Chapitre 8

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En bon avocat, je suis bien placé pour savoir que le consentement est primordial. Il l'est dans toute relation, mais il doit être encore plus respecté dans une relation de subordination. En effet, si on prend l'exemple du bondage, la soumise peut être amenée à être entravée, voire même parfois bâillonnée. Ainsi, il est important de définir comment le consentement peut être mis en oeuvre dans de telles conditions.

Déjà, le consentement est fondamental d'un point de vue moral. Toute personne sensée doit respecter l'accord d'autrui, on nous l'enseigne depuis notre plus tendre enfance. Le non-respect du consentement peut causer des traumatismes.


D'un autre côté, le consentement est capital d'un point de vue pénal. Je veux tout faire pour ne pas être accusé à tort de l'avoir forcée à quoi que ce soit. Peut-être que je psychote, mais c'est sûrement mon côté avocat qui ressort.

De ce fait, je passe un peu plus d'une heure à rédiger un contrat d'appartenance en bonne et due forme.



CONTRAT D'APPARTENANCE

Ce contrat est un contrat consensuel par lequel Mr. Louis Martinez, le maître, et Mme. Louisa Decherf, la soumise, s'obligent réciproquement aux différentes dispositions suivantes.

Les deux parties reconnaissent être majeures et toutes deux sains de corps et d'esprit.

Obligations de la soumise :

Article 1er : La soumise doit respect et obéissance envers son Maître. Ceux-ci se matérialisent par le vouvoiement et l'emploi du terme « Maître ».

Article 2 : La soumise donne l'intégralité de son corps et son esprit à son Maître.

Article 3 : La soumise accepte d'obéir à tous les ordres de son Maître. Ainsi, elle accepte également tout acte et toute pratique sexuelle avec lui.

Article 4 : La soumise accepte d'être entravée, attachée et humiliée.

Obligations du Maître :

Article 5 : Le Maître doit prendre soin de sa soumise et de son corps.

Article 6 : Le Maître s'engage à se conformer à la discrétion et la confidentialité quant à la relation et à respecter la vie privée de la soumise.

Mise en oeuvre des obligations :

Article 7 : Ces dispositions ne sont applicables qu'au cours des séances de domination. Le Maître se réserve le droit de choisir les entrevues entre sa soumise et lui.

Article 8 : Dans un souci de respect du consensualisme, plusieurs obligations doivent être respectées :

Premièrement, la soumise peut instantanément mettre fin à toute séance par l'utilisation du safe-word suivant : Macambo. Ainsi, chaque séance sera enregistrée sonorement pour permettre la formalisation de la preuve de l'utilisation du safe-word par la soumise.

Deuxièmement, lorsque la soumise sera bâillonnée, elle disposera d'un objet sonore dans la main. La pression de cet objet provoque un son qui remplacera le safe-word.

Article 9 : Si des séances viennent à être filmées, le Maître doit les conserver sur une clé USB strictement confidentielle.

Article 10 : Dans le cas de l'intervention d'un tiers, celui-ci devra signer un avenant à ce présent contrat dans lequel il s'engage à respecter toutes ses dispositions.

Article 11 : Le rythme de la relation dominant/soumise peut être à tout moment être augmenté ou diminué par avenant qui modifiera l'article 7 du contrat.

Rupture du contrat :

Article 12 : Toute partie peut rompre le contrat à n'importe quel moment de la relation sans qu'elle n'ait à rechercher la volonté de l'autre partie.

Article 13 : Toute partie qui enfreint une des règles du présent contrat engage sa responsabilité contractuelle.



J'ai peur d'avoir oublié quelque chose, mais je ne pense pas. De toute façon, il n'est pas encore signé. Je le mets alors en PDF, le transmets sur mon téléphone et l'envoie à Louisa.

Voici ce que j'ai préparé durant ces dernières heures. Si tu souhaites ajouter quelque chose, je t'en prie !

J'espère qu'elle ne va pas me prendre pour un fou. Après tout elle n'y connaît pas grand chose puisque c'était sa première fois. Il est également probable qu'elle ne veuille pas s'engager sur la durée.

Je me replonge désormais dans les dossiers. J'ai la faculté de pouvoir m'immiscer très aisément dans plusieurs sujets totalement éloignés dans un instant très rapproché. Son dossier se rapproche très fortement du sujet du mémoire que j'ai soutenu il n'y a que quelques mois. C'est encore tout frais dans ma tête et je suis très inspiré.

Il y a un seul problème et il est de taille, c'est que j'y vois une énorme faille. Toutes les stratégies ont une chance d'aboutir mais uniquement si l'avocat de la partie adverse ne soulève pas un point bien précis du dossier. Le souci c'est que l'adversaire au procès de la société dont Louisa est la liquidatrice est un terrible syndicat qui vient au droit de salariés licenciés.

Ce syndicat est très puissant, pour ne pas dire le plus grand de France. Dès lors, je sais pertinemment que son capital économique lui permettra d'engager un des meilleurs avocats français dans la matière sociale et qu'il est totalement impossible qu'il passe à côté d'un aussi gros détail.

Donc pour faire clair, je n'ai aucune chance de gagner, sauf si je réussis à contre-parer son argument. La réponse est toute trouvée. Cependant, elle va à l'encontre de la jurisprudence actuelle. Je vais donc devoir me forger un argumentaire solide pour forcer les juges à aller contre leur position habituelle et je sais d'ores-et-déjà que j'irai devant la juridiction suprême : la Cour de cassation.

Pour faire simple, le procès va se dérouler en première instance devant le tribunal judiciaire. Peu importe qui gagnera, la partie lésée va interjeter appel devant une cour d'appel. Si c'est moi qui gagne, l'avocat adverse va forcément vouloir faire appliquer la règle en vigueur et donc contester le jugement. Si je perds, je contesterai également, mon objectif étant de gagner mon procès, quitte à aller le plus haut possible. La même chose se déroulera en cour d'appel et le perdant formera un pourvoi en cassation. La Cour de cassation sera alors amenée à statuer sur la position de la cour d'appel. C'est en ce lieu que je devrais tout donner, je le sais déjà.

Après avoir mis mon plan en place et commencé à préparer ma défense, je prends le luxe de m'accorder une pause.

Instinctivement, la première chose qui me vient à l'esprit est tout naturellement de vérifier si Louisa m'a répondu. Et oui !

Je te transmets le PDF avec un superbe autographe (PS : j'aime beaucoup le nom du safe-word).

Je clique donc sur le document qu'elle m'a retourné. Il est identique à celui qui je lui ai fait parvenir, à un détail près, sa signature est bien présente.

On peut maintenant officiellement dire que tu es mienne.

Je me surprends à sourire bêtement. Je pense que je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie, c'est dire tout l'effet qu'elle a sur moi. Mais je me rends également compte que je ne la connais pas tant que ça. Je sais les éléments les plus intimes d'elle, mais je n'ai pas connaissance de détails typiquement banals comme son âge, où elle habite, etc...

Louisa, j'ai envie d'en savoir plus sur toi, et maintenant. 

MienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant