Page 14 : Il vivra de projets qui ne feront qu'attendre*

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Comment expliquer efficacement l'état de léthargie dans laquelle j'ai passé le reste de la nuit ? Comment décrire la violence des sanglots qui m'ont secoué à l'épuisement jusqu'à 5 heures ? Je devais me lever à 7 heures. Alors j'ai fait un coma cauchemardeux pendant deux petites heures, avant de retomber dans ma torpeur.

Chaque détail de la nuit de la veille me faisait réfléchir. Réfléchir à m'en donner de la fièvre. Pourtant, je devais – plus que jamais – tenir ; je devais quand même me lever, faire comme si de rien n'était auprès de toute le monde, y compris auprès d'elle. Je devais subir une séance de révision avec tout le groupe de potes. Avec deux heures d'un sommeil épuisant dans les dents, et un état de bord de l'abîme qui ne s'était jamais fait aussi violent.

Mais, cette dernière lettre avait été ma plus belle. Et j'imagine que l'envie de voir dans quel état serait Vanessa m'a permis de me lever. Mieux, de me lever, de m'habiller, de me brosser les dents, d'avaler de force quelques pancakes. Cette interminable douche froide comme l'hiver fut une bénédiction au cœur de mon enfer mental.

Les cours ont été d'un ennui terrible.

J'appréhendais le choc. J'appréhendais l'épreuve que serait cette dynamique à deux vitesses que j'ai créé avec Vanessa et que je regrette profondément. J'ai démarré quelque chose que je ne pouvais pas assumer, et je le savais dès le jour un. Mes lettres sont des erreurs. De graves erreurs qui vont lui peser, et qui vont me hanter.

Mais il fallait ravaler mes larmes. Parce que Neil ne peut pas se justifier pour les sentiments de Nox. Ma vie est à deux vitesses. J'ai fait l'erreur de mélanger les deux dynamiques et maintenant j'ai l'impression que les travaux de réparation vont être longs et chaotiques.

La journée a été pénible.

Et quand à 16h, les autres m'ont rejoint dans le box que j'avais réservé pour l'après -midi à la BU, c'est devenu deux cents fois pire. Angélique s'est gentiment laissée tomber à côté de moi, Liam et Elliott sortaient leurs affaires en face, et Kelya commençait déjà à dessiner des conneries sur le tableau.

- Ouh ! Tu as une mine affreuse. Fit-elle.

- J'ai très mal dormi. T'inquiète. Ça va toi ?

- Très bien merci !

Elle était surexcitée. Vanessa était en retard. Ils entraient dans une grande conversation, moi j'écoutais d'une seule oreille "Quand reviendras tu?" de Barbara en fichant un cours qui me paraissait douloureusement insipide.

Je travaillais, sans pouvoir mettre mon casque au lieu de mes écouteurs et me calmer un peu les nerfs parce que Liam me parlait. Il me parlait gentiment, de tout et de rien parce que c'est encore mon meilleur ami. Meilleur ami qui n'a pas la moindre idée de ce qui se passe dans ma vie, mais qui ne cherche pas franchement à savoir et qui pourtant à l'inverse me donne tous les détails de la sienne. Je ne sais pas qui de nous est en tort. Sûrement un peu des deux.

En attendant, il reste quelqu'un de bien – de meilleur que moi – et surtout quelqu'un digne de ma patience. Il me parlait de son date de la veille. Qui s'est trèèès bien terminé. Et j'avais les détails. Ça m'énerve qu'il ait contrarié Vanessa pour une si vague inclination, qui n'était probablement qu'une simple attirance physique. Enfin... j'ai fait bien pire.

Une heure s'est écoulée. L'ambiance était très chaleureuse, et les révisions étaient bizarrement productives. On aurait dit qu'ils allaient tous bien. Angélique souriait jusqu'aux oreilles, même si Liam s'amusait à l'embêter en parlant de sa conquête de la veille. Kelya tolérait la présence d'Elliott, sans la moindre ambiguïté, comme si le passé commençait à appartenir au passé doucement. C'était agréable. Et puis il n'y avait pas Marie pour tendre joyeusement l'ambiance. Alors tout allait bien.

Papillon de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant