𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗 | 𝐓𝐇𝐄𝐎𝐃𝐎𝐑𝐄

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Theodore.

Sullivan, Missouri,
8 am

J'exhale la fumée, assis sur le siège passager de ma Lexus SC, une légère brise me donnant la chair de poule. Il est encore tôt, cependant je suis réveillé depuis les aurores. Les Mathieu doivent revenir de leur voyage dans les îles d'Outer Banks, en Caroline du Nord, en compagnie de leur père, dans la matinée.

Lucas avait hésité à me demander de venir avec eux, selon Thomas mais sa nouvelle copine, Sarah, lui avait réclamé de privilégier du temps avec ses enfants biologiques et à la création de leur nouvelle famille plutôt que d'emmener son filleul avec eux.

Non pas que cela me gêne, après tout je ne suis que son filleul, mais je ne comprends pas pourquoi la Sarah que j'ai déjà rencontrée dirige leur famille d'une main de fer - selon Laësa, voir légende de ses Tik Tok - sans que Lucas ne proteste. Après tout, c'est toujours lui le père, non ?

Toujours d'après Thomas, Laësa aurait fait le mur au moins trois fois en trois semaines d'absence.

Cette fille était incompréhensible. Délicieusement incompréhensible.

– Theo ! On te revoit l'année prochaine sur le terrain ?

Un groupe de gars de mon lycée m'avaient approché. Ils font partie de l'ancienne équipe de football américain, les Eagles. Rhys ricane, rejoint par ses acolytes, Matthew et Jeffrey.

– La Française n'est pas avec toi ? Elle est où, alors ? Peut-être dans mon lit, qu'est-ce que t'en dit ? On s'est bien amusés hier, elle et moi.

Je lève les yeux au ciel, saoulé par ses vaines tentatives pour me faire sortir de mes gonds. Il n'a rien trouvé de mieux, sérieusement ?

– Oh, je t'en prie, Rhys, on sait tous les deux que Laësa n'a jamais posé un pied dans ton lit de puceau, soufflé-je.

– Je t'emmerde, c'est toi le puceau ici, le défend Matthew en serrant les poings.

Parfois, l'égo parle plus vite que la raison. Dans ce cas, Matthew avait tellement honte d'avouer que c'était vrai qu'il a défendu sa propre cause avant même que Rhys, le principal concerné, n'ouvre la bouche. Quelques fois, je me rends compte que les filles ont raison. Nous sommes dictés par l'égo et peu savent ce que "réfléchir" veut dire.

– Et elle est au courant que t'as interdit à chaque mec de l'approcher ? me nargue Jeffrey en vissant sa casquette sur son front. Je veux dire, elle doit vouloir être libre, non ?

Je lui adresse une oeillade blasée et exhale tranquillement ma fumée de cigarette.

– En tout cas, je te déconseille de t'approcher d'elle, Gill, parce que tu pourrais le regretter.

Le reste de ma phrase est tacite : "parce que je suis un Lovett et que, sans moi, tu ne serais rien."

Jeffrey blêmit légèrement et recule de quelques pas. Au début d'année de freshmen, il y avait eu une rumeur selon laquelle mon père, Daniel, donnait de l'argent à l'école pour les aider à financer toutes sortes de choses, mais aussi j'étais une plate-forme pour la popularité des gens qui me fréquentaient, me rendant presque intouchable et respecté a travers tout le lycée.

Cette rumeur est vraie et je sais que personne n'oserait se mettre à dos Theodore Lovett, surtout pas lorsque nous nous apprêtons à passer un diplôme et à demander d'accéder à des universités disséminées sur le territoire.

– Tu ne la touches pas, tu ne la regarde pas, tu ne lui parles pas, estime-toi chanceux de la côtoyer et de partager le même air qu'elle, leur susurré-je d'un ton neutre, exactement pareil que si nous discutions à propos de la météo.

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