Trois jours plus tard, Vanessa faisait mine de rien. Peut-être qu'elle s'en fout. Elle n'en a même pas parlé aux filles. Si ça se trouve elle l'a juste jeté la lettre. C'est même probable.
A chaque fois que je l'aperçois dans un couloir, elle est juste là, juste joviale comme toujours avec ses amies. A la différence que depuis que je l'ai aidée à deviner mes propres sources, elle me fait signe.
Le supérieur ne s'est pas manifesté, ni espion, ni assassin. Rien de son côté, rien du mien. C'est rassurant en un sens. J'étais dans un état second, mais pas encore assez second pour oublier toute la prudence dont je dois faire preuve. Je n'ai pas d'existence émotionnelle pour le Supérieur, je n'ai pas le droit. Je n'ai pas le droit d'avoir des remords, des scrupules, des pensées. Je ne dois qu'obéir et disparaître jusqu'à la prochaine fois.
Et j'ai peur de ce qu'il pourrait lui faire s' il savait qu'on a interagit.
Mais rien. Rien du tout.
Pendant ces trois jours, Angélique m'a beaucoup fait chier au sujet de Hugo. Des "je fais quoi ?", "je dis quoi ?", "Et si..." obsessionnels et terrifiés, qu'elle ferait mieux poser à ses amiEs parce que je n'ai pas la plus petite expérience de ça. Du couple je veux dire.
A côté Liam se remet diablement vite de cette veste, parce qu'il ne l'aime pas comme elle est censée être aimée et il se rend compte, avec ce recul amer, qu'elle n'est pas aussi idéale pour lui qu'il ne le croyait.
Elliott attend, encore et toujours, le verdict d'une Kelya torturée par ses sentiments. Mais il attend en silence, calmement.
Hugo est sur un nuage, à regarder Angélique paniquer, et à attendre qu'elle se sente mieux. Ils ne se sont ni réembrassés depuis la soirée, ni même vus en fait depuis cette putain de sortie au fast food de lundi.
Marie a été intégrée au groupe Instagram de nous huit, et au groupe que j'ai avec les filles. Je ne sais pas, à la réflexion, si les gars savent que les filles ont ressenti le besoin de créer ce second groupe. Si ça se trouve elles ont la même chose avec chacun d'entre eux, mais ça m'étonnerait. Dessus elle me demande surtout des trucs scolaires, ou elles se plaignent de mes potes. Moi je suis assez passif sur ce groupe ; je lis, je réagis parfois mais ce qui se dit reste souvent assez abstrait pour moi. C'est juste hilarant à lire.
BREF. Je m'égards.
Ce que je veux souligner, c'est la futilité de leurs problèmes à tous. Entre Hugo qui cherche la merde avant l'heure auprès d'une fille qui se complique la vie pour rien alors qu'ils partagent un amour réciproque. Liam qui veut de l'amour comme d'un statut ou d'un passe temps. Et Kelya qui ne se démêle pas de sa situation alors qu'elle devrait clairement arrêter, et laisser Elliott subir les conséquences de sa monumentale connerie...
Je ne comprends pas.
L'amour, quand on l'a... on le chérit. On le protège, on fait bien attention. Ce n'est pas un jeu, l'amour. C'est subtil, c'est fragile, c'est plus intelligent que soi. Et puis c'est bien trop important pour le traiter comme une option.
Qu'est ce qu'ils peuvent m'énerver... rah !
Moi, je suis en plein combat intérieur parce que je meurs d'envie, j'ai même besoin de savoir ce qu'en a pensé Vanessa ; parce que j'ai un désir irrépressible d'en écrire douze autres de ces lettres. Mais qu'en même temps, je ne veux pas la placer entre deux feux. Entre mes sentiments et son indifférence, entre moi et le Supérieur, entre son jour et ma nuit.
Mais je me sens comme un gros lourd dans la rue. A lui balancer un intérêt qu'elle n'a pas du tout sollicité, à lui prendre un temps qu'elle ne veut pas perdre. Outre le danger, Vanessa n'en tirera jamais la satisfaction de m'aimer en retour. Cette "relation", pour ne pas dire "débâcle", ne sera jamais qu'à sens unique.
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Papillon de nuit
Ficción GeneralJe l'aie longtemps aimée, Séléné. Longtemps. C'est elle qui m'a découvert, qui m'a montré ce monde, qui m'a tendu ce pacte du diable. C'est elle qui m'a en même temps sauvé de ma misère. Enfin... disons qu'elle m'a permis de troquer une misère matér...