II - partie 1

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Lorsque le vert flamboyant de la forêt m'entoure complètement, le soulagement s'empare de moi et le félin jubile. Je ne sais pas qui sont ces hommes qui ont orchestré mon sauvetage, cependant ils n'ont pu être envoyés que par le Roi. Personne d'autre ne souhaiterait me voir en vie.

Le soulagement passé, mes réflexes reprennent le dessus. J'évalue rapidement ma condition physique. Ma vision est parsemée de points de toutes les couleurs, mon corps n'est qu'une masse sans force, mes pouvoirs sont inexistants et mon cou me brûle affreusement. Conclusion : Je suis plus faible que jamais. Un frisson glacé parcours mon échine. Je suis vulnérable et le félin déteste ça, les hommes sont fourbes.

Ma vue revient doucement. Je me trouve sur l'épaule d'un homme aux cheveux bruns très courts, qui doit mesurer au moins deux mètres. Ce simple contact suffit à me donner la nausée. Pour ne rien arranger, il me porte sur son épaule comme un vulgaire sac à patates. Celle-ci me transperce les côtes à chaque pas qu'il fait.

Trop faible pour protester, je me résigne et endure. Je ne sais pas où il m'emmène, ni ce qu'il compte faire de moi mais, je ne doute pas de le découvrir bientôt. L'homme ridiculement grand semble seul en apparence mais, rapidement, je remarque des ombres le couvrir. Je pense en compter six, peut-être sept. Je reste à l'affût de chaque mouvements, chaque bruissement de feuilles. Je me tiens prête à répondre au moindre signe d'hostilité.

Il continue à marcher jusqu'à la tombée de la nuit, puis s'arrête soudainement et me lâche lourdement sur le sol. Je m'assois difficilement et cale mon dos contre le tronc d'un arbre. Je vais finalement connaître le visage de nos suivants. Ces derniers sortent pour les uns des arbres, pour les autres des buissons. Chacun s'affaire à une tâche qui lui est propre : préparer le feu, poser des pièges ou encore chercher de l'eau. Aucun d'eux ne semble me prêter attention. Cela me conforte dans l'idée qu'il ne s'agit pas d'ennemis.

Ils n'ont pas non plus pris la peine de m'attacher. Cela veut bien dire qu'ils ne sont pas hostiles. En même temps, si j'avais la merveilleuse idée de m'enfuir je suis sûre qu'ils me rattraperaient directement. Je ne suis pas en état de faire ne serait-ce qu'un pas. Je me sens au bord de l'évanouissement à chaque seconde. Je mets mon aversion pour les hommes de côté et décide d'aller à la pêche aux informations. Je me rapproche discrètement d'un groupe d'homme et tends l'oreille.

« Elle m'a préparé une compotée d'oignons, un pur délice ! Rien à voir avec ce qu'on mange ici, se plaint un homme un peu bedonnant.

– Un petit régime ça te fait pas de mal ! » se moque un autre.

Je comprends rapidement que je n'apprendrai rien comme cela. Je dois tenter une approche plus directe. Je repère le géant un peu en retrait et je décide de passer à l'attaque.

« Merci de m'avoir tiré de là », commencé-je pour m'attirer sa sympathie.

Le géant me regarde en souriant niaisement, sans pour autant engager la conversion en retour. Je dois donc continuer ma manœuvre.

« C'est un sacré risque que vous avez pris là, hein ? » continué-je plus directe.

En guise de réponse, le géant me regarde avec un air ahuri. Je comprends alors que je m'adresse à un idiot. Ce n'est qu'un pion. Inutile d'insister, je ne tirerai rien de lui non plus. Comme pour confirmer ma pensée, le géant penche la tête sur le côté puis, sans me prêter aucune attention, se lève et part renifler je ne sais quoi.

Je soupire longuement. Comment le Roi Havrish a pu avoir l'idée de me faire enfuir avec un empoté pareil ? Quelque chose me titille. Ce n'est pas le style du Roi de recourir à ce genre d'homme. Un tel bêta n'aurait jamais pu intégrer la garde du Roi. S'agit-il de mercenaires plutôt ? Je réfléchis quelques instants à cette hypothèse mais l'écarte aussitôt. Le Roi ne m'aurait jamais confié à des mercenaires... Trop imprévisibles, barbares, sous évolués. Qui sont-ils? La question tourne en boucle dans mon cerveau.

DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant