Page 5 : Note vocale, Je t'aime.

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Maman : pourquoi tu n'es pas venu ?

Moi : tu m'as demandé de ne pas le faire.

Elle n'a pas répondu. J'ai soupiré. Chacun de ses messages me déchire le cœur. Je ne sais plus quoi faire pour elle, je ne sais plus comment me comporter, c'est épuisant.

Moi : note vocale : Je t'aime.

Elle m'a laissé en vue. Je ne sais plus comment l'aider. Et je me doute que c'est aussi compliqué pour elle et qu'elle souffre beaucoup... mais je suis perdu à son sujet. Elle me manque, mais en même temps si elle quitte l'hôpital elle se remettra à boire. Je l'aime mais sa maladie est impossible à vivre. Je veux la voir mais je lui rappelle tous les malheurs qu'elle a subi. Je ressemble dramatiquement à mon père, paraît-il. Enfin... à en juger par leur photo de mariage, que j'ai sur ma table de chevet et qui me donne souvent l'impression que c'est une photo de mon propre mariage dont je n'aurai aucun souvenir.

Mon père est mort – juste pour le clarifier – , en même temps que ma tante et me grand parent. C'est ça qui a rendu ma mère dépressive et alcoolique. Ils ont été tués tous les quatre dans le même accident de voiture quand j'avais dix ans. C'est ça, la grande tragédie de ma famille.

C'est cette date qui a fait de ma vie parfaite une vie tragique. Le traumatisme a réveillé mon aptitude, fait sombrer ma pauvre mère, et les malheurs se sont enchaînés ensuite. Mais je n'ai rien à lui reprocher concrètement. Malgré la tragédie, elle a été assez forte pour m'élever du mieux qu'elle a pu pendant au moins cinq ans avant de n'en plus pouvoir. Elle a tout sacrifié pour moi, et c'est pour ça que j'ai tout sacrifié pour elle. J'ai eu une courte enfance en or, et j'ai pour me consoler de merveilleux souvenirs.

C'est ça que j'entend par justice divine. La vie n'est ni noire ni blanche, elle est grise et selon l'éclairage, elle est plus claire ou plus sombre. Quand j'aurai payé pour tout le bonheur que j'ai eue, et toutes les fautes que j'ai commises, je serais peut être plus tranquille à nouveau. En attendant je n'y peux rien, alors j'attend.

J'attend quoi ? Je ne sais pas trop.

Un miracle peut-être.

- Allô ?

On sort, tu veux venir ?

J'arrive. On va où ?

Se distraire.

Ah, distraire Elliott.

Oui.

Nous sommes le 14/02. Jour dont personne n'avait osé parler la veille, et raison pour laquelle il était si déprimé. C'est con, il y a trois semaines il nous détaillait ses projets pour aujourd'hui, Kelya aurait été ravie. Il avait prévu une journée parfaite, sans compter les dépenses. Il avait acheté des fringues juste pour ça, il avait remonté toutes les discussions pour se rappeler de ce qu'elle aimait faire...

Mais il y a trois jours, il m'a demandé d'appeler toutes ses réservations pour les annuler parce qu'il ne s'en sentait pas la force.

On était mardi, c'est le jour de pause de Hugo, et celui où on a le moins de cours tous les trois, alors on est allé aux Halles. Liam a prétexté qu'il voulait s'acheter des fringues, Hugo des mangas, et moi j'ai suivi.

Je ne sais pas si aller à Châtelet les Halles à la saint valentin était la meilleure idée. Cette fête étant la fête commerciale par excellence, et ce lieu étant le lieu du commerce par excellence... disons qu'il y avait beaucoup de fleurs et de rouge partout. Même en plein après- midi de semaine, il y avait plein de gens qui flânaient, main dans la main, et Elliott était au bord des larmes.

Papillon de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant