If you knew (PAUSE & REECRITURE)

Chapitre 6

✦ ＣＨＡＰＩＴＲＥ ４６ ✦

Partie II – Chapitre Sixième
« Retournement de situation »

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⚠️ Avertissement de contenu :

Ce chapitre contient des descriptions relatives aux troubles alimentaires, à la violence, aux comportements destructeurs et à des situations émotionnellement difficiles. Ces éléments sont inclus à des fins narratives uniquement et ne reflètent en aucun cas une approbation de ces actes.

Si vous êtes sensible à ces thèmes, je vous recommandons de sauter ce chapitre.

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Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis restée allongée sur le côté, emmitouflée sous ma couette, les yeux rivés sur l'écran allumé de mon téléphone. Ceux noms s'affichent, les mêmes que Cassie a débloqués avant de partir.

Mes doigts glissent machinalement sur la vitre, sans oser toucher l'un ou l'autre contact. Je me demande ce que je pourrais bien leur écrire. Par où commencer. Par qui finir. De toute façon, c'est moi qui les ai bloqués en premier.

Le temps passe, lentement, puis plus du tout. Je ne sais même plus depuis combien d'heures je suis là, à ressasser les mêmes phrases que je n'écrirai jamais.

À leurs yeux, je passerai pour quoi ?

Une fille indécise ? Une allumeuse ? Une idiote qui regrette trop tard ?

Un soupir m'échappe, long et sans forme. Je finis par me lever, les jambes lourdes et engourdies. Mes épaules craquent quand je m'étire. Bientôt doit sûrement tomber la nuit, mais j'ai perdu la notion du temps. Je crois avoir entendu Luna rentrer tout à l'heure.

En parlant d'elle, James m'a appelée juste après le départ de Cassie. Il voulait savoir si tout allait bien à la maison. J'aurais voulu lui répondre « oui », mais les mots sont restés coincés. Parce que  non, rien ne va. La maison est silencieuse, presque trop. Tout est rangé, mais rien n'a été fait. Ni elle ni moi n'avons touché au ménage depuis des jours. On vit côte à côte, sans se croiser.

Deux fantômes dans deux chambres séparées.

Je finis par prendre une grande inspiration. C'est ma sœur, bon sang. Pas une étrangère. Je ne vais pas me torturer pour lui parler.

Alors je me lance, traverse le couloir, et sans réfléchir, j'ouvre sa porte d'un geste vif, presque joyeux.

Mais le sourire me meurt sur les lèvres aussitôt.

La pièce est un désastre : le lit croule sous les vêtements entassés à la va-vite, un amas de tissus froissés et de sacs ouverts. Le sol est jonché de miettes, de sachets de chips vides, de magazines tordus. Sur le bureau, les produits de maquillage s'empilent, renversés, comme si une tempête avait traversé la pièce. L'odeur de parfum mêlée à celle du plastique et de la poussière me pique le nez.

Mais ce n'est pas le désordre qui me glace.

C'est elle.

C'est Luna.

De dos, debout devant le miroir, un pull léger en laine entre les mains, comme si elle venait de l'enlever. Son corps me paraît... différent. Trop maigre, pour le dire en clair. Son dos creusé, ses omoplates dessinant deux ombres nettes sous la peau. Ses bras, fins trahissent une faiblesse que je ne lui connaissais pas.

Elle sursaute en m'entendant. D'un réflexe paniqué, elle plaque le pull contre sa poitrine, comme pour se couvrir.

Mais c'est trop tard.