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Octobre 2012
Ce jour-là, elle avait encore eu une énième dispute avec sa mère, qui voulait encore une fois la conformer, la modeler à son image, sinon à sa convenance.
Après l'obtention de son double diplôme universitaire, à peine ses 17 ans passés, tout ce qu'on attendait d'elle, c'était qu'elle s'investisse dans l'entreprise familiale. Sa vie était déjà toute tracée en ce qui concernait ses parents. Ils la voyaient déjà reprendre le flambeau de son père dans quelques années quand il prendra sa retraite. Mais Alex n'était pas vraiment de cet avis. Diriger une multinationale déjà bien installée qui avait depuis longtemps fait ces preuves, c'était tentant, mais elle pensait juste qu'un cerveau aussi performant que le tien serait beaucoup plus nécessaire au service de quelque chose d'autre.
Mais ça, sa maman ne pouvait pas le comprendre. Il fallait qu'elle fasse exactement ce qu'elle pensait le mieux pour elle. Mais l'époque où elle obéissait sans rechigner, la période où elle faisait tout ce que sa maman voulait, ce ne fut que pour avoir son attention, était révolue. Elle avait compris que quoi qu'elle fasse, ça ne sera jamais suffisant pour Monica Baker parce qu'elle ne pourra jamais être la fille parfaite qu'elle aurait voulu qu'elle soit, à défaut du fils idéal qu'elle n'a pas su être et ne sera jamais. Autant faire ce qui lui chantait alors.
C'est comme ça qu'elle s'est retrouvée à remplir des formulaires d'inscription pour l'armée. Plus par esprit de contradiction que par réel passion. Avec la pression qu'elle subissait pour intégrer le Baker Building & Immovable, elle n'eut d'autre choix que d'agir de la sorte afin de prouver qu'elle était seule maître de sa vie. Et plus on insistait, plus elle se confortait dans sa décision.
– Comment tu as pu faire ça ? ! Après tout ce que ton père et moi avons planifié pour toi ? Est-ce que tu as pensé une seconde à nous, à l'impact que cette décision, ta décision aurait sur ta famille ? ! Mais non, qu'est-ce que je dis : tu n'y as pas pensé, puisque tout ce qui compte pour toi, c'est ta petite personne ! Tu n'es qu'une égoïste, tu as toujours été comme ça !
Monica était scandalisée à cette nouvelle. Elle n'en revenait pas que sa fille s'est engagée dans l'armée sans les consulter au préalable. Elle était en plus persuadée qu'elle avait fait ça juste pour le plaisir de la contredire, d'aller à l'encontre de sa parole, et c'était ce qui la mettait absolument hors d'elle. Elle ne comprenait pas comment une personne aussi intelligente que sa fille pouvait prendre une telle décision aussi à la légère.
Qu'est-ce qu'elle croyait ? Que l'armée ou se retrouver au devant de la guerre était un jeu d'enfant ? Et elle avait encore 17 ans, comment elle a pu décider de cela toute seule ?
— Moi, égoïste ? Toute ma vie, vous avez décidé pour moi sans que jamais je ne dis rien, de la moindre petite activité à mes études supérieures, tout ce que je faisais à qui je fréquentais, tout devait être approuvé par vos soins. Tout ce que je fais depuis ma naissance, c'est essayer de vous contenter, te contenter, et les seules fois où enfin j'ai le choix, c'est moi qui suis égoïste ! Parce que pour une fois dans ma vie, je décide de passer mon bien-être avant celui des autres.
Alexandra était abasourdie. C'est Monica Baker qui parlait d'égoïsme ? Elle ne connaissait pas femme plus égoïste que sa mère. Jamais elle ne l'avait vu agir contre son intérêt, alors comment peut-elle la traiter d'égoïste, elle qui a longtemps passé sa volonté avant la sienne ?
– Mais tu sais quoi, peu importe ce que tu peux dire, traites-moi de tous les noms si ça te chante, ça me passe au-dessus de la tête, cette fois rien que tu puisses dire ne me fera changer d'avis.
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ENCHAÎNÉ
RandomUne vie bien rangée, c'est tout ce que Spencer O'Maley a toujours rêvée, pour le peu de rêve qu'elle ait fait dans sa vie. Un travail qui paye les factures, un mari aimant, deux ou cinq enfants ; pourquoi pas, pour remplir la maison. Sans prétention...