler, beau, populaire, mystérieux... et...
