If you knew (PAUSE & REECRITURE)

Chapitre 23

ＬＥ ＰＲＩＸ ＤＵ ＳＩＬＥＮＣＥ

— ♠ —

— Où est-ce que tu trouves l'argent pour tout ça ? demandai-je, toujours sous le choc en regardant les sacs remplis d'achats impulsifs. Catherine est vraiment gâtée.

Tyler démarre la voiture sans me regarder, les doigts crispés sur le volant.

— J'économise.

C'est tout ? « J'économise » ? On dirait une réponse automatique générée par une intelligence artificielle mal calibrée.

Je le fixe un instant, cherchant à capter une émotion, quelque chose, mais il garde les yeux rivés sur la route, aussi impénétrable qu'un mur de béton. Très bien, reste dans ton mystère, grand prince du silence.

De mon côté, je profite du trajet pour répondre aux messages qui s'accumulent. Mes amis sont s'inquiéter de mon absence inexpliquée, et mon frère... Mon frère a dû apprendre que j'avais passé la nuit chez Tyler, parce que sa série de messages pourrait servir de script à un thriller psychologique.

/Big brother

> On va parler.

> T'es sérieuse ?
> Réponds avant que je vienne te chercher moi-même.

Je soupire et range mon téléphone. La journée commence à peine, et j'ai déjà l'impression d'être dans un marathon émotionnel.

— ♠ —

Après un long moment de silence presque religieux, la voiture s'immobilise près du lycée. L'air sent la nicotine avant même que Tyler n'allume sa cigarette.

Je sors du véhicule et pose les mains sur mes hanches, prête à partir... mais un détail me perturbe.

— Attends, pourquoi tu prends Catherine avec toi ?

Il me regarde comme si je venais de poser la question la plus stupide du siècle.

— Tu préfères qu'elle reste seule dans la voiture ?

— Non, bien sûr que non ! répliquai-je aussitôt, piquée au vif. Mais je n'aime pas l'idée qu'elle soit à découvert. Déjà que t'es populaire, les filles voudront la toucher en la voyant avec toi.

À ces mots, il éclate de rire. Un vrai rire. Je cligne des yeux, un peu désorientée.

— Je vois que maman chaton est possessive, lâche-t-il, secouant la tête d'un air amusé. Personne ne doit approcher son bébé, hein ?

Je croise les bras, adoptant mon air le plus sévère.

— Exactement.

Mais mon sérieux vole en éclats quand un sourire vient trahir mon masque impassible.

À cet instant, une voix familière retentit derrière moi.

— Hé, Tyler !

Je me retourne et aperçois Maxence devant l'entrée du bâtiment, une balle de basket dans une main, l'autre faisant de grands signes.

Oh, joie.

— Je vois que l'imbécile t'appelle, dis-je, levant les yeux au ciel.

Tyler tourne la tête vers Maxence, puis vers moi. Un silence étrange s'installe.

Quelque chose dans son regard me frappe. Un éclair de quelque chose d'indéfinissable, furtif, mais suffisant pour réveiller un pincement de culpabilité.