Chapitre 22

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Océane me suit à travers les longs couloirs jonchés d'innombrables portes. Heureusement, chaque porte est décorée de son étiquette, qui précise ce qu'il se trouve derrière. En effet, l'immensité est telle que même moi, je pourrais m'y perdre.

Ma chambre, elle, est de suite reconnaissable. Alors que toutes les portes sont d'un blanc saillant, la mienne se distingue par son gris anthracite. Il faut dire que depuis très jeune, je déteste la clarté, et y préfère l'obscurité.

A peine à quelques mètres de la porte de ma chambre, se trouve l'entrée d'une autre. J'y rentre, actionne l'interrupteur et présente sa chambre à Océane.

Elle est plutôt simplette, mais c'est elle qui ne voulait pas trop grand. Au milieu du mur à l'opposé de l'entrée se trouve le lit, auquel fait face un grand écran plat. Puis dans le fond de la pièce se trouve un bureau sous une large fenêtre.

- Elle n'est pas trop spacieuse à ton goût ?

- Elle est parfaite, merci Louis.

Je laisse quelques secondes de flottement.

- D'ailleurs Océane, pour ton stage.

- Oui ?

- Ce n'est pas vrai ce que je t'ai dit, c'était simplement pour ne pas te mettre une pression folle devant tout le monde. Mais je peux faire mieux que ça pour t'aider.

- C'est-à-dire ?

- S'il te plaît, ne joue pas l'idiote.

Océane est toujours à l'affût, en train d'observer, d'analyser. En étant venue me voir à mon premier procès, elle sait très bien que je suis avocat dans sa spécialité.

- Je sais que tu es avocat en droit des affaires, mais ça ne se fait pas de te demander ça !

- Bien évidemment que ça se fait, sinon comment tu pourrais trouver ?

- Mais ce n'est pas pareil, je n'ai pas envie de profiter de ta bonté et de tes relations amicales avec Luc pour trouver un stage.

- Je ne te dis pas que tu aurais dû me le demander si directement, mais pourquoi ne pas m'en avoir parlé ? J'aurais pu avoir des contacts.

- Je n'avais pas envie d'être vue comme un boulet, surtout que c'était la première fois que je te voyais !

En prononçant cette dernière phrase, assise sur son lit, elle se tourne légèrement dans le sens opposé à moi et croise les bras. On dirait presque qu'elle boude, comme une enfant. Je trouve ça mignon et rigole. Elle se tourne alors de nouveau vers moi, en fronçant les sourcils. Je ne peux m'empêcher de rire encore plus fort.

- Si tu essayes de paraître énervée, tu joues très mal.

Elle devient toute rouge et rigole à son tour, en prenant son visage dans ses mains.

- Je suis désolée Louis, mais tu sais, je ne veux pas profiter des gens.

Je pose ma main sur son épaule pour lui communiquer ma sincérité.

- Ne t'en fais pas, je te crois. Mais maintenant je te le propose, si tu veux venir en stage avec moi, tu peux. 

- Alors... oui !

Je pensais lui accorder un délai de réflexion. Il faut dire que les étudiants hésitent souvent entre les cabinets d'avocat et les entreprises, selon le métier qu'ils envisagent. Océane s'étant initialement tournée vers le monde de l'entreprise, je suis plutôt étonné qu'elle se précipite dans mon cabinet. Toujours est-il que je lui ai laissé le choix, et qu'elle a accepté, ce qui est fait est fait.

- 4 mois alors ?

Je prends intérieurement une pause pour compter comme un enfant. Mai... Juin... Juillet... Août... et donc septembre puisque nous sommes déjà le 23 mai.

MienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant