Page 3 : Sainte Marie

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Mercredi 8, le soir on est allé au bar. C'est un petit bar sympathique, tenu par un ami. Angélique nous a invité, presque forcé la main la veille.

C'est toujours dans ce bar qu'on se rejoint. Il s'appelle le "Lunaire", et un de nos amis y travaille. Un ancien ami de Lycée de Liam, à qui il nous a présenté l'année dernière.

Enfin, bref. Je marchais vers le bar, mais ce chapitre n'aurait pas eu d'entrée sans un certain contexte. Ma tête est constamment remplie de ce que je fais de ma nuit, et c'est à ça que sert la musique qui hurle à l'agonie dans mon casque à longueur de journée.

Je marche, je marche, mon téléphone sonne. Et l'intitulé ne dit rien de bon.

- Allô ? fis-je.

Monsieur Vincent ? Bonjour. Hôpital Sainte Marie à l'appareil. Dit une voix.

Celle que je ne connais que trop bien, celle de la réceptionniste.

- Bonjour.

Je me suis arrêté, et j'ai soupiré.

Je vous appelle au sujet de votre mère.

Je me doute. Qu'est ce qu'il se passe ?

Son bilan psychiatrique est tombé, suite à sa septième cure de désintoxication. Le compte rendu du psychologue est défavorable à une réinsertion.

Pour changer. Ais-je soupiré.

Mais la décision finale vous revient.

Elle m'a dit que ça allait mieux.

C'est la raison pour laquelle je vous appelle.

- Heu...

J'ai soupiré, en me passant la main sur le visage. Ça n'a pas de fin. Pourtant ce n'est pas faute d'essayer.

- Je viendrai ce week-end, qu'elle reste à l'hôpital jusque là.

Entendu. Avez-vous bien reçu la facture du mois dernier ?

J'ai réglé les frais il y a deux semaines.

Entendu. A bientôt.

- Au revoir.

Elle a raccroché. Me laissant seul avec cette irascible frustration au creux du coeur. Ma mère n'ira jamais mieux, JAMAIS. C'est une fatalité.

Peut-être vous dois-je un peu de contexte.

Je n'aime pas dire que ma mère est folle, mais elle l'est. Pourtant, rien dans sa jeunesse n'indiquait qu'elle finirait de la sorte. Rien dans ma jeunesse, en fait, n'indiquait que tout irait aussi vite de travers.

J'aime ma mère, mais c'est un terrible fardeau.

Elle était secrétaire dans une petite entreprise. Je parle au passé parce que cela va faire cinq ans qu'elle n'a plus travaillé. Il y a quatre ans, elle a été renvoyée à cause de son addiction à la cocaïne. Et depuis trois ans, elle a enchaîné les cures de désintoxication, et les internements. Mais le problème remonte à plus longtemps. Bien plus longtemps.

Angélique : Bon vous arrivez ?!

Liam : Mais elle va pas se détendre ?!

Eliott : Je suis en route. 5 min.

Moi : Idem.

Kelya : J'arrive, j'arrive.

Angélique : Vous êtes en retard tous !

Papillon de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant