𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Laësa.

Sullivan, Missouri,
12 am

I don't care anymore.

WHERE ARE THEY NOW?? - emily jeffri

*

Je me souviens d'une fois où Teddy était venu me retrouver dans ma chambre parce que mon père avait tenu à m'expliquer une notion en maths jusqu'à très tard. Roulée en boule dans mon lit, j'avais souhaité très fort que quelqu'un passe le pas de la porte de ma chambre dans le but de me consoler.

Theodore l'a fait. Il s'est glissé à travers la fenêtre entrouverte et a passé la nuit entière à m'expliquer la même notion, avec patience et douceur. Il a préalablement séché mes larmes, réconfortée sans que j'aie besoin de lui dire un mot.

Auparavant, notre connexion était ainsi : parfois tellement puissante qu'on pouvait se comprendre sans parler à voix haute. Même après tout ce qui s'est passé, j'ai l'impression que bien qu'il se soit exilé il y a cinq ans, il a toujours cette capacité tandis que moi, non.

Alors en me voyant arriver en compagnie de Castille, malgré chacune de mes tentatives pour cacher les griffures infligées par Michelle, ses yeux se sont posés dessus. Mes joues m'ont brûlé et je me suis concentrée sur ce que disait Jade plutôt que sur l'étincelle qui les traverse avant qu'il ne fronce les sourcils.

Mon propre frère ne le voit pas et c'est mieux.

Je les rejoins sur la table de pique-nique que nous squattons et ouvre mon lunch avec gourmandise : ma mère m'a donné une poignée de framboises et une part pizza chèvre-miel froide, celle que j'ai mangée hier avec Thomas devant un de ses films d'horreur qui me cauchemarder toute la nuit.

Pourtant, je suis restée jusqu'au bout. Peut-être que grâce à cela, il ... J'ignore ce qu'il verra. Je tente uniquement de profiter des moments où il est avec moi. Seul. Moments qui se font de plus en plus rares, des inconnus parfois plus vieux que lui de trois ou quatre ans quittant notre maison lorsque je reviens du lycée. On dirait que je suis une petite fille dont les parents souhaitent que j'ignore leur commerce, et ça me tape sur les nerfs.

Parfois, on va aussi le chercher en garde-à-vue, avec Teddy, parce que Thomas a donné mon numéro aux flics qui m'appellent dès qu'ils l'attrapent. Cela fait trois fois déjà que je tire de la merde. A chaque fois c'est Theo qui paie la caution. Néanmoins, même si les Lovett ont un patrimoine financier important, ses ressources ne sont pas illimitées non plus. Un jour, mon frère devra bien se remettre sur le droit chemin, parce que joindre Teddy en urgence à des heures inhumaines pour aller le tirer d'affaire commence à nous agacer fortement.

Bref.

Je me sers mon jus d'orange, la seule boisson que je peux avaler sans que les bulles de gaz ne remontent dans mon nez tandis que toute la tablée s'échange des blagues et des observations dans un chaos tranquille. Je sens un sourire naître sur mon visage pendant que je sirote ma boisson, mes lunettes de soleil Gucci sur le nez quand j'entends mon téléphone vibrer à travers le tissu de mon sac. Je m'en empare alors que les derniers rayons du soleil estival m'inondent.

L'autre : Comment tu as eu ces griffures ?

Je roule des yeux en lisant son message, néanmoins touchée par sa présence d'esprit à m'envoyer un message pour s'assurer que je vais bien. Il le fait depuis toujours. Malgré le fait que Michelle m'aie menacé, je ne compte pas rester loin de lui. Sa présence m'apporte un sentiment de sécurité que mon frère savait produire en moi.

RENEWALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant