Laësa.
I don't love you anymore.
The Cut That Always Bleed, Conan Gray.
*
I-44E, Missouri
4:20 pm
Je n'ai aucune idée d'où nous allons mais Theo a l'air de le savoir. Il conduit avec aisance sur l'autoroute, doublant parfois certains pick-up lorsqu'il s'avère nécessaire, ne protestant jamais contre les musiques qui passent dans l'habitacle, fredonnant parfois quelques paroles, ses pouces tapotant le cuir de son volant. Je lui fais confiance, nous verrons bien ce qu'il adviendra de moi, de nous plus tard. J'ai lancé lacy d'Olivia Rodrigo mais la chanson s'est arrêtée lorsque Theo a coupé le moteur pour aller nous chercher des trucs à manger en guise de goûter. Mon ventre a gargouillé parfois ainsi que le sien aussi et nous avons décidé de résoudre le problème en achetant à manger. J'ai quitté mes chaussures pour poser mes pieds sur le tableau de bord, terminant mon bronzage des jambes tout en guettant la sortie du Target dans lequel nous nous sommes garés.
Lorsque je suis seule, vraiment seule, face à face avec mes pensées, j'en viens parfois à me demander ce que font mes amis restés en France. J'échange énormément avec Evan, mon meilleur ami à qui je parle tous les jours malgré le décalage horaire de sept heures de plus à Montpellier. J'ai leur localisation sur mon téléphone, on s'envoie régulièrement des photos de nos positions respectives, eux sur la place de la Comédie en train de juger les passants en mangeant, moi dans une voiture, eux à Planet Ocean pour espionner une de mes meilleures amies Romane lors de son date avec sa nouvelle obsession.
Savoir qu'ils continuent leurs vies sans moi avec me fait mal au cœur d'une manière assez égoïste. Ils s'habituent à mon absence comme on s'habitue au départ d'un proche. Ils continuent de rire et de partager leurs journées avec les mêmes personnes depuis la seconde. Se rendent-ils compte de mon absence ou bien vis-je maintenant seulement dans leurs cœurs comme le souvenir fané d'un défunt ?
Il ouvre bruyamment la portière, pénétrant dans sa voiture sans remarquer mon léger sursaut lorsqu'il m'a tirée hors de mes pensées, les bras chargés par des mets. Il y a quelques marques connues et inconnues de gâteaux emballés, mais malgré mon envie flagrante de prendre les Oréos, Theo secoue la tête et me tend à la place du emballage de cookie dough. Mes lèvres s'étirent dans un sourire.
J'ignore depuis quand il connaît autant de choses sur moi. Cela me fait plaisir qu'il ne tâtonne pas en ma présence. Comme si notre alchimie d'avant ça n'avait été qu'uniquement mise en pause et non pas totalement brisée.
– Je savais que ça te ferait plaisir, bella, tu es toujours autant prévisible.
Ses mots me font rosir, autant que son but, me faire plaisir. Je déchire l'emballage et commence à savourer la pâte crue. De son côté, Theo recommence à conduire, le regard rivé sur la route. Ses cheveux blonds scintillent sous le soleil tandis que ses lèvres s'étirent dans un sourire. Mes yeux remontent le long de ses bras hâlés constellés de grains de beauté jusqu'à son visage. Ses yeux se froncent à cause des vifs rayons solaires, sûrement les derniers avant l'automne qui arrive doucement bien que rien dans le paysage missourien n'en témoigne. Sa tête se tourne et me surprend, mon regard sur lui. Instantanément, je rive le mien sur ma cuillère et enfourne une cuillerée pour user de l'excuse "je ne peux pas parler.
Quelle stupidité, putain.
– Désolé, marmonné-je.
Son rire à demi-camouflé me vient aux oreilles alors qu'il formule :
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RENEWAL
Lãng mạn« 𝐒𝐢 𝐩𝐚𝐫 𝐡𝐚𝐬𝐚𝐫𝐝 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮'𝐮𝐧 𝐚𝐩𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐮𝐬, 𝐣𝐞 𝐯𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐞 𝐭𝐮 𝐬𝐚𝐜𝐡𝐞𝐬, 𝐚𝐦𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐢𝐨, 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐞 𝐧'𝐚𝐢 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧 𝐫𝐞𝐠𝐫𝐞𝐭. » Laësa s'est envolée vers les États-Unis, fuyant sa famille brisé...