Mienne

Chapitre 15

Pendant que je lis le message et réfléchis aux possibilités qui nous sont offertes, l'échange est rompu, Louisa reste muette. La seule chose que je peux percevoir d'elle sont ses sanglots lointains et irréguliers. Elle se décide enfin à proposer quelque chose :

- Louis... il faut qu'on aille au commissariat.

En méditant sur cette hypothèse, je me rends compte qu'elle est strictement impossible.

- Non Louisa, on ne peut pas aller voir la police.

- Et pourquoi pas !?

- Tu sais très bien que si on le fait, tout le monde saura les relations qu'on a entretenues et risquera tous les deux de perdre notre job ! Et en plus de ça, ça risque de compromettre un procès déjà bien assez médiatique !

Elle reste silencieuse. Peut-être a-t-elle mal pris ma phrase. Peut-être pense-t-elle que son honneur passe après mon travail. Mais ce n'est pas ça que je voulais dire...

- Louisa... je t'en supplie, laisse moi régler ça tout seul. Et si ça ne fonctionne pas, alors à ce moment-là nous irons en parler aux autorités. D'accord ?

- D'accord...

- Je vais m'y atteler aujourd'hui, ne t'inquiète pas pour ça, je t'aime, et arrête de pleurer, ressaisis-toi.

- Merci beaucoup... je t'aime...

Je raccroche dans la foulée. Il faut que je me concentre profondément et que je trouve un plan infaillible. Pour cela, rien de mieux qu'une bonne douche chaude pour réfléchir. Rien ne sert d'agir dans la hâte, c'est ainsi que l'on fait les pires des erreurs.

Une idée me vient en tête. Une telle hypothèse ne me serait pas venue à l'esprit il y a encore quelques semaines, mais la confiance engrangée depuis que j'ai rencontré Louisa la rend désormais possible à mes yeux. J'ai bien remarqué le petit manège de Flavie avec moi, et je suis certain que je peux la séduire, pour ensuite la prendre à son propre jeu. Mais pour ça, il faut qu'elle pense que je ne suis pas au courant de son chantage envers Louisa.

Je prends encore quelques secondes de réflexion, mais rien y fait, je ne vois que très peu de faiblesses à ce stratagème.

En sortant de la douche, je me sèche rapidement et me hâte de chercher le numéro de portable professionnel de Flavie dans les différents dossiers clients du cabinet. Bingo ! Je l'ai ! Je prends le temps nécessaire pour construire mon message, dans le plus grand mensonge possible.

Bonjour Flavie, c'est Maître Martinez. Pourrais-je m'entretenir avec vous cet après-midi ? J'ai de nouveaux éléments à vous soumettre. J'ai essayé de passer par Louisa, mais elle ne répond pas à ses messages depuis hier soir, je trouve ça peu professionnel de sa part...

Il ne faut que quelques minutes pour qu'elle me réponde.

Veuillez l'excuser s'il vous plaît Maître Martinez, elle a l'air ailleurs en ce moment. Je me chargerai de ce rendez-vous moi-même, pour plus d'efficacité. Dois-je venir au cabinet ?

Je fais mine de laisser passer quelques minutes, pour que mon message paraisse plus crédible à ses yeux, c'est là-dessus que tout va se jouer.

Je viens d'appeler Maria, les deux salles du cabinet sont occupées aujourd'hui. Mais une des deux est libre demain. Voulez-vous venir à mon appartement cet après-midi ? Ou que je vois avec Louisa pour la salle de demain ?

Votre appartement aujourd'hui me va très bien, il faut faire au plus vite !

Mon plan se déroule à merveille. Un peu de manipulation et elle plonge tête la première dans mon piège, sûrement aveuglée par sa jalousie maladive envers Louisa, je n'ai même pas besoin de forcer. Je vais devoir me concentrer sur cet aspect et enfoncer Louisa dans mes paroles, mais elle me pardonnera, je le fais pour la sauver, nous sauver...