Démon

III - partie 2

Je les suis alors calmement, les sens aux aguets. C'est bon de pouvoir à nouveau ne compter que sur soit même. Peut-être que secrètement j'espère même qu'ils essaient quelque chose pour les réduire en miettes.

Nous nous enfonçons dans la forêt, celle-ci est très différente de celle du continent Est. Les formes, les couleurs, tout me semble inconnu alors qu'initialement je considérai la forêt comme mon refuge. Il fait une chaleur écrasante sur ce continent. La végétation s'y fait rare en dehors des pins qui réussissent à pousser. De tout les continents où nous aurions pu atterrir, bien sur il fallait que ce la soit le continent Sud, celui où il fait le plus chaud sur terre. C'est bien ma veine. Cela me déstabilise quelque peu mais le félin semble ne pas s'en préoccuper. Il ne souhaite qu'une chose : la liberté.

Finalement, c'est en pleine nuit que nous arrivons à un petit village. En tant que tueuse et chasseuse de renommée, j'inspecte instinctivement tous les coins et recoins environnants. Le village se situe au beau milieu d'arbres très atypiques. Ces derniers ne sont pas munis de feuilles géantes comme sur le continent Est, au contraire, les arbres sont d'une hauteur certes à vous tordre le cou, cependant ils forment un épais manteau de feuilles minuscules. Il est d'ailleurs difficile de circuler au milieu des nombreux branchages tellement ils sont compacts. Ce feuillage impénétrable est idéal pour abriter un village de la chaleur brulante.

L'entrée du village rebelle a été sculptée dans les feuillages comme si les arbres n'étaient que de vulgaires buissons. Cette dernière est gardée par plusieurs hommes. Je ne les voie pas, les torches sont en train de s'éteindre, mais je peux les sentir. Ils sont cachés dans les arbres. L'un d'eux descend de son perchoir et se poste devant Barry. Grâce à la vision nocturne du félin qui sommeille en moi je réussis vaguement à distinguer au loin celui qui est avec Barry. Ils semblent s'échanger quelques mots puis Barry lui montre son avant-bras. L'homme a l'air satisfait puisqu'il réintègre son perchoir et que nous pénétrons dans l'enceinte du village.

Ce dernier ressemble à tous les autres villages rebelles qu'il m'a été donné de voir. Les habitations sont très modestes et en bois, il n'y a pas réellement d'organisation, les différentes maisons ont été construites sans aucune réflexion. Il n'y a pas de rue, simplement de l'herbe et de la terre entre chaque cabane. Il fait très sombre, la lune ne semble par percée au travers des feuillages qui protègent le village et je ne distingue aucune lumière en provenance des habitations. Finalement, notre cortège s'arrête devant un bâtiment plus grand que les autres.

« Nous voilà enfin de retour à la maison mes amis, commence Barry. Allez retrouver vos proches mes chers frères. Nous avons réussi notre mission, maintenant nous avons le droit à un repos bien mérité. »

Les hommes se dispersent dans l'obscurité. Je les entends parler doucement. Ils n'osent pas faire trop de bruit de peur de réveiller tout le village. Ils sont pour la plupart soulagés et n'ont qu'une hâte, retrouver les leurs.

« Démon, m'interpelle cette fois-ci Barry, tu dormiras chez moi, demain tu devras rencontrer notre Ma'Ima. »

Dormir chez Barry... Cette idée ne m'enchante pas réellement, mais je n'oublie pas que maintenant que nous sommes enfin arrivés à un village, je touche bientôt à la liberté. Ce n'est qu'une question de temps. Je ne pense pas trop à ce qu'il entend par Ma'Ima, je me dis que je le saurai bien assez vite, il doit s'agir de leur chef ou de leur je-ne-sais-quoi du même acabit.

Je suis alors Barry, nous devons slalomer entre les maisons et je prends le soin de mémoriser chaque détail du chemin. Nous atteignons finalement une habitation semblable aux autres. L'homme poivre et sel gravit les marches du perron et m'invite à le suivre d'un signe de la main. Il ouvre la porte grâce à une clef qu'il sort de sa poche et allume une lumière. C'est à ce moment-là que des petits bruit de pas tambourinant contre le bois se font entendre.