Chapitre 28

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Je reste éberlué devant cette scène. Malgré tout, ça ne me fait pas particulièrement mal au coeur d'avoir eu à annoncer une telle nouvelle. Après tout, j'ai le droit au bonheur, le droit d'écrire ma propre histoire, et personne n'a le droit d'y interférer.

Cependant, je suis sérieusement tracassé. Elle a appelé Océane, « salope ». Mais je lui ai promis qu'elle serait ma stagiaire pour pouvoir valider son année. Dès lors, ces deux-là vont être amenées, tout au moins à se croiser, et dès demain. Je redoute déjà la tension qui régnera dans nos rangs.

Mais surtout, une inquiétude grandissante fait surface. Comment pourrais-je être certain que Louisa ne dévoile pas notre courte histoire à Océane ? Elle a toutes les preuves : les messages, les stigmates sur son corps, et même le témoignage de Flavie à l'appui.

Vivement que cette affaire soit terminée, que je puisse définitivement tourner la page.

Toujours est-il que pour ce soir, je suis seul. Personne n'est là pour me conseiller sur les derniers préparatifs de ma plaidoirie. Le stress monte encore d'un cran.

Après une profonde relecture de tout le dossier et la revue de la stratégie, j'aimerais connaître l'heure qu'il est, mais... problème, l'horloge est défectueuse. Je sors donc de la salle, puis m'en vais regarder l'heure indiquée sur l'ordinateur de mon bureau personnel.

1 heure 36 ! Ça fait plus de cinq heures que je suis plongé là-dedans, cela ne m'étonne pas que je sois mort de fatigue.

Je me torture l'esprit un moment. Est-ce que je rentre ? Ou est-ce que je dors ici ? Le temps de rentrer, ça me fera me coucher encore plus tard...

C'est décidé, je vais dormir ici, dans la salle de réunion.

Les coussins apposés sur chacun des sièges me serviront de matelas et ma veste d'oreiller.

Le lendemain, je suis réveillé en sursaut par quelque chose qui me touche. Instinctivement, je recule ridiculement de quelques mètres et monte ma garde. Puis je m'aperçois niaisement que ce n'était qu'Océane.

- Oh... Pardon chérie. Que fais-tu ici ?

- Tu ne me répondais pas hier soir, donc je suis passé chez toi, puis chez Luc. Comme tu n'y étais pas, j'ai légitimement pensé que tu serais là.

- Quelle heure est-il ?

- Justement, il est déjà bien tard, alors dépêche-toi d'aller te préparer et d'aller mettre le costume que je t'ai repassé hier soir !

- Oh ! Tu me sauves. On se rejoint au tribunal ?

- Oui.

Je me lève, range grossièrement le désordre que j'avais créé, embrasse Océane, puis me dépêche d'aller me préparer. Heureusement qu'elle était là, sinon j'aurais probablement raté l'audience.

D'ailleurs, cet évènement me conforte désormais totalement dans l'idée qu'Océane est la femme qu'il me faut. Alors que Louisa m'a totalement abandonné hier soir, Océane m'a épaulé sans que je ne lui demande.

La préparation fut rapide, mon costume ayant déjà été repassé et plié sur ma table, mes chaussures cirées, et n'ayant donc qu'à me laver et rapidement raser les quelques poils en trop.

Mes chaussures à peine lacées, il est déjà temps de partir. Arrivé au tribunal, tout le monde est déjà là. Océane m'attend en bas des escaliers, aux côtés de Charlotte et Luc. Louisa, accompagnée de Flavie, a déjà pris place sur le banc de la défense. D'ailleurs, les avocats de la partie adverse sont déjà prêts eux aussi, tout comme le public.

Une nouvelle fois, du beau monde s'est déplacé, pour ce qui doit se terminer en nouvelle défaite, conformément au plan mis en place.

La première personne à parler lors d'un procès de ce type est le demandeur, soit l'avocat de la partie qui introduit l'action, encore autrement dit : mon adversaire. Cet homme sait dans quoi il s'engage. De plus, il a une posture et une aisance oratoire remarquable. Il va falloir que je fasse bien attention lors de l'ultime procès, devant la Cour de cassation. Il faudra que je me hausse à son niveau, pour que mes arguments ne perdent pas de leur valeur, ce qui ne sera pas chose aisée.

MienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant