Je n'avais plus goût à grand chose. Pour être honnête, je n'avais plus vraiment envie de faire quoi que ce soit ni de dire quoi que ce soit. Ni de lire quoi que ce soit. Ni en fait, de cuisiner quoi que ce soit, ou de voir qui que ce soit.
C'est le lâche en moi qui parle. Ou plutôt qui se tait.
Heureusement – ou pas – pour moi, personne n'a semblé d'humeur à sortir cette semaine-là. Alors j'ai passé les deux jours suivants entre chez moi, la salle et les cours. Je ne suis pas allé voir ma mère, je n'en ai pas eu la force.
L'idée qu'elle soit la chose que j'utilise comme excuse pour rester dans cette spirale de la solution de facilité me donne la gerbe. Hors de question de faire d'elle la raison de mes malheurs, hors de question.
Alors je me cache dans mon coin d'ombre.
J'ai un master en cache-cache, et un doctorat en "être désolé". Vous savez bien.
Je répondais aux messages, je regardais la télé et je dérivais sur internet sans rien faire de productif de ma vie. C'était pesant.
Kelya : Quelqu'un veut sortir ?
Angélique : Nan, faut que je travaille moi.
Hugo : Je suis de service ce soir.
Marie : Et je suis punie.
Vanessa : Moi aussi, je dois bosser.
Marie : Tu sais qu'un jour, tu n'auras plus rien à apprendre ?
Liam : Ouais, le plan tombe à l'eau mdr.
Vanessa : Pffff.
Elliott : Moi je n'ai rien à faire.
Angélique : Tu devrais réviser aussi.
Kelya : Ouais... c'est ce que je vais faire donc.
Angélique : Je parlais à Elliott !
Kelya : Mais tu as raison. Les exams arrivent.
Bref.
Le 13 mai, ma tablette s'est allumée, j'ai soupiré quatre fois, et mis longtemps à sortir de ma lassitude. Je n'étais pas d'humeur à faire des conneries pires que les précédentes ce soir-là.
Mais la tablette indiquait : QG 5.
La perspective d'une opération de grande ampleur m'a partagé pour être honnête. La souvenir de la place d'Arcadie ne me réjouissait pas, mais l'idée de recroiser le Fantôme me rendait curieux. Après tout... c'est le seul au monde à avoir les mêmes yeux que moi.
Alors je me suis habillé, et j'ai rejoint les autres dans un coin perdu des égouts. Pour être honnête, je préfère quand les réunions ont lieu dans la charpente du toit de l'Opéra que dans des égouts puants.
Il y avait tout le monde, et quelques nouveaux, mais pas Vulcain et Méduse me dévisageait avec un air de folle. Séléné m'a rejoint, plus affectueuse que d'habitude. Enyo n'était pas là, bizarrement.
C'est Zeus qui a de nouveau fait le topo.
Il y a deux objectifs.
Il faut détruire un bâtiment, ce sont les gardes et les espions qui vont le faire. Moi j'étais de ce groupe parce que je suis encore officiellement mort. Je ne sais pas si le Supérieur compte sur le fait que je suis mort, dans le doute je reste discret.
Le second objectif est de tuer quelqu'un qui vit dans le bâtiment.
Le plan est simple. Moi et Séléné, en bon voleurs que nous sommes, nous allons placer les explosifs dans les caves du bâtiment et ressortir. Pendant ce temps Zéphire déclenchera l'alarme incendie, et quand les habitants sortiront, Enyo trouvera la cible dans le foule et Diane l'exécutera à distance. On se servira du chaos pour s'enfuir, et Zeus fera exploser sa bombe à ce moment.
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Papillon de nuit
General FictionJe l'aie longtemps aimée, Séléné. Longtemps. C'est elle qui m'a découvert, qui m'a montré ce monde, qui m'a tendu ce pacte du diable. C'est elle qui m'a en même temps sauvé de ma misère. Enfin... disons qu'elle m'a permis de troquer une misère matér...