𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Laësa.

Sullivan, Missouri,
5 pm

Aujourd'hui, c'est le 4 juillet, et toute la ville est en fête. Partout dans le voisinage, les maisons sont parées de couleurs bleues, rouges et blanches. Thomas est sorti pour une raison débile tandis que je suis privée de sortie à cause de ma soi-disant fugue à la fête de Jade.

C'est pour cela que je me retrouve en jogging et en haut bandeau, végétant sur le canapé, consultant mes résultats au bac de français.

J'expire longuement, logeant la tête sur le haut du canapé. Petit à petit, cette maison commence à être meublée. Des cadres trouvent leur place sur les murs, les cartons qui collaient les murs disparaissent à un rythme effarant.

Je pose mes pieds au sol, refermant mon ordinateur avant de monter dans ma chambre. Mon lit est arrivé et mon père accompagné de Thomas l'ont monté ce matin. Je retrouve mes draps et j'ai l'impression de revoir ma chambre telle qu'elle était à Montpellier, avant le déménagement.

Castille : 𝙾𝚗 𝚎𝚜𝚝 𝚍𝚎𝚑𝚘𝚛𝚜, 𝚝𝚞 𝚟𝚎𝚞𝚡 𝚗𝚘𝚞𝚜 𝚛𝚎𝚓𝚘𝚒𝚗𝚍𝚛𝚎 ?

J'ai eu le temps de prendre son numéro avant que Théodore ne débarque et que je ne vomisse pathétiquement devant lui. A propos, il m'a laissé affronter ma mère seule, à moitié bourrée, mon corps émettant une fragrance de drogue et elle en a conclu la pire chose possible, pour m'interdire de quitter la propriété.

Cependant, personne n'est actuellement à la maison. Thomas est parti dehors, Papa est parti rendre la voiture de location, Maman est au supermarché pour remplir le frigo. Je me renverse en position assise, et passe une main dans mes cheveux.

Je délaisse mon lit, m'éclipse dans mon armoire pour chercher une jupe à volants bleu marine ainsi que mes santiags. Je me change rapidement et je récupère mon téléphone. Entretemps, Noah a trouvé le temps de m'appeler.

Il réessaie. Cette fois, je décroche, je ne peux plus user de l'excuse du jetlag ou du décalage horaire. Je partage ma localisation avec les filles de mon groupe de danse et de fil en aiguille, Charlotte a dû lui dire que j'étais réveillée.

– Laë ! exulte-t-il.

– Laësa, corrigé-je d'un ton sec.

Il marque un temps d'arrêt, surpris par mon intervention.

– Excuse-moi ?

Je dévale mes escaliers, l'écran collé à l'oreille.

– J'accepte tes excuses, dis-je, enfilant une première botte.

– Pardon ? s'étonne-t-il, la voix chevrotante.

Mes lèvres s'étirent dans un rictus amusé. Je donnerais tout l'or du monde pour voir son visage interloqué à cet instant, sûrement à fumer dans un coin reculé d'une plage bondée de Biarritz pour les réseaux.

– Qu'est-ce que tu veux, Noah ? lui demandé-je, excédée, assise sur mon meuble à chaussures, prête à partir pour rejoindre la douce Castille.

Depuis l'autre bout du fil, je l'entends prendre une profonde inspiration. Son sketch me fait rire. S'il croit pouvoir me récupérer, il se fourre le doigt dans l'œil. Même si tout mon corps vibre à cette idée, l'idée qu'il veuille réellement me récupérer, arranger les choses avec moi, une autre partie de mon esprit, beaucoup plus rationnelle que l'autre, déclare juste qu'il me trompera à nouveau. Que je mérite mieux. Mieux qu'un trompeur compulsif qui se trouve toutes les excuses du monde pour se positionner comme une victime.

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