𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Laësa.

But if the story's over, why am I still writing pages?

Taylor Swift, Death by a thousand cuts

*


Sullivan, Missouri,
11 am

Je sors de mon dernier cours en zigzaguant entre les élèves affamés pour entrer dans les toilettes des filles les plus proches, le battant claquant sèchement derrière moi. Le dernier cours avant le lunch a été long, uniquement entrecoupé par mes rires partagés avec Castille et Angelika pendant que le prof manipule un squelette dans un anglais incompréhensible pour nous, tandis que les autres élèves tapaient sur leur ordinateur. Je pousse un profond soupir et pose mon sac en équilibre sur le rebord d'un lavabo avant de calmer mon rythme cardiaque endiablé par ce minable sprint.

J'ai essayé d'éviter les regards irascibles de Michelle tout en me soustrayant au regard clair de Theo. Je sais qu'il me cherche, bien que j'ignore la raison. Je pose deux doigts sur mes tempes, exhalant lourdement, tentant d'évacuer le stress accumulé. Sans succès.

J'affronte mon propre regard noisette par le biais de la glace, mes yeux plantés dans les miens, sans ciller. Ma peau bronzée l'est encore plus à cause de la couleur blanche de mon débardeur. Mon placage n'a pas bougé depuis ce matin, alors je sors ma brosse pour le remettre correctement dans le but d'occuper mes mains.

"Cours d'anatomie, plus tôt

   J'étends mes bras devant moi, mes doigts agrippant le rebord de la paillasse tandis que je geins faiblement, ennuyée par ce cours. Lika a la tête posée sur ses bras, endormie, et Castille dessine sur la feuille de TP.

– Ferme-la, m'assène Michelle, malheureusement placée devant moi. Tu perturbes le cour, au cas où tu ne l'aurais pas vu.

Je me redresse, faisant glisser bruyamment ma peau contre le plexiglas, un souffle considérable quittant la barrière de mes lèvres.

– C'est toi qui le perturbe, là, Michelle.

Elle se retourne complètement sur son siège, comme blessée dans son ego. Bien que nous parlions à voix basse, la classe a complètement décrochée du cours du prof, préférant suivre ce qui se déroule en son sein.

Et bien sûr, il me regarde, sans jamais ciller.

– Te la ramènes pas, c'est pas parce que t'es française que tu dois te prendre pour la meilleure, Laë'.

Je lève les yeux au ciel, ricanant sèchement à sa réplique.
– C'est vrai qu'avec un prénom qui veut dire "qui est Dieu", tu y es vachement plus autorisée, ironisé-je amèrement.

Elle incline son visage en avant, se rengorgeant de la signification de son prénom, un rictus victorieux étirant ses lèvres scintillantes.

– Dommage que ton prénom soit aussi dégueulasse, conclus-je en abattant mes phalanges faiblement sur le bord de la paillasse, près de mon corps.

Michelle rosit sous l'émotion.

– C'est bas de la part d'une grosse.

J'avale de travers.

Parfois, on me dit que je suis trop sensible pour ce monde. Quelquefois, je suis d'accord. La phrase de Michelle vient planter une flèche empoisonnée droit dans mon cœur alors que je reste figée, Castille et Angelika me défendant.

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