XXVII - La plage

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Petite salle de trois mètres sur quatre, les murs étaient neutre, seul un interphone avec combiné était accroché près de la porte qui pouvait être fermé par une serrure blindée. Comme toutes les autres pièces du complexe elle n'a pas de fenêtre. Les tables avaient été réorganisés pour permettre à l'installation de divers équipements et écrans. Dans la pièce se trouvaient outre Hubert Erstin, Delaunay, la psy et l'un des deux officier. Erstin était sanglé aux divers appareils et faisait face aux trois autres personnes.

- Donc vous nous dites que vous êtes passé dans une réalité alternative, à quoi ça ressemble ? comment choisir la bonne ? Demanda la psychologue.
- Et tout ce fourbi électronique accroché à moi, c'est bien nécessaire?
Hubert était relié à divers moniteurs, encéphalogramme, électrocardiogramme, moniteur de tension et de transpiration et détecteur de mensonges.
- Oui, on aime bien être sûr. Répliqua l'officier.
- Soit. Pour commencer il y plein de choses que je ne sais pas expliquer.
- Comme quoi par exemple ?
- Comme comment ouvrir une brèche pour arriver sur la plage.
- Soyez plus clair, s'il vous plaît.
- Je vais faire simple, je ne sait pas ouvrir la porte pour passer dans le sas. C'est plus clair ?
- Ça n'explique pas vos dires.
- Non en effet et j'en suis navré. Il baissa les yeux. La brèche a été ouverte de l'extérieur par mon moi non physique, mon âme, ma psyché appelez cela comme vous voulez, je ne suis pas calé dans les trucs psy. Il tourna sa tête vers la psy. Il reprit sa respiration.
J'ai été invité à la traverser et je vais utiliser un terme qui somme toute est assez banal mais qui n'est ni juste ni ne représente totalement ce que j'ai vu de l'autre côté néanmoins je l'utiliserai parce qu'en ayant cherché ce qui caractérise le mieux cet espace c'est le moins pire et le plus commun. Je me suis retrouvé devant ce que je peux appeler une "plage", même si en fait il n'y a pas de mer, j'aurai pu utiliser le mot sablier, mais cela ne me plait pas trop ou bien sablière mais voilà je préfère "plage". Grand silence songeur. Peut-être devrais-je utiliser le terme désert, enfin ce n'est que de la terminologie. Il haussa les épaules et leva les paumes de ces mains dans un geste rapide.
- C'est quasi divin de pouvoir nommer les choses, lâcha la psy. Les autres se tournèrent vers elle, le regard noir. Elle leur rendit leurs regards.
- Et ?
- La première fois que je l'ai vu j'étais placé en hauteur et elle s'étendait devant moi à l'infini. La psy fit un mouvement de main du genre "je vous l'avais bien dit". Le ciel était l'espace noir avec des centaines de milliers d'étoiles qui brillaient et éclairaient cette plage. Je n'avais à aucun moment la sensation d'être dans le noir ou d'être en pleine nuit. Ce fabuleux spectacle était accompagné d'un bruit de cliquetis comme des billes qui s'entrechoquaient et qui dévalaient une pente. Quand je me retournais je voyais d'imposantes pyramides aux sommets desquels s'écoulaient des grains de sables quasiment en continu comme dans un sablier. C'était une plage que je n'avais jamais vu auparavant, avec des couleurs fantastiques, c'était totalement psychédélique. Elle s'étendait à l'infini où que mon regard se porte.

Je me rapprochait pour voir de plus prêt ce qu'il en était et je me rendis compte que ce que je prenais pour des grains de sable en fait étaient des billes, vous savez celle avec lesquelles on jouait lorsque nous étions minots. Il fit un tour d'horizon des visages, seul Delaunay n'avait pas de réaction.
J'ai volé durant ce qui semble être des heures pour ne voir que cette immense plage lorsque j'ai pris conscience que des monticules se formaient sous mes yeux. Ils se formaient à des vitesses différentes. Je m'intéressais à un monticules avec des reflets blanc. Je le touchais et je me retrouvais projeté au milieu d'un monde glacial, apparemment sans vie, battu par des vents coupant comme des rasoirs, j'étais frigorifié. Il se contracta comme s'il avait encore froid.
- Et que c'est-il passé ? Demanda l'officier.
- Je retirait la main d'un coup pour revenir à la plage bien content de ne pas être mort de froid.
Il but un verre d'eau qui était posé sur une petite table informe.
- J'en arrivais à la conclusion que si je touchais un tas alors je serai projeté dans une réalité alternative en partant du postulat que la plage était l'ensemble des réalités alternatives de notre bonne vieille terre.
- Et cela s'est-il révélé juste ?
- En effet, j'ai réessayé avec un autre tas, les billes étaient différentes, le dessin que je pouvais voir sur ces billes ressemblait assez à la notre terre. Je touchais le tas et me suis retrouvé au milieu d'une jungle luxuriante mais ce qui était étrange c'était cette impression de double exposition... Il se gratte le menton. Comment dire c'était comme s'il y avait deux photos qui se superposaient mais là il y avait des dizaines d'images les unes sur les autres c'était décontenançant au possible.
- Vous avez une explication à ce phénomène ?
- Oui je pense, j'ai continué à réfléchir et tenter de comprendre comment cela marchait. En bref, chaque bille de cette immense plage est une réalité alternative, et si je ne me trompe pas, une pyramide de "sable" représente un changement important dans l'histoire de la terre alternative et chaque grain un changement mineur. Ainsi le tas blanc c'était une évolution vers une terre qui à un moment donné a pris une direction... Heu... Glaciale pour une raison ou une autre.
- C'est ça ou vous avez remonté le temps ?
Difficile à dire je ne me suis pas attardé sur cette question. A partir du moment où j'ai compris comment cela fonctionnait j'ai commencé à chercher des pistes exploitables.
- Comment avez-vous fait ?
- J'ai commençais par les couleurs. J'ai écarté tout ce qui était blanc, jaune, rouge, bleu, gris et noir...
Il ne reste que le vert et le violet !
Grosso modo c'est ça, mais le violet, ça ne m'inspire pas trop confiance, si vous voyez ce que je veux dire... Bon, en étant un peu plus subtil, il me fallait un temps soit peu retrouver les caractéristique de cette bonne vieille terre. Blanc, bleu et vert globalement. Ce qui donne encore une infinité de choix, puis les motifs, autant faire ce peu que cela ressemble à la disposition de notre planète. Beaucoup d'eau, des forêts et des pôles équilibré et la forme globale de nos continents.
- Mais le gris par exemple, un monde développé technologiquement...
- Où totalement pollué, charbon, cendres, radiations, vous voulez que je continue.
- Non, néanmoins si on se base sur une idée de fréquence. Plus le tas est gros et avec beaucoup de "billes" qui s'écoulent plus il y a d'interactions, plus il est petit donc le monde est mort ou sans intérêt...
- En effet et pour revenir sur les mondes gris, à mon sens des technologies steampunk je vois pas trop l'intérêt !
- Et en ce qui concerne le monde avec un potentiel, pouvez-vous nous en dire plus ?
- Aussi bizarre que cela puisse paraître je me suis réveiller dans un lit, une pièce et entourer des même personnes qu'ici.
- Cela peut être un effet de paramnésie ou déjà-vu, qui peu s'expliquer par la nécessité du cerveau à régler un conflit interne ou paradoxe et qui... Elle se fit couper net dans ces explications. Elle fit un geste d'exaspération.
- Pas du tout parce que je comprenais une langue qui m'était totalement inconnu, je la parlais aussi sans difficulté et bien plus tard j'avais accès à des informations de mon moi dans ce monde que j'appellerai "Terralantis". Vous connaissez l'histoire de l'Atlantide et bien dans le tas que j'ai choisi, elle a existait ainsi que son ennemi juré l'île de Mû. Leur histoire commence il y a 13000 ans environs. Durant près de 3000 ans les deux îles connurent la paix et la prospérité jusqu'au jour l'une déclara la guerre à l'autre. Et cela se finit par l'équivalent d'une guerre nucléaire qui détruisit toutes traces de vies sur terre. Mais avant que cela n'arrive, des membres de chaque nation purent s'enfuir et se réfugier sur la lune et sur mars où ils installèrent des colonies qui prospèrent cahin-caha jusqu'à la décision de rentrer sur terre, il y a environ 1000 ans. Pour cela ils placèrent des stations spatiales autour de la terre afin de mettre en place un avant poste et démarrer un programme de retour sur terre mais ils devaient surmonter nombres de problèmes. La pollution de l'air qui ne correspond ni à ce qu'ils respiraient sur la lune ni à celle de mars. La gravité qui sont bien différentes sur les trois astres. Le climat, le cycle de nuit et jour, la faune et flore de la terre, l'électromagnétisme, etc. Bref pour cela ils ont dû construire un avant poste sur terre grâce à des cyberclones commandés depuis l'espace. Afin de créer une civilisation d'humains génétiquement adaptés à la vie sur terre. Après de multitudes expériences pour ne pas dire des milliers ils sont sur le point de produire les premiers corps sains. Comme partout sur cette planète il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, et quand des religions viennent s'y mêler ce n'est pas toujours gagné et il semblerait que des saboteurs fassent parti du grand jeu.
- Bravo, c'est une jolie histoire que voilà ! C'est bien gentil tout ça mais imaginons l'impossible et si des "ET" super puissants débarquaient ici, je ne vois pas trop ce que ce monde peut nous apporter... Lança l'officier.
- Et bien, ce n'est qu'un début, je vous l'ai dit la plage s'étend à perte de vue alors cela veut dire qu'il est statistiquement possible qu'il y ait des mondes plus avancés... Beaucoup plus...

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