IX - Allier ?

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Je sens le sol froid, froid et palpitant. J'entends un léger vrombissement irrégulier. Ce sol n'est pas désagréable, presque moelleux. J'ouvre les yeux, je suis dans une sorte de pénombre, à partir d'une certaine hauteur tout est lumineux sans pour autant être agressif. La pièce me semble être gigantesque. J'ai une vague impression de déjà vu.

Je m'assois. J'entends des bruits de pas qui se rapprochent. Je me met debout, en garde.
- Votre garde est trop haute ! Me dit une voix devant moi, mais dont je ne vois pas encore le propriétaire. Et si vraiment j'étais là pour vous faire du mal, je vous aurais ligoté, n'est-il pas ?
Les pas continuaient à avancer vers moi.
- Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Que me voulez-vous ? Cette impression de déjà vu se renforce.
- Calmez-vous vous aurez toutes vos réponses en temps voulu.
Je vois apparaître comme sorti d'une sorte de brouillard une créature assez hideuse qui ressemble assez à celles que j'avais d'aider. Elle fait environ un mètre soixante dix. Deux grandes jambes très fines articulées comme nous et quatre bras tout aussi fin finis soit par des mains à quatre doigts soit par des griffes. Le plus choquant dans ce portrait c'est la tête, un visage poupin. En fait il s'agissait d'un visage d'un jeune garçons, dans la dizaine d'années. La tête est incrustée au corps, quatre grandes antennes sont placée sur la tête. Le visage contraste avec le reste du corps très sombre par une peau blanche encadré de mèches blondes. Ses yeux sont marrons et perçant.
J'écarquillais les yeux surpris de voir cette créature mais plus sûrement de me rendre compte qu'elle me parlait avec un accent assez britannique.

- Bienvenue, humain !
- Ouais c'est ça !
- Plait-il ?
- Non, non, rien. Heu... Au fait, je suis nu là.
- Oui et ?
- Et bien ça me dérange !
- Moi aussi je suis nu, et ça n'a pas l'air de vous déranger plus que ça ?
- Non, en effet !
- Bon alors vous vous y ferez ! De toute manière vous n'êtes ni mon genre, ni de la bonne espèce.

- Pour simplifier et donner une image réductrice vous êtes ici chez vous ! Il fait un grand sourire et écarte grand ces bras.
- Comment ça chez moi, j'ai une maison à...
- Tu. Tu. Tu... C'est fini tout ça ! C'est du passé.
...

...
- Théoriquement ce vaisseau est votre point d'ancrage ! Vous reviendrez toujours ici. Quoi qu'il arrive. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sait rien. En haussant les épaules.
...

...
- Et vous êtes mort !
- Oui, il faisait tellement chaud que j'ai été carbonisé sur place...
- Et bien ce n'est pas la première ni la dernière fois, c'est juste une question d'habitude.
- Et bien vous n'allez jamais par quatre chemins vous !
- En effet, c'est une question d'efficacité.
Imaginez ma tête d'effaré.
- En fait, vous avez la capacité d'ouvrir des brèches.
- Ouvrir des bières je sais mais des brèches !
- C'est un peu pareille mais là c'est dans l'espace temps. Le soucis c'est que vous savez d'où vous partez mais pas où vous allez. Il montre une carte 3D de l'univers. De manière assez schématique, vous êtes là au départ puis vous vous retrouvez là juste après, mais il y a aussi les voyages dans le temps et les dimensions parallèles. L'image 3D se multiplie à l'infinie. Ça complique un chouïa les possibilités de statistiques, si vous voyez ce que je veux dire. Et de toute manière en physique quantique tout est possible...
- ...
- Non ? Ha, vous n'êtes pas matheu à ce qu'on dirait. Il se gratte la tête.
- Si, si... Je... comprends. C'est juste que c'est un peu frais et que je dois absorber beaucoup d'informations à la fois.
- Désolé ! Il hausse les épaules et lève ces quatre paumes de mains en l'air d'un air désolé.
- En fait, c'est un peu comme "je ne pourrais plus jamais revoir ma femme et mon fils"...
- Votre fils ! Dit avec un ton aigu proche de l'hystérie. C'est bien ça que vous avez dit ? Un enfant, un avorton, un rejeton, un clone, une réplique combinée d'ADN de vous et d'une autre créature de votre espèce ? Il marche en long et en large puis s'arrête à quelques centimètres de moi. Ce n'est pas possible ! Vous n'avez pas le droit ! Il est vraiment hystérique. Mais, mais, mais... C'est impossible ! C'est catastrophique, cataclysmique !
- C'est juste un enfant.
- Non, ce n'est pas juste un enfant. Il hurle presque. C'est un problème à l'échelle de l'univers, des multi-univers même ! S'il avait pu me postillonner dessus il l'aurait fait.
- Juste ça ! J'en mène pas large à cet instant.
- Vous n'avez pas d'autres mauvaises nouvelles à m'annoncer ?
- Bon bien, nous devrions le retrouver et le ramener ici afin de le protéger.
- Protéger de quoi ? Non, c'est très bien que nous soyons loin de lui...
- Le pro-té-ger ! Dis-je en espaçant bien les syllabes.

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