CHAPITRE XXIX

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CHAPITRE XXIX : Elle est partie

Lysandre Delaney

 

En sortant de l'hôpital, la seule chose à laquelle je pense est Asterine. Les six heures que j'ai passé au chevet de Marin m'ont permis de réfléchir et j'en suis venue à la conclusion qu'Amélia est le problème. Même deux ans après, elle arrive toujours à me gâcher la vie. C'est elle qui fait de ma vie un enfer. Mon téléphone sonne. Alors que je saute déjà de joie dans la rue en imaginant que c'est Asterine, je manque de perdre ma mâchoire quand le numéro d'Amélia s'affiche.

_ Lysandre je suis devant chez toi t'es où ?

Sa voix me tombe dessus et glisse sur tout mon corps. L'espace d'une seconde je me revois, juste après qu'elle soit partie. Je me revois dans la chambre de mon ancien appartement, dans notre lit. Je me souviens de son regard, je me souviens de comment je me suis détesté pendant des mois après cette nuit. Je me souviens de tout.

Quand je tourne à l'angle de ma rue elle est bien là, elle frotte ses mains entre elles pour les réchauffer avant de les passer dans ses cheveux bruns. Elle secoue ses mèches puis passe plusieurs minutes à les replacer au même endroit.

Sa tête se tourne vers moi et un faux sourire se placarde sur son visage. Elle avance à grands pas vers moi avant de me prendre dans ses bras.

_ Inutile de faire semblant, on est tous les deux Amélia.

Elle me jauge de haut en bas avant de se rediriger vers la porte principale de mon immeuble. Son pied se lève de haut en bas comme si elle attendait que je lui ouvre. J'espère qu'elle se fout de ma gueule.

_ Je peux savoir ce que tu fais là au juste ?

Un rire mesquin s'échappe de ses lèvres avant qu'elle plonge sa main dans son sac. Elle en ressort un rouge à lèvres que je reconnais être le même qu'elle portait ce soir-là. Lorsqu'elle l'applique elle plonge son regard dans le mien, un sourire satisfait apparaît sur sa bouche alors qu'elle s'approche de moi.

C'est comme si ma respiration se bloquait, je suis incapable de bouger trop paralysé par la peur, par elle. Plus elle est proche de moi, moins je me sens bien. J'ai l'impression que mes veines tremblent, que tout mon corps tremble comme une feuille.

Je ferme les yeux pour essayer d'éviter une nouvelle crise parce que je la sens arriver. Je sens que je ne tiens plus, j'ai l'impression qu'une boîte se referme sur ma tête. Tout autour de moi se resserre et j'ai des vertiges. Je sens sa peau sur la mienne.

Repousse-la.

    Ses doigts se referment sur mon cou.

Elle va recommencer.

Son parfum pénètre dans mes narines.

Repousse-la.

Une de ses mains glisse vers le bas de mon ventre.

Repousse-la.

Repousse-la.

Repousse-la.

Repousse-la.

Repousse-la.

Repousse-la.

Ses lèvres se posent sur les miennes.

Repousse-la ou tout recommencera.

J'ouvre subitement les yeux et comme poussé par une subite confiance, je pose mes mains sur ses épaules et je la pousse le plus loin possible de moi.

𝐆𝐋𝐎𝐑𝐈𝐎𝐔𝐒 𝐕𝐈𝐂𝐓𝐎𝐑𝐘 - 𝒍𝒂𝒔𝒕 𝒅𝒂𝒏𝒄𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant