C'est vrai qu'on ne connaît pas grand chose de l'autre. J'aurais préféré aborder tout ça autour d'un verre mais je t'avoue que je suis impatiente de tout savoir de toi. Alors je vais te dévoiler quelques généralités sur moi, mais si tu as d'autres questions, n'hésite surtout pas à me les poser et j'y répondrai avec plaisir. Déjà, j'avais totalement oublié que tu ne le savais pas puisque tu n'es jamais venu chez moi, mais j'habite à seulement quelques rues de la tienne. Sinon, j'ai récemment eu 26 ans, je pense que je suis un peu plus jeune que toi. Je peux aussi te dire que je fais du volley-ball en club, je suis une coureuse du dimanche et j'adore les films ! (mais ça, tu le sais déjà). Pour ce qui est de ma famille, une partie vit en Pologne, d'où je suis originaire, et l'autre vit en Lorraine.
Ah ! Une volleyeuse, c'est donc de là que vient la proéminence de ses fesses. Elle est une femme si callipyge. Je m'imagine déjà aller voir ses matchs et pouvoir la regarder en tenue de sport, dans son short qui lui colle aux cuisses, avec ses cheveux attachés et son cul qui rebondit à chaque fois qu'elle atterrit.
Désormais, c'est à moi de lui répondre. En toute honnêteté, je pense que je vais mentir sur quelques points pour ne pas la faire fuir immédiatement.
Tu me montreras où tu habites ! Je suis moi aussi un coureur du dimanche, que dis-tu d'y aller ce dimanche justement ? En ce qui me concerne, tu te trompes totalement, j'ai 24 ans, tu es donc plus vieille ! Et tu as osé sous-entendre que j'étais plus âgé que toi, quelle maladresse... Qu'est-ce qui t'as fait dire ça ? Les rides haha ? Je suis également sportif mais n'ai pas de sport de prédilection. Pour ce qui est de ma famille, la totalité se trouve en Corse, à Bonifacio (d'où la tête de Maure sur ma poitrine haha). Concernant mes passions, outre les films, je peux également t'annoncer que je suis passionné d'affaires criminelles.
Il est vrai que tout ce qui tourne autour du crime m'attire énormément. Tous mes films de box-office favoris tournent autour de sujet. On peut par exemple citer Seven de David Fincher, Mystic River de Clint Eastwood ou encore Prisoners de Denis Villeneuve.
Louisa me répond dans la minute, ce qui prouve qu'elle prend plaisir à échanger avec moi, j'en suis d'ailleurs très flatté.
Va pour dimanche ! Et Bonifacio ! Tu m'y emmèneras, pas vrai ? J'ai toujours rêvé de voyager, mais n'ai jamais osé partir loin de chez moi seule. J'adore également les affaires criminelles ! Je regarde souvent des vidéos en rapport avec ça, d'ailleurs j'ai récemment regardé un film sur Ted Bundy.
Elle n'a donc jamais voyagé ? Parce qu'elle était seule ? Mais n'a-t-elle donc jamais eu de petit-ami ? Qu'en est-il de ses copines ?
Tu dis n'avoir jamais osé partir seule. Mais tu n'as jamais quitté la France avec un ex-copain ou des amies à toi ?
Louisa est une femme magnifique, vraiment sublime. Elle me paraît inaccessible et lui parler est déjà une chance en soit. Je l'imaginais très sociable, avec un florilège d'ex-copains et avec une cour d'hommes affamés à ses pieds.
Tu sais, je n'ai jamais eu de « copain », comme tu dis. Et pour ce qui est de mes amies, je n'en ai pas beaucoup, peut-être une ou deux vraies amies. Mais elles sont en couple et je ne me vois pas tenir la chandelle pendant plusieurs semaines.
En fait, elle se révèle être mon moi féminin. Elle est tout aussi seule que je le suis. Je ne saisis pas comment une telle chose est possible. Mais cette conversation m'a fait réaliser que je ne dois rien calculer avec elle, je dois tout faire naturellement. Si elle m'approche, c'est que je lui conviens tel que je suis, et puisque je semble être un des seuls hommes auquel elle s'est intéressée, autant rester moi-même.
Je suis d'habitude si introverti, jusqu'à décaler des soirées avec des amis pour pouvoir rester seul. J'adore la solitude, je m'y sens comblé, comme s'il n'y avait qu'elle qui pouvait me comprendre. C'est la première fois que ma solitude, ma meilleure amie, se fait détrôner par quelqu'un.
Quelle heure est-il ? 17 heures maintenant. Si je veux la voir ce soir, il faut que je lui demande maintenant, elle risque de prévoir d'autres plans autrement.
Louisa, j'adorerais vraiment que tu viennes ce soir. J'ai finalement pris de l'avance et j'aurai fini bien plus tôt que ce que j'avais prévu.
Heureusement que je suis encore assez lucide pour m'être rappelé que je lui avais annoncé que je n'étais pas disponible ce soir. C'était sûrement une crise passagère de nécessité de solitude, à la manière d'un anachorète.
Une chose est certaine, c'est que peu importe sa réponse, j'ai assez travaillé pour aujourd'hui, il est temps de rentrer. Si elle répond positivement alors j'irai avec grand plaisir. Si elle n'est plus disponible, ça sera de ma faute et dans ce cas je pense courir quelques kilomètres.
Je reprends la voiture et prends la direction du magasin de sport. Par la simple pensée d'aller courir, j'ai eu envie d'acquérir de nouvelles baskets de running. Suis-je un simple sujet de cette société de consommation composée d'acheteurs compulsifs ou suis-je trop impulsif ? Peu importe, je les achèterai quoiqu'il se passe.
En pénétrant dans le magasin, les portes automatiques s'ouvrent et je ressens un courant d'air chaud parcourir mon corps, c'est le chauffage qui surplombe l'entrée. Je connais le chemin pour aller jusqu'au rayon running : les rayons randonnée, pêche, sports de combat puis équitation.
Je déambule donc dans ces larges couloirs jonchés de toute part d'articles qui me sont parfaitement inutiles. Pourtant, c'est plus fort que moi, je suis obligé de jeter des coups d'oeil incessants en direction des étalages.
Après avoir réussi à m'extirper des trois premiers rayons sans trop m'attarder, c'est au tour du coin équitation d'être franchi. Mon regard commence alors à bloquer sur une cravache. Je me stoppe net et tombe dans de profondes fabulations. Je m'imagine déjà l'utiliser sur Louisa.
Maintenant que je l'ai en vue, impossible de m'en défaire, je vais la prendre. Mais dans ce cas je ne peux pas acheter des chaussures de course en même temps, ce sont deux choses si opposées, on pourrait alors peut-être deviner mes intentions.
Je ne suis pas prêt à avoir ce regard public sur mon nouveau rôle et je pense que je fabule, j'ai l'impression que tout le monde pourrait deviner ce que je projette de faire avec cette cravache.En caisse, je tente inutilement un tour de main en demandant à la caissière de bien vouloir m'emballer cette cravache en la présentant comme un présent pour ma fille, fan d'équitation. Plus j'y repense et plus je peste contre moi. Comment bon Dieu une cravache peut-elle être un cadeau qui fait rêver une petite fille.
À peine dehors, loin des brouilleurs, le réseau revient et mon vibreur m'indique que Louisa m'a répondu.
Vous n'avez qu'à venir puisque vous vouliez voir où j'habite. Venez 471 Avenue des mésanges et dîtes au réceptionniste que vous venez pour Mme Decherf, je l'ai mis au courant. Dîtes-moi simplement quand vous arrivez, je vous attends avec impatience.
Il ne fallait pas me dire ça deux fois, je brûle d'envie d'être avec elle, la dominer, puis la chouchouter après la séance. Je suis tout excité par le nouvel outil à ma disposition. Cap chez Louisa, et le plus vite possible.
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Mienne
General FictionLouis est en apparence un avocat novice, à la vie monotone et inintéressante. D'abord au service des avocats plus expérimentés, un dossier très important va lui être confié. Sa première cliente, Louisa, va bouleverser sa façon de vivre en lui faisa...