If you knew (PAUSE & REECRITURE)

Chapitre 39

ＩＮＤÉＣＩＳＥ

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Allongée dans la neige, je fixe le ciel sans vraiment le voir, les flocons fondant sur ma peau glacée. Je devrais frissonner, mais je ne ressens rien. Rien d'autre qu'un vide abyssal qui m'engloutit lentement. J'essaie mollement de bouger les bras, de tracer un ange de neige, mais chaque mouvement est un effort, une lutte contre l'inertie qui m'écrase. À quoi bon ? Plus rien n'a de sens.

Ma vie... elle est redevenue ce qu'elle était avant Tyler, avant que Maxence ne revienne bouleverser mon équilibre déjà fragile. Mais en réalité, cette ancienne version de moi n'avait jamais été complète. Maintenant, je le réalise pleinement. J'ai toujours été seule, même entourée de Cassie, de Luna, des autres. Comme une coquille vide qui se fond dans le décor. Personne ne voit ce vide en moi. Personne ne le comble.

Un bruit de pas dans la neige me tire vaguement de ma torpeur. Andrew passe à côté de moi, son ombre se découpant sur le ciel gris. Son regard inquiet glisse sur mon corps étendu.

— T'es censée te préparer pour le marché du Nouvel An, non ? demande-t-il, un sourcil levé.

C'est déjà le Nouvel An ? Combien de jours ont passé ?

Je laisse un silence s'installer avant de répondre d'une voix traînante :

— J'suis déjà habillée, non ?

Mes yeux restent rivés au ciel, fuyant son regard.

Il s'arrête, m'observe un instant. Je devine qu'il cherche ses mots.

— T'es sûre que ça va, Lysie ? T'as l'air-

— Bizarre ? l'interromps-je, une pointe d'agacement masquant à peine la lassitude.

— Non... Juste...

Il soupire, puis abandonne.

— Laisse tomber. Je vais me préparer, moi.

Il disparaît à l'intérieur, et dès que la porte claque derrière lui, je ferme les yeux. Je voudrais disparaître. M'enfoncer dans la neige, m'y dissoudre, ne plus avoir à ressentir ce poids insoutenable sur ma poitrine.

Je glisse une main tremblante dans ma poche et en sors mes écouteurs, ces compagnons d'isolement que je n'avais pas utilisés depuis des lustres. Je les enfonce dans mes oreilles, et la mélodie déchirante de Another Love de Tom Odell envahit mon esprit. Les notes résonnent en moi comme un écho de mon propre mal-être. Les paroles s'accrochent à mon âme fatiguée, amplifiant la douleur que j'essaie d'ignorer.

Après un moment, je me redresse péniblement, sentant l'humidité de la neige s'infiltrer dans mes vêtements. Je rentre dans la maison, monte dans ma chambre, et me change machinalement. Jean flared. Haut à manches longues. Pull épais. Bonnet. Écharpe. Gants. Des gestes automatiques, vides de sens.

Mais alors que je mets mes gants, un souvenir me frappe de plein fouet. Tyler déteste en porter. Peut-être que ça l'empêche de sentir le monde autour de lui.

Maxence, lui, ne met jamais de bonnet, prétendant que ça ruinait son style.

Des détails insignifiants. Complètement ridicules. Pourtant, ils me poignardent le cœur. Pourquoi sont-ils toujours là, hantant mes pensées ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à les effacer ?

Je serre les poings, les ongles s'enfonçant dans ma paume, comme si la douleur physique pouvait chasser celle qui me ronge de l'intérieur.

La porte de ma chambre s'ouvre brusquement.