Brèches

XII - Isolement

Cela faisait plusieurs jours que je tournais dans cette coque de noix métallique sans voir personne. Je tentais de découvrir ce vaisseau. Très rapidement je me suis rendu compte que je revenais invariablement à ma cellule. Cellule, oui c'est comme cela que j'appelle l'endroit ou je dors, je lis, je "vis". En fait, je ne trouve pas d'autre nom. C'est à la fois monacale et carcéral. Quoi qu'il arrive en liberté surveillée ! Il y a une dizaine de pièces et de couloirs, pas forcément en enfilade mais néanmoins qui forment une boucle pour revenir à ma cellule.
Le reste du temps je tentais des expériences pour me projeter. Mais cela ne fonctionnait pas, j'étais déçu et dépité.
Après l'euphorie de cette expérience, a suivi la rage et la colère puis le dépit. Je me laissais aller, j'avais l'impression de ne plus avoir de force ni d'énergie pour quoi que ce soit. Malgré tout je me forçais à marcher. Marcher pour faire le point, marcher parce qu'il faut avancer, avancer. C'est alors que je suis rendu compte que le nombre de pièces et de couloirs diminuait. Au début j'attribuais cela à mon désespoir qui grandissais de jour en jours sans pouvoir me reconnecter à moi. J'avais l'impression d'être dans un cercle infernal plus je déprimais moins il y avait de couloirs et de pièces, plus cela alimentait mon désespoir. Cela me terrorisa parce que c'était bien cela. Ma liberté se rétrécissais de jours en jours. Qu'attendait-on de moi ?
Allais-je enfin rencontrer quelqu'un d'autre que le criquet géant ?
Aurais-je des explications sur ma situation ?