𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Laësa.

Sullivan, Missouri,
6pm

En compagnie de Jade, Castille et sa sœur d'accueil, Rebecca, nous déambulons au cœur de la ville animée par ce jour de fête. Selon les locaux, ce soir, un feu d'artifice sera tiré pour célébrer l'Indépendance des anciennes colonies britanniques.

Pour le moment, tout le monde est sorti et s'occupe joyeusement. C'est dommage que des plages ne soient pas à proximité, car avec ce temps chaud et cet indice UV à 8, le temps se prête à bronzer. Néanmoins, nous sommes assises sous un arbre dont le vent fait bruisser ses fines branches au-dessus de nos têtes, mangeant des churros et aspirant nos granités avant qu'ils ne fondent.

La fine couverture étendue sous nos pieds nous sépare de l'herbe encore verte tandis que je m'allonge dessus, ma tête reposant sur les cuisses de Castille. Elle et moi avons fait plus ample connaissance et pris la décision de s'inscrire aux cheers pour vraiment vivre notre rêve américain, mais aussi d'adhérer à une salle de sport. Toutes les deux, même si Rebecca nous certifie que tout le lycée y est déjà membre et vient s'y entraîner deux fois par semaine, en moyenne.

– Vous vous connaissiez déjà avant de venir ici ? nous demande la sœur d'accueil de mon amie.

J'échange un regard avec Castille. Oui, nous sommes assez complices, mais pas au point que des gens pensent que nous nous sommes rencontrées ultérieurement à Sullivan. Nous pouffons en concert avant que je ne morde dans un churros et elle dans une poignée de frites.

– Non, explique-t-elle dès qu'elle a avalé. J'habitais dans le Nord et elle dans le Sud.

Rebecca acquiesce, ses boucles blondes rebondissant à chacun des mouvements effectués par sa tête. Elle aspire sa boisson glacée, puis la laisse tomber sur la nappe. Des petits oiseaux pépient au-dessus de nos têtes, cachés dans les branchages, renforçant l'atmosphère bucolique et irréelle de ce moment.

C'est un sentiment étrange de se dire que tout ça est bien vrai. Que ce n'est pas une de ces projections imaginaires que mon esprit crée parfois avant que je ne m'endorme. Que je suis véritablement aux Etats-Unis, pendant leur fête nationale, avant d'aller dans un lycée américain. C'est ma nouvelle réalité, motivée certes par des raisons assez dramatiques, mais c'est une vérité authentique.

– Vers Paris ? demande Jade après avoir remis du gloss sur ses lèvres.

je secoue la tête, tandis que Castille opine. Rebecca et Jade arquent un sourcil septique, ne comprenant pas pourquoi nos réactiosn diffèrent, néanmoins il faut les comprendre, un peu plus tôt dans la soirée, elles nous ont sorti que Madrid était un pays à lui tout seul tandis que Rome était la capitale de l'Espagne. Ce cliché sur la géographie des Ricains n'est pas faux, et c'est souvent très drôle de les prendre au dépourvu en leurs posant des questions comme celles-ci.

– J'habite à deux heures de Paris, explique Castille en se recoiffant sans y faire attention, rejetant ses cheveux caramel dans son dos. Avant, Reims, c'était là où on sacrait tous les rois.

Rebecca acquiesce en suçant sa sucette. Je pouffe de rire, avant d'expliquer à mon tour :

– J'habitais à plus de sept heures de Paris, vers Marseille, bref dans le Sud quoi.

– Oh, tu connais donc les plages espagnoles, glousse Jade.

Notre oeillade perplexe n'échappe pas aux deux Américaines qui éclatent de rire face à leur propre bêtise. Je me relève en position assise quand Jade commence à m'envoyer des regards d'alertes, quelque part dans mon dos.

– Laë', fait la voix de mon frère.

Je roule des yeux et tourne la tête. Le regard que je lui lance est dédaigneux, presque hautain, cependant c'est plus fort que moi, je ne peux pas éviter de le juger de cette manière. Aujourd'hui, mon frère porte un pull blanc qui renvoie les rayons du crépuscule.

– Tu devrais pas être à la maison ?

– Pour apprendre par cœur les résultats du bac de français de toute la France ?

– Parce que tu es punie, peut-être ?

Je me lève et fais face à mon jumeau. Je suis en colère, très en colère, c'est un sentiment que j'éprouve tout le temps depuis l'incident. J'en veux à Théo, j'en veux à Thomas, j'en veux à Papa, j'en veux à Maman, j'en veux à la Terre entière pour l'entièreté de tout ce qui nous est tombé dessus ces six derniers mois.

– Si c'est pour agir comme ma daronne tu peux dégager, Thomas, je lui indique d'un ton froid. Je suis occupé, à moins que tu ne sois aveugle.

Son regard parcourt les trois autres filles derrière moi. Il leurs sourit, usant des prétendus charmes que les filles aiment bien lui vanter. Je sais que Rebecca est au bord de l'AVC et que Jade ... bref.

– Je ne voulais pas te déranger en si bonne compagnie, souffle-t-il d'une voix douce.

Je lève les yeux au ciel, passablement ennuyée.

– Dégage, Thomas, tu pollues l'air.

Evidemment, mon frère ne m'écoute pas. Il s'assoit à ma place, près de Castille, et commence à se faire un sandwich avec les restes de notre repas.

– Théodore m'a raconté votre mésaventure, tout à l'heure, m'avoue-t-il en français pendant que je l'incendie du regard, toujours debout. Je sais que Noah te trompait avec Juliette et Charlotte.

Je pouffe devant son ignorance, avant de me pencher sur son dos pour récupérer ma boisson glacée.

– Il y en a eu d'autres, avant.

Comme piqué par un insecte, mon frère tourne vivement la tête pour m'analyser. Je ne sais pas pourquoi ils se sont échinés à me protéger tel une gamine de huit ans face aux contes de fées mais c'est inutile à présent. D'autres personnes ont bien rattrapé mon retard en termes de blessures, et j'en porte encore deux sur le corps, qui ne se refermeront pas avant bien longtemps.

– Qui ? gronde-t-il.

Je m'esclaffe.

– Pars.

– C'est si gentiment demandé, s'amuse-t-il.

Il voit bien dans mes yeux que je suis sérieuse. Presque à contrecœur, il se lève et tourne les talons, non sans avoir essayé de me déposer un bisou sur le front, que j'esquive avec habitude. C'était son geste qu'il avait vis-à-vis de moi et que Thomas le lui emprunte pince mon cœur.

– C'était qui ? s'intéressent-elles dès qu'il est parti.

Je soupire et m'asseoit.

– Mon frère.

– Mh, et tous les français sont aussi beaux ? se soucie Jade en nous partageant une œillade qui ne trompe pas.

Castille et moi secouant la tête en riant. Nous continuons à papoter ainsi toutes les quatre de tout et de rien, mangeant des churros et des bonbons ou allant rapidement faire un tour pour racheter à manger ou quatre bracelets. Un rouge pour Jade, un violet pour moi, rose pour Castille et jaune pour Rebecca au bout duquels pendent un fine breloque, aussi différent pour chacune de nous : des cerises pour Jade, un soleil pour moi, une fleur pour Castille et une sucette pour Rebecca.

Dès que le soleil s'est couché, nous admirons le feu d'artifice qui illumine le ciel. La tête posée sur les cuisses de Castille et celle de Jade reposant sur les miennes, je me sens bien. Si mon deuxième jour ressemble à ça, alors peut-être que tout ira bien, effectivement.

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Wassup bullet ?

Il est tard mais ... j'avais trop envie de poster :)

Thomas est énervant ... non ?

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XoXo, Nina 💋

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