Chapitre 10

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Étant quelque peu psychorigide et ne connaissant pas le coin du quartier où habite Louisa, je préfère me garer devant chez moi et y aller à pied. Mon application « Plan » m'indique qu'elle ne réside qu'à 700 mètres.

Je débute mon trajet vers chez elle en transportant son cadeau comme si je tenais un sac de sport. Je ne dois vraiment avoir aucune allure, mais peu importe, j'ai appris il y a bien longtemps à ne pas me soucier du regard des gens.

J'arrive enfin devant la résidence de Louisa. Sa rue est si proche de la mienne et pourtant si différente. On dirait un tout autre quartier, l'allée n'est composée que de gigantesques et superbes immeubles haussmanniens. Je tourne sur moi-même en cherchant le numéro 471... Il est là ! Ce côté là de sa rue est très court, son immeuble est en réalité au carrefour de quatre avenues bien plus grandes. Je devine alors qu'au milieu de celui-ci doit se trouver une énorme cour, mais je n'en ai pas encore le coeur net.

Mes pieds quittent le bitume du trottoir pour se poser sur les pavés de la route et la traverser jusqu'à atteindre l'asphalte de l'autre côté. Me voici désormais devant la gigantesque entrée de l'immeuble. Ici, pas de porte en bois ancien mais d'énormes grilles noires parsemées de dorures.

Un vieil homme apercevant que je scrutais ce qui se trouvait derrière le portail s'approche de moi.

- Puis-je vous aider ?

Surpris par sa manière directe d'aborder, sans aucune bonne manière, je recule d'un pas. Pour qui me prend-il ce portier suranné ? Ai-je vraiment l'allure d'un squatteur ou d'un cambrioleur ?

- Je suis attendu par Madame Decherf.

Alors que je viens tout juste de lui répondre d'une manière encore plus froide que celle avec laquelle il a entrepris la discussion, son visage s'illumine et on dirait presque qu'il est gentil, serviable. Il tourne une clé archaïque dans la serrure de la grille et l'ouvre vers lui.

- Bienvenue, Monsieur Martinez, entrez donc.

Sa bipolarité me déstabilise totalement. Un homme d'environ ma taille mais bien plus trapu s'approche de nous à son tour. Il est en costume, a des lunettes de soleil et une oreillette. Aucun doute, c'est un agent de sécurité.

- Bonjour Monsieur, pouvez-vous me dire ce qui se cache derrière votre papier cadeau ?

Oh non... Pas ça... S'il vous plaît. Pourquoi faut-il toujours que les plus grosses galères tombent sur moi. Je tente une mascarade au cas où il me croirait sur parole.

- C'est une bouteille de vin rouge, un grand cru, Château Latour, lui dis-je assurément.

- Un grand cru dans un papier cadeau, vraiment ? Me rétorque-t-il en fronçant les sourcils.

Après réflexion, il est vrai que ce n'était pas la meilleure des diversions.

- Mais enfin Vlad, ce Monsieur est un invité de Madame Decherf, laissez-le donc tranquille, s'exclame le vieux.

L'agent semble obéir au gardien et s'éloigne de nous pour rejoindre son poste de contrôle. Oh putain... Heureusement que l'octogénaire était là.

Je prends le temps de le remercier avec un sourire cauteleux et lui demande furtivement où se situe l'appartement de Louisa. Il m'indique qu'elle occupe le bâtiment D.

Je poursuis alors mon chemin et envoie un message à Louisa lui signalant que c'est une question de minutes avant que je n'arrive.

En relevant la tête, je me rends compte être en train de franchir le pas du porche. D'immenses jardins apparaissent. Le gazon est parfaitement tondu, les haies parfaitement taillées et les façades parfaitement sculptées. On se croirait dans les jardins d'un château.

Je me demande comment Louisa a pu paraître ébahie devant la petite cour de mon immeuble tellement elle est pitoyable comparée aux jardins bordant son habitation.

MienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant