𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Laësa.

I can't save us.

Seafret, Atlantis.

*

Sullivan, Missouri

7:35 am

Le week-end s'est déroulé dans un brouillard épais, rempli de moments de solitude sur mon téléphone et des repas de "famille" lors duquel j'ai pu de nouveau apercevoir l'étendue de la mauvaise influence de Sarah sur mon père. Depuis le divorce, je ne le reconnais plus, mais je crois l'avoir déjà dit. Lui aussi dit la même chose que moi, et je pense que c'est ça le pire ; se retrouver accusé de faire la même chose que l'accusateur sans qu'il s'en rende compte.

– Elle est tout le temps derrière son téléphone, dans sa bulle, avait-il dit.

Ma psy, Coralie, avait hoché la tête.

– Vous ne voulez pas la déranger, c'est ça ? avait-elle compris.

Papa avait acquiescé, raide sur le canapé aracite du cabinet tandis que mes doigts jouaient nerveusement avec un morceau plié, trempé par mes larmes.

– Même son grand-père l'a remarqué, ajoute-t-il. Il la trouve inaccessible, froide et hautaine.

J'avais ravalé ce goût de bile qui m'était monté à la bouche. De nouvelles larmes avaient roulé sur mes joues mais ce n'était rien comparé à ce qu'il allait compléter après que Coralie lui ai demandé comment est-ce qu'il me trouvait.

– Je suis d'accord avec son grand-père.

Bref. Je n'ai partagé aucun moment convivial avec mon père ou avec Sarah, seulement enfermée dans ma chambre. Hier soir, nous sommes revenus chez Maman et j'ai eu l'impression de respirer une nouvelle fois après avoir passé une éternité en apnée. Quand ses bras se sont enroulés autour d'elle, je me suis sentie soulagée. Comme si ma maison était là où elle était. Bien qu'on se crie souvent dessus pour des raisons diverses et variées, ma mère est un de mes endroits les plus sûrs sur la Terre.

Ma main trace mon trait d'eye-liner d'un seul coup, allongeant considérablement mon regard. Je le rebouche sans me préoccuper de l'heure, avant de vérifier ma tenue grâce à ma glace posée sur mon bureau. Je m'assure que mes cheveux sont parfaits en les arrangeant mes mèches, puis je prends les anses de mon sac et dévale les escaliers.

La réalité me rattrape quand je constate la présence de la Lexus de Theo stationnée devant mon perron. Thomas est venu me voir après avoir fait dégager Rhys et m'avoir enfermée dans ma propre chambre pour me dire qu'il avait chargé des gens pour me surveiller. Autrement dit, Theodore. Le conducteur a baissé sa fenêtre pour me voir et attend patiemment que je grimpe à ses côtés.

Non, trop simple.

Je déglutis avec peine lorsque je passe devant sa voiture pour continuer jusqu'à l'arrêt de bus qui dessert mon lycée, sentant son regard me suivre et me brûler la peau. Mes doigts se resserrent autour du cuir des anses de mon sac, nerveuse tandis que j'entends les pneus crisser à ma suite.

– Monte, bella, m'enjoint Theo, roulant au pas.

– Non, refusé-je en accélérant.

Vendredi, j'ai entendu leur conversation car la porte de la chambre de Thomas n'était pas tout à fait close et qu'il parlait assez fort pour que mes amis à Montpellier l'entendent. Il souhaitait que Theo me protège ? Il s'agissait d'un aveu, celui de se prendre pour lui et étouffer dans l'œuf chacune des envies de liberté que je pouvais ressentir. Me couper les ailes que je venais juste de déployer, encore fragiles après être sortie du cocon, pour me les enlever. Un futur oiseau sans ailes.

RENEWALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant