Page 13 : Mais moi, non.

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Coucou ! Désolée, ne prenez pas peur, ce chapitre est très long, mais c'est parce que y'a quasiement QUE des dialogues TT. 

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Je n'ai que très peu dormi. Malgré l'épuisement. Mais c'est normal après ce genre de missions. Le mardi je n'ai cours que le matin, c'est le jour où je vois le plus Vanessa en général. Parce que nous avons deux CM, un de huit heure à dix heure, et un de onze heure à midi. J'utilise mon mardi après midi pour avancer dans mes devoirs, et dégager du temps pour aller à la salle le vendredi.

Enfin le réveil à 6h30 a fait mal cette semaine.

J'avais les mains engourdies, et les avant bras courbaturés. C'était le bordel dans mon appart' et ça m'a mis de mauvaise humeur en plus du reste. Alors j'ai rangé avant de partir. Pour couronner le tout il pleuvait et il y avait un vent à décorner les bœufs.

Les souvenirs de la veille me revenaient en tête régulièrement comme si j'étais sur un bateau secoué par les remous de la mer. Entre ces souvenirs, se mêlaient ceux de Ulysse, et sa jovialité à toute épreuve, qui faisait écho à la mienne, avant qu'il ne disparaisse totalement. Ce gamin... était mon alter-égo. Un homme bien, qui n'a pas plus eu que moi le choix, mais lui avait plus de moi le courage de poser des limites à sa situation. Il a tenu tête au Supérieur une fois de trop, et il a disparu. Tout le monde sait qu'il est mort. Et c'est lui qui avait insisté pour faire cette unique photo idiote au polaroïd.

Je me souviens de ce jour comme de la dernière fois que j'ai vu mon beau-père, comme de la dernière fois où j'ai vu mon père, et comme de la première fis où j'ai vu Vanessa.

C'était à la fin de la mission qui précédait sa quatrième faute. Il m'avait prit pas le bras, alors que Séléné s'en allait et m'avait convaincu – diablement vite – de prendre cette photo. avec le recul je me rends compte qu'il avait prévu sa mort. Il savait, qu'il ne pourrait pas renoncer à ses convictions assez longtemps pour préserver sa dernière vie. Alors il a fait une photo, et me l'a tendue. Il n'avait rien dit de plus que "à la prochaine fois". Cette prochaine fois avait été la dernière.

Alors, sûrement par respect pour son audace impertinente, je laisse cette photo sur mon frigo. C'est impossible de dire si on est en costume, ni qu'on est des aptes. Tout ce que c'est, c'est un selfie entre potes pris en plongée du haut de son bras, quelque part à Paris et en hauteur. Quand Liam m'a demandé qui c'était, j'avais répondu "un ancien pote". Mais c'est plus un frère astral, un ange gardien moral. Celui qui me regarde de jour comme de nuit, et me force à ne pas me laisser tomber dans le mal.

Un jour ce regard, ce sourire heureux, cet amour qu'il dégageait et dont j'avais cru tomber amoureux, me donneront le courage de faire ce qu'il faut. Je le sais.

Mais ce n'est pas encore demain la veille. Alors en attendant, cette photo sert d'autel à sa mémoire. mémoire d'un homme dont personne d'autre que moi ne peut se souvenir.

Je suis parti de chez moi avec les larmes aux yeux, emballé comme un inuit dans ma grosse veste en jean rembourrée, mais quand j'ai passé le portail de la fac j'avais changé de masque. La mélancolie ne peut pas avoir tout le temps le dessus.

J'avais l'élastique de Vanessa dans les cheveux, j'avais la mine sombre, et la capuche humide bien enfoncée sur ma tête.

C'est pour dire, comme je suis inquietant dans la semi obscurité de huit heures du mat', les gens s'écartent sur mon passage.

Enfin bref. J'ai pris un milk-shake cookie caramel en XL à Starbucks sur le chemin, et je suis entré dans l'amphi.

J'aime bien le grand amphithéâtre. On dirait une illusion d'optique lancée à toute allure vers le passé qu'on s'efforce à nous faire apprendre par cœur. C'est un demi cercle à étages, avec en bas au centre un tout petit prof dont on ne distingue pas du tout les traits mais bien trop fort la voix dans les hauts-parleurs, et qui fait face à des centaines d'élèves fatigués.

Papillon de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant