VI - Renaissance

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Je m'enfonçais dans la grotte. Après quelques pas j'étais totalement plonger dans le noir, la lumière ne m'accompagnait plus. J'errais comme une âme en peine. Au bout d'un moment je perçus une lumière. J'arrivais au cénote. Les fleurs avaient disparu.
Je m'installais près de l'eau, je pris par réflexes quelques cailloux que je lançais un à un dans le lac. Des cercles d'eau se formèrent, qui créèrent des ondulations se transformant en vaguelettes qui vinrent me mouiller les pieds.
L'eau était agréable, je prenais du plaisir à avoir les pieds ainsi mouillés. Cela me sorti de ma torpeur. Et je repassais les derniers événements, mon arrivée au cénote sans problème majeur, les cailloux, les ondulations, la sensation sur mes doigts de pieds.
Des doigts de pieds !
Je me penchais au-dessus de l'eau et je fut surpris. Surpris de me voir, de voir mon reflet. De voir que malgré ma mort rien n'avait changer. Les même cheveux mi-long, brun. Même sourcils fournis et épais qui marquent la limite entre mon visage carré quoi qu'un peu décharné et mon front haut. Mes grands yeux riants et un rictus qui pouvait difficilement passer pour un sourire. Je me retrouvais face à moi-même, j'avais l'impression de m'être oublié et de redécouvrir qui je suis/étais.
Je pénétrais dans l'eau. J'avançais pas à pas ressentant sa présence à chacun de mes mouvements. Malgré la chaleur, j'en avais les poils hérissés. Je finis par plonger. Je me sentais, c'est idiot à dire, revivre. Je restais ainsi sous l'eau à nager. Soudain, je fut arrêté, je ne pouvais plus avancer. Je fus pris de panique, je me débattais dans l'eau. L'air s'échappait de mes poumons. Je finis par sortir la tête de l'eau. En fait non ! J'étais aspiré. J'étais au milieu de la colonne de lumière qui provenait de l'ouverture du cénote. Je flottait dans les airs. Je récupérais ma respiration. Mon corps se plaçait naturellement en position verticale. Je me sentais bien, bizarrement une douce chaleur m'envahissait. Encore une sensation de bien être et de douceur que j'appréciais.
J'ai eu un haut le cœur, un soubresaut d'angoisse. Ma vision se brouille, je ne vois plus que de vagues couleurs, puis des flashes blancs et noirs. Une douleur atroce à gauche dans la poitrine. En même temps ma cage thoracique était en feu. Je me contractais, plié de douleurs. Douleur tellement intolérable que je ne peux même pas exprimer par des cris tellement elle était irritée. Mon cœur s'était remis à battre, le sang affluait dans mes veines, veinules, capillaires. Des images défilent devant mes yeux, je n'ai pas le temps de les comprendre. J'haletais. Je réapprenais à respirer. Je reprenais mon souffle comme après une noyade. La gorge, la trachée, mes poumons tout était en feu, cette irrigation de vie était insupportable. Je toussais, et crachait en même temps. Je faisais attention à respirer doucement afin de ne pas trop souffrir, mon cœur battait à la chamade à la recherche du moindre atome d'oxygène.
Je continuais à m'élever dans les airs, j'étais à peine à la moitié de la hauteur du cénote. Peu à peu ma vision revint à la normale. Difficilement je retrouvais le contrôle de ma respiration pendant que mon cœur continuait à pomper à toute vitesse.
J'ai dépassé le toit du cénote, devant moi s'ouvrait un nouvel horizon bleu violet. Au sol des milliers de carapaces de scarabée, enfin c'est la première impression qui m'est venue en les voyant. Pour ce que j'en ai pu voir, elles étaient rangées en cercles concentrique autour du trou. Elles étaient noires et luisantes, à une certaine hauteur elle m'éblouissaient en me renvoyant la lumière du soleil. C'est à peu près à cet instant que mon élévation s'arrêta. J'ai entendu dans ma tête un seul mot : "CHOPER !"
J'ai senti un violant impact sur ma gauche. Puis ce fut le trou noir.

Je me réveillais une nouvelle fois attaché, poignets et chevilles contre une haute paroie. Les liens invisibles me coupaient la circulation du sang. J'étais exposé en plein soleil, il faisait chaud mais sans plus. Une dizaine de scarabées étaient devant moi formant un demi-cercle. Je tirais sur mes liens et rien n'y faisait, j'arrivais à décoller mon poignet gauche de quelques centimètres et puis il retournait à sa place, mon poing frappant violemment la roche.

Note :
Plus ça aller et plus j'avais l'impression de me retrouver dans la peau de John Carter.

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