Je suis un homme perdu.
J'ai désormais 24 ans et découvre la vie active. 24 ans passés, dont 21 à l'école. 24 années d'écoulées... 21 ans d'études, un Master en droit des affaires et me voilà avocat. J'ai effectué ma prestation de serment il y a quelques semaines et depuis, j'ai de nombreuses affaires à traiter.
Qu'elle est monotone cette vie...Quand j'allais à l'école je me disais intérieurement et chaleureusement : « vivement la fin ». J'en ai maintenant fini, mais je n'en finis plus de me dire « ramenez-y moi... »
Je me lève tant bien que mal, me douche, prends une collation si le temps me le permet, me plonge dans les dossiers d'autres personnes, à la limite de l'incompréhensible. Je me le demande, suis-je vraiment avocat ou un simple assistant juridique ?
*La sonnerie du métro qui prévient que les portes se ferment me sort de mes pensées les plus profondes*Et merde... J'ai raté mon arrêt, je n'ai plus qu'à attendre le prochain pour faire demi-tour. Encore du temps de perdu...
En rentrant chez moi, personne à qui dire bonjour. Je jette un oeil à la vaisselle puis le détourne aussitôt. Je la ferai demain, je n'ai pas faim de toute façon. Mon regard se porte sur mon sac de sport, fermé depuis maintenant plusieurs semaines. J'irai plus tard, je n'ai pas la tête à ça aujourd'hui. Alors j'ouvre la télé, mets Netflix et parcours le catalogue. Que vais-je bien pouvoir mettre ? Rien ne me donne envie. Autant aller se coucher.
Le lendemain à sept heures pétantes. *le réveil sonne*
Sept heures... Je me suis couché hier à vingt heures. Le trop plein de sommeil me plonge dans une sensation de profonde fatigue. C'est comme si le monde est contre moi. Je me rends compte que j'ai repoussé deux fois l'heure de mon réveil. Putain mais quel con... Même pas le temps de me doucher. J'attrape mon pantalon, ma chemise blanche, ma veste de costume et mets ma cravate avant d'enfiler mes chaussures parfaitement cirées. Qu'elle est trompeuse cette apparence... Je m'empresse d'attraper les clés de ma voiture, si j'y vais en métro, c'est le retard assuré.
15 minutes plus tard j'arrive devant le parking du cabinet, qui est inhabituellement vide. J'aperçois dans les vitres qui reflètent les rayons du soleil un grand gaillard d'environ 1 bon mètre 90, un costume bleu foncé parfaitement taillé, les cheveux qui flottent au vent, le regard froid et la barbe mal taillée, c'était mon reflet.
Je me presse d'entrer dans le cabinet et salue la secrétaire. Elle me lance un grand sourire et me répond gaiement. Je marche jusqu'à mon bureau, peut-être bien même que je titube puisque je n'ai qu'une seule envie, c'est celle de m'affaler. J'y arrive tant bien que mal et me prépare à me replonger dans les dossiers de la veille.
Une voix grave se fait entendre de l'autre bout de l'open space et m'interpelle, c'est celle de Maître Bernard, Victor comme nous l'appelons au cabinet. Il a l'air énervé, mais ce n'est pas surprenant, son aigreur ferait fuir n'importe qui ne le connaîtrait pas.La secrétaire s'élance à son secours d'un pas effréné. Elle manque même de tomber, se tordant presque la cheville haute d'au moins 10 centimètres dans ses talons aiguilles. Marie... Toujours là dès que Victor gueule. Je pense qu'il se passe des choses extraprofessionnelles entre ces deux-là, mais enfin bon, ce n'est pas vraiment mon problème.
Quelques minutes plus tard, elle revient. Mais au lieu de regagner tranquillement l'accueil comme elle le fait habituellement, elle a l'air de se diriger vers moi. J'ai du travail moi, qu'est-ce qu'elle peut bien me vouloir...
- Louis, tu peux arrêter ce que tu es en train de faire, ton premier dossier est là, me dit-elle en me tendant un amas de documents. Le dossier était destiné à Victor mais il est surbooké, alors tu en hérites. Il m'a demandé de te dire de te concentrer uniquement et complètement sur ce dossier, il est très complexe et c'est un gros client alors tu ne peux pas te permettre de traiter d'autres choses à côté.
Je ne sais pas trop quoi dire, alors je souris simplement et attrape le dossier qu'elle me tend toujours. En voulant le ramener vers moi, je sens qu'elle le tire vers elle. Elle s'approche de moi et me murmure à l'oreille :- Ton premier rendez-vous avec le client est à 9 heures 30.
Je regarde ma montre, il est déjà 9 heures 25. Je ne suis pas présentable, je ne suis pas rasé, pas douché... Mais l'important est de rester professionnel en toutes circonstances. Alors j'arbore mon meilleur faux sourire, ma meilleure voix, et dis « merci » avant d'attraper les documents.
Je m'empresse d'aller aux toilettes pour me passer de l'eau sur le visage. Je me dirige ensuite vers les salles de rendez-vous, totalement opaques et insonorisées pour respecter le secret professionnel.J'ouvre la première porte et distingue une femme blonde, environ le mètre 70, la taille fine, les fesses dessinées, le regard tombeur, des yeux bleus aussi clairs que la mer qui borde le sable fin des Maldives.
- Oups, désolé, je lui lance instinctivement avant de fermer doucement la porte.
- Maître Bernard ? Demande-t-elle.
- Non, moi c'est Maître Martinez, désolé et bonne journée.Je ferme cette fois-ci totalement la porte et me dirige vers l'autre salle de rendez-vous. Mais sur le chemin je fais un constat accablant. Maître Bernard... Surbooké... Tu reprends le dossier... Merde, c'est ma cliente...
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Mienne
General FictionLouis est en apparence un avocat novice, à la vie monotone et inintéressante. D'abord au service des avocats plus expérimentés, un dossier très important va lui être confié. Sa première cliente, Louisa, va bouleverser sa façon de vivre en lui faisa...