𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Laësa.

Sullivan, Missouri,
8 pm

J'éveille sur un matelas posé à même le sol, encadrée par la totalité de mes cartons, empilés les uns sur les autres. Je passe une main dans mes cheveux, les dégageant de mon visage puis m'assois sur la couchette, cherchant mon téléphone dans tout ce bordel.

Celui-ci est placé non loin de mon genou. Je me penche pour m'en emparer, avant de l'allumer et de constater les nombreux appels de Noah, au nombre de cent-quatre, ainsi que tous les messages de mes amies qui me demandent si je suis bien arrivée et me supplient d' avoir des photos. Face à leurs messages je souris et mon coeur se serre, puis je réalise doucement que je suis seule sur ce continent, uniquement en compagnie de Thomas.

Seule. Ce mot me frappe. L'être ça a toujours été une de mes plus grandes peurs, une des choses qui me terrifient le plus alors j'ai tout fait pour ne pas l'affronter en m'entourant de personnes honnêtes ou superficielles. Maintenant, je suis isolée sur le territoire américain, loin de mes proches et entourée d'inconnus. Cauchemar.

Je me lève, désireuse de penser à autre chose et entreprend de remonter mes volets, avant d'ouvrir la fenêtre. L'air du soir m'accueille, ainsi qu'un magnifique coucher de soleil. L'oranger et le rose sont omniprésents sur la toile céleste et ce coucher de soleil me coupe le souffle.

Je descends ma fenêtre à guillotine et entreprends de migrer vers la cuisine. Bien que je sois toujours habillée de mes habits que j'ai porté environ quinze heures, c'est-à-dire un jogging ample et un t-shirt rose, mes cheveux rassemblés en deux tresses africaines, je dévale les escaliers.

Devant moi, il y a la cuisine, immaculée et dans les tons de bruns, et tout le monde y est attablé. Je me fige, rencontrant cette paire d'yeux. Nous échangeons une œillade et j'en profite pour le fusiller du regard. Comment ose-t-il venir ici, après tout ce qu'il a fait à ma famille ?

– Laësa, ma chérie ! s'exclame ma mère en se levant pour me faire un bisou sur la joue. Tu as bien dormi, dis-moi ?

Je marmonne une réponse positive à son égard alors qu'elle exerce une légère pression dans mon dos, m'accompagnant à ma place, en bout de table, à côté de lui.

C'est une blague ?

– Théo est parti nous chercher les meilleurs burgers de Saint-Louis, m'apprend mon père. Il fallait qu'un goûte les plats typiques américains.

Je me retiens de lever les yeux au ciel à l'entente de sa voix remplie d'admiration. Ne pouvant pas y résister, je roule des yeux en picorant une frite, ne souhaitant pas être mêlée aux conversations familiales. Je mords dans mon burger et je dois l'admettre, il est bon.

– Alors, Laë' ? me demande Thomas. Il est délicieux, non ?

Je pose mon repas dans son carton, m'essuie les mains dans la serviette en papier, faisant tinter mes bijoux au passage, avant de déclarer posément :

– Ceux du Food Truck à Montpellier étaient meilleurs, je trouve.

Si Théo ose formuler la question qui lui brûle les lèvres, je lui fais bouffer mon burger. Ce ne sont pas des paroles en l'air, j'ai autant envie qu'il disparaisse maintenant que de retrouver ma famille d'avant.

– Tu t'habitueras à la bouffe américaine, t'en fais pas, Laë', m'assure-t-il.

Mes ongles bleus s'enfoncent dans mes paumes de mains, douloureusement, mais j'exprime la douleur que j'aimerais lui infliger sur ma personne. Je pivote d'un quart de tour dans sa direction, mes yeux lançant des éclairs.

RENEWALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant