Le plus dommage dans tout ça, et sûrement le plus difficile, c'est qu'à la différence de l'époque, personne n'allait débouler en trombe pour l'écouter, la réconforter et la rassurer sur tout ce qu'elle était en train de vivre. Quelqu'un qui lui tienne la main, essuie ses larmes et lui promette que ça va aller ou tout simplement un proche, un ami, un parent qui soit juste là sans dire ni faire quoi que ce soit, histoire qu'elle ne se retrouve juste pas toute seule comme elle l'est assise sur ce banc à pleurer sur son sort dans ce parc où les gens viennent d'habitude s'amuser.
Valéri s'était arrangé pour bien l'isoler du reste du monde. D'abord, la déracinant de sa petite ville natale où elle avait quasiment toute sa famille pour une grande ville à des kilomètres et des kilomètres de chez elle où elle ne connaissait personne. Une fois installé quelques mois après, tout prétexte était devenu bon à Valéri pour ne pas aller les voir. L'atmosphère, des allergies fantômes, trop de travail, surtout le travail, c'était son prétexte fétiche. Après sa naissance, Cyrus devint l'excuse parfaite, la route trop longue et fatiguante pour un enfant. Et puis vint un temps où c'était juste, non sans donner quelconques explications. Des amis, elle n'en avait plus, les seuls qu'elle avait, elle les avait perdus en partant aussi loin de chez elle.
Depuis le temps, elle aurait dû se faire d'autres amis dans sa nouvelle ville, vous vous dites.
Certainement.
Mais en sachant qu'après 6 ans de vie dans une aussi belle ville que New York, elle ne connaissait à peine que le 2 quart de son quartier, c'était vraiment à se poser la question ?
Elle ne sortait pas trop fatiguée de toujours justifier chacun de ses mouvements. Les seules personnes qu'elle voyait faisaient partie du cercle des connaissances de son mari, et quelques voisins pour maintenir le bon voisinage, mais pas trop non plus. Ce ne serait pas au goût de son époux.
C'est pour dire qu'elle était comme seule au monde.
Soudain, une main tenant un mouchoir en papier entra dans son champ de vision à sa grande surprise. Elle leva donc les yeux les secondes de stupeur passées pour découvrir la propriétaire de cette main.
Une grande femme était là à ses côtés, enfin elle ne pouvait que la voir plus grande vue sa position assise. Mais c'est sûr qu'elle était grande, plutôt sportive, métis avec des cheveux bruns joliment bouclés et des yeux noisette tirant au gris foncé magnifique. Ce qui la frappa le plus, c'est son sourire bienveillant. En lui tendant ce mouchoir, elle ne la prenait pas en pitié, malgré que sa situation s'y prêtait grandement, non, elle compatissait tout simplement.
« Tiens, pour… » Parla l'inconnue en mimant d'un mouvement circulaire du doigt son visage.
– Oh ! Merci.
Elle attrapa la serviette et s'attela à faire disparaitre toute trace de sa crise de larme de son bon visage, comme pouvait l'attester l'inconnue qui, pendant ce temps, prenait place à côté d'elle.
La jeune femme était serveuse dans un café/bar juste en face du petit parc de l'autre côté de la rue. Elle avait donc l'habitude de venir y passer quelques minutes de sa pause, histoire de s'en fumer une entre 2 services.
Elle était là depuis 2 minutes à peine lorsqu'elle avait remarqué la jeune blonde un peu à l'écart qui n'avait pas du tout l'air d'aller bien. Et des gens passaient et répassaient à quelques pas d'elle, une famille pic-niquait à peine quelques mètres d'elle, mais aucun n'avait même pas pris la peine, ne serait-ce que de lui demander si ça allait.
Ça la révoltait : à quel point les gens sont devenus si égoïstes, tellement insensibles de nos jours. Aujourd'hui, le premier réflexe des gens n'est plus de porter assistance à son prochain, mais plutôt de sortir son portable pour filmer. Vous rendez compte ? Quelqu'un est en danger et toi, tout ce que tu trouves à faire au lieu de lui venir en aide, c'est filmé, tranquille. On s'en fiche si au final l'autre se blesse ou qu'il se jette d'un pont : hien, non ça, toi, ça ne te concerne pas ! Toi, ce qui te concerne, c'est que tu n'aurais pas passé à côté d'un scoop qui aura fait sensation sur la toile.
Ridicule mais vraiment débile !!
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ENCHAÎNÉ
RandomUne vie bien rangée, c'est tout ce que Spencer O'Maley a toujours rêvée, pour le peu de rêve qu'elle ait fait dans sa vie. Un travail qui paye les factures, un mari aimant, deux ou cinq enfants ; pourquoi pas, pour remplir la maison. Sans prétention...