Page 17 : Malaise

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Cette nuit d'enfer me tournait et tournait encore dans la tête. C'était sans fin. J'ai cuisiné pour un régiment et j'ai tenté toute la journée de me défaire de ma mauvaise humeur. Mais j'avais mal, tellement, tellement mal partout. J'ai accompagné Angélique à la messe finalement. Je me suis presque endormi parce que j'étais au bout de mon énergie. J'ai croisé ses parents, qui me trouvent très bizarre mais très poli. Je leur ai donné des gâteaux et ils étaient tous contents. Je sais qu'ils taquinent Angélique à mon sujet.

Ça m'énerve les gens insouciants. Sur le moment ça me fait sourire et ça fait chaud au coeur, mais plus je regarde les gens heureux râler, plus je les trouve abject. C'est sûrement de la jalousie toute bête. Mais parfois j'ai un peu envie de leur montrer ce que c'est un problème, un vrai problème. Pour leur donner la mesure des choses.

Peut-être que s' ils avaient passé la nuit à se faire malmener par des criminels surhumains, ils ne se gâcheraient pas la journée juste parce que leur téléphone est tombé à la sortie de l'église. Le Grand frère d'Angélique a réellement râlé pendant deux heures, à cause d'une bête fissure sur son écran.

J'avais envie de le frapper ce gamin pourri-gâté.

- Ça va ? s'enquit Angélique en me prenant la main.

- Mal dormi.

- Ça devient un refrain.

- Ça va passer.

Elle n'a pas relevé. Elle a voulu parler de Hugo. On a parlé de Hugo. Elle m'a répété tout ce qu'elle m'avait déjà dit pour être honnête. Mais j'ai écouté distraitement. Sa compagnie me détend. J'aime Angélique.

Mais je n'avais pas l'énergie pour ses conneries. Pour ces faux problèmes d'ado qui n'a pas confiance en elle. Alors j'écoutais d'un air abstrait et elle se rassurait de m'entendre répéter mécaniquement les mêmes conseils.

Marie : les gars... ça me gêne mais... je n'ai pas l'argent pour aller manger dans un vrai resto...

Liam : Mais c'est la tradition du 19 du mois !

Marie : La tradition ?

Elliott : On te racontera.

Marie : Mais je ne peux pas venir !

Angélique : Tkt, on se répartira ta part.

Marie : Non... ça ne se fait pas.

Moi : Tais toi. Puisqu'on propose.

Marie : Merci. C'est super gentil !

Je laisserais aux autres vous raconter cette histoire du 19 du mois. Il faut reconnaître que c'est assez fou.

En attendant je suis rentré chez moi, j'ai fit une sieste jusqu'à 18h, et à dix huit heures, j'ai repris une douche froide, j'ai fait de douloureux étirements, et puis je me suis habillé. C'est le soir où – pour faire plaisir aux filles – Elliot, Liam et moi on fait un effort vestimentaire et on met tous une chemise. Elles réagissent toujours de la même manière, inlassablement. Donc j'ai mis mon pantalon gris du dix-neuf du mois, ma chemise blanche du dix-neuf du moi, et ma ceinture en cuir noir à boucle en acier argenté du dix-neuf du mois. Avec, j'ai mis mes converses noires du dix-neuf du mois, une cravate rouge satinée du dix-neuf du mois, et ma veste de costume assortie au pantalon. Un peu trivial. Mais c'est le seul costume que j'ai et je n'ai pas de chaussures adéquates. J'ai fait un chignon rapide sur le dessus de mon crâne, j'ai changé de boucle d'oreille pour un petit clou rouge et je me suis rasé.

J'avais l'impression de changer d'ethos comme quand je mets le costume de Nox.

Bref. J'ai pris mes clés, mit mon trench noir en fourrant mon téléphone et mes clés dans ma poche, et je suis sorti. La vue du colis de la veille, toujours pas ouvert, m'a fait soupirer, et j'ai claqué la porte.

Papillon de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant