Ce message donne une toute nouvelle tournure à ma journée. Alors qu'elle s'annonçait piètre et funeste, la voila relancée, illuminée. De plus, la mouture de son message n'a plus rien de professionnel, elle converse avec moi comme elle le ferait avec une personne proche.
Je range mon téléphone et pénètre dans les locaux du cabinet. Il faut que je me retienne de lui répondre maintenant, elle pourrait croire que je lui donne une importance démesurée. Peut-être bien que ce n'est pas si faux, mais il ne faut pas que je divulgue.
Enfin assis, je ne peux finalement pas résister.
Bien sûr que je veux te revoir ! Ce soir ça va être un petit peu compliqué étant donné que je vais rentrer tard du bureau, mais le plus tôt sera le mieux. Tu es d'accord ?
Je ne vais sûrement pas rentrer aussi tard que je ne le prétends mais je dois d'abord me documenter sur mon nouveau rôle avant de la revoir. Après la distribution du message, je repose mon téléphone et me demande ce que je vais faire en attendant le début de la réunion.
Travailler ? Surement pas. Je n'ai que le dossier de Louisa à bosser et je le connais déjà par coeur. J'y ai passé tellement de temps hier, peut-être même trop. Ma montre vibre, c'est signe d'un nouveau message : c'est déjà elle.
Mais oui ! Que dirais-tu de demain ?
Elle ne perd pas une seconde. Mais en même temps, une telle proposition est impossible à refuser, seul un fou pourrait le faire. Je suis heureux de ressentir chez elle la même hâte de nous revoir présente au fond de moi. Je ne vais pas faire durer le suspense en feintant de ne pas avoir vu le message.
Avec plaisir pour demain !
Demain ? Alors grâce à elle je sais quoi faire aujourd'hui : m'informer sur mon nouveau statut de dominant.
Je débute alors simplement par le sigle le plus célèbre et qui répertorie un grand nombre de pratiques jugées moins « classiques » : BDSM, qui signifie Bondage, Domination, Sadomasochisme.
Le bondage regroupe toutes sortes de jeux, positions ou encore contraintes dans lesquelles des personnes sont attachées. Ça ne me parle pas trop pour l'instant. J'essayerai bien entendu, mais en me contentant pour l'instant des très célèbres et populaires menottes. Pour user de la corde, il faut savoir y faire et je n'ai pas encore l'expérience requise.
Pour ce qui est de la domination, elle suppose un rapport de subordination, il doit y avoir à minima une personne dominante et une personne soumise. La personne soumise doit respect, obéissance et servitude à son dominant, sous réserve de ce qu'ils ont prévu entre eux, par exemple dans un contrat d'appartenance. Absolument tout doit être consenti, et pour plus de sécurité, un safe-word est obligatoire.Il faudra que je fasse de plus amples recherches cet après-midi concernant ce fameux contrat et le safe-word.
Quid du sadomasochisme ? De ce que j'ai compris, c'est une pratique qui consiste à obtenir du plaisir autour de la douleur et les humiliations. Tandis que la soumise aime à les recevoir, le dominant tire de la satisfaction à les accorder.
Pour la douleur, je ne sais pas ce qu'elle en pense, je lui demanderai plus tard. Mais pour ce qui est des humiliations, sur la papier, ça me plait bien.
J'ai passé les 15 dernières minutes qui précèdent la réunion à effectuer des recherches autour de cette notion, lire des témoignages de soumises et relever ce qui en ressort le plus souvent. Mais j'en retiens surtout une chose : les pratiques sont tellement diverses et variées qu'elles sont totalement personnelles. Aucune soumise n'est identique.
Dès lors, il n'y a qu'un seul moyen de connaître ce qu'elle aime : lui demander.
J'espère qu'hier tu as aimé ce que nous avons fait.Assez direct comme message mais il faut que je paraisse sûr de moi. La confiance en soi propulse un aura et un charisme qui aident à paraitre plus « dominant » que la normale.
J'ai beaucoup aimé. C'est la première fois que je mets en oeuvre ce fantasme d'être soumise. Merci beaucoup.
C'est donc la première fois qu'elle le fait. Ça me rassure plus qu'autre chose puisque ça implique qu'elle a découvert cette part d'elle simultanément à moi, elle n'a pas pu être déçue en comparant ce que nous avons réalisé avec une expérience d'antan. Alors autant être honnête et lui avouer que je suis également novice dans ce domaine :
C'était la première fois pour moi également. Pour être honnête, je ne connaissais même pas l'existence de ces pratiques avant que tu me parles de tes livres et films. Mais j'ai adoré et j'ai même procédé à quelques recherches en complément. Au cours de celles-ci, j'ai pu remarquer qu'il y avait énormément de pratiques. Y en a-t-il que tu voudrais précisément que l'on explore ?
Mon message à peine envoyé, une voix stridente me sort de mon rêve éveillé. C'est Marie, le début de la réunion est imminent. Elle a lieu dans la salle de réunion, aux alentours d'une table ovale autour de laquelle sont disposées 15 chaises, dont 5 sont inoccupées.
Nous sommes en effet 10 dans la boîte. Il y a d'abord les deux associés originels du cabinet : Victor Bernard et Eric Lameau. À leurs côtés se trouvent deux autres avocats, qui les ont rejoint il y a maintenant plusieurs années : Lucas Brifo et Amélie Kreps. Chacun d'eux à une assistance juridique (un poste au nom qui sonne plutôt bien pour dans les faits n'exercer que des tâches de secrétariat). Puis pour finir l'équipe, il y a Marie, la secrétaire de l'accueil, et moi, Louis Martinez, le petit nouveau.La réunion fait intervenir un salarié externe qui donne des formations. Aujourd'hui, c'est rappel de la déontologie de l'avocat, un blabla sans réelle plus-value. L'intervenant nous rappelle bien sûr des dispositions relatives au secret professionnel ou encore au principe de confidentialité qui règne dans les différents échanges que nous entretenons. Puis vient la phase dans laquelle il nous met en garde contre les conflits d'intérêts. Il nous explique tout d'abord ce qu'est un tel conflit et sous quelles grandes formes il peut intervenir. Enfin, il nous rappelle que pour prévenir tout risque, il est vivement conseillé de mettre une stricte barrière entre les rapports personnels et professionnels.
Cela me fait vivement réagir. Louisa est ma cliente, donnée par le cabinet. N'ai-je pas enfreint les règles en ayant des relations intimes avec elle ?La réunion se termine et je peux désormais de nouveau sortir mon téléphone, jusqu'ici en « ne pas déranger ». Louisa m'avait répondu pendant le cours de l'intervention.
La seule chose dont j'ai envie c'est d'obéir, être totalement soumise. Nous conviendrons d'un safe-word et je te fais confiance sur ta faculté à t'arrêter si je suis amenée à l'utiliser. En attendant, fais ce que tu veux de moi. Je suis tienne.
Cela ne va pas pas énormément m'aiguiller sur mes recherches mais tant pis, je suis satisfais de sa réponse. Quoiqu'une petite imperfection me titille encore.
Commence par me respecter quand on aborde ce sujet. Et par où commence le respect, Louisa ?
Elle voit le message celui-ci à peine distribué, on dirait bien qu'elle l'attendait de pied ferme.
Pardon Maître, je suis votre.
C'est bien mieux, elle a compris sans plus ample précision de ma part sur la nature de son erreur. Je pense que l'on se comprend. Finalement, je me sens capable de construire quelque chose sans forcément rechercher incessamment des éléments sur le BDSM, mais plutôt en avançant naturellement, petit à petit.
C'est bien mieux. Tu es mienne, soumise.
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Mienne
General FictionLouis est en apparence un avocat novice, à la vie monotone et inintéressante. D'abord au service des avocats plus expérimentés, un dossier très important va lui être confié. Sa première cliente, Louisa, va bouleverser sa façon de vivre en lui faisa...