Cela fait trois semaines que je suis prisonnier.
Ce n'est pas le décompte des jours qui me permet de le savoir. Je l'ai entendu. Entendu de mes geôliers. Je ne sait pas pourquoi je suis prisonnier. Je ne sais rien. Je ne comprends pas ce qui ce passe. Je deviens fou. Au début j'ai hurlé, frappé les murs, la porte. J'ai tiré sur les barreaux de ma prison mais rien n'a fait. Je me suis effondré après plusieurs heures la gorge brûlante, les poings meurtris, les yeux gonflés de larmes. Et j'ai dormi. Des cauchemars m'ont assailli.Nuit noir, sombre comme un four. Je me réveille d'un coup. Je me rendors, je ne comprends pas. Toujours ce noir. J'ai les poings liées avec une sangle en plastique. les pieds aussi on dirait. Je sens les cahots de la route. Mes muscles sont tellement endoloris que c'en est inconfortable. Je hurle de douleur. Je reçoit un coup au ventre et me tord de douleur. Un sac me recouvre la tête, je sens le lien qui sert légèrement mon cou. Je mors le sac en même temps que je me mords la lèvre. Le goût du sang se répands dans ma bouche. Je sens la condensation de ma respiration sur ce textile qui colle légèrement à mon visage.
J'étais allongé sur un sol froid quand j'ai repris mes esprits. J'étais dans une pièce en béton, sans mobilier. Un trou dans le sol pour faire mes besoins. Libre mais prisonnier, prisonnier de cette pièce, prisonnier de mes peurs, prisonnier de ce corps. Une lumière criarde qui m'éclaire. La pièce a une fenêtre en verre blindé et à barreaux et une lourde porte. La lumière s'éteint pour m'indiquer l'heure de mes cauchemars et se rallume pour me rappeler que je suis prisonnier. J'essaie de garder le compte des jours et des nuits, mais à quoi cela m'avance-t-il?
Je me raccroche à mon passé, à Nathan mon fils, à Daniela ma femme , à mes souvenirs les seuls choses qui me restent pour ne pas devenir fou. Mon esprit saute de l'un à l'autre sans aucune cohérence. Je pleure.Je me revois à mon travail dans les années quatre-vingt à San Francisco. C'était après mon doctorat en mathématiques, j'étais tout frais émoulu de l'université et je faisait mes premiers pas dans le monde du travail. Une banque m'avait recruté, moi et des dizaine d'autres jeunes ou moins jeunes qui n'avaient aucune connaissance en finance mais qui savaient créer des algorithmes et savaient les retranscrire. Ils payaient bien. La banque voulait accélérer les processus de décision. Nous étions une cinquantaine à travailler dans un grand open-space, chacun avec un son ordinateur flambant neuf. Ils n'avaient pas lésiné sur les moyens ! J'entends encore le crépitement des claviers, des disques durs et des bandes de sauvegardes. Le voyant vert sur l'écran clignote longtemps. Des lettres apparaissent, je peux les déchiffrer mais je ne comprends pas le sens de ce que je lis. Le mot se répète à l'infini. Un sentiment de peur m'envahit.
Je me réveille en sursaut. L'angoisse me sert la gorge, je me remet à pleurer. Je ne comprends pas.
Ils commencent leurs tortures. J'ai été réveillé par un flash de lumière et une odeur d'embruns. La lumière était différente, pas le même puissance que ce néon qui m'éclaire depuis des jours. En même temps j'ai ressenti une impression de douceur dans cette lumière, de la chaleur que je n'avais pas ressenti depuis des semaines. Et cette odeur, pourquoi cette odeur de mer. Plus tard dans la nuit ou une autre nuit, il y a une lumière qui m'illumine, chaude et douce comme lors du flash accompagné de cette odeur de bord de mer. Je sent cet air qui ampli la pièce, donnant un coup de frais. J'entends aussi le bruit des vagues et les cris des oiseaux de mer. Cette lumière reste un moment. Je me rapproche et disparaît lorsque je tends la main vers elle. Je m'en veux de m'être laissé avoir par cette illusion.
A mon réveille je m'interroge longuement sur ce que j'ai vécu durant la nuit. L'ont-ils fait exprès? Ai-je rêvé? Suis-je victime d'hallucinations? Ma journée se passe ainsi toujours avec ces questionnements sans réponse m'approchant de la folie. Et pourtant l'air dans ma cellule semble bien plus léger, ionisé, revigorant.
Nouvelle nuit, la lumière vient de nouveau me réveillé, l'air est léger, ionisé, chaud comme le annonciateur d'un orage. Le diamètre de la lumière est bien plus grand que les jours précédents. Je m'avance et je vois le ciel bleu, bleu comme jamais je ne l'avais vu auparavant, ou peut-être ai-je oublié que ce bleu existais et que je l'avais déjà vu. Vu dans mon enfance. Les mouettes, les cormorans, les fous de bassan s'en donnent à cœur joie. Il volent, plongent dans l'eau, ils sont libre. Je m'avance encore pour mieux voir, il y a des gens sur la plage plus loin. J'avance ma main comme pour les toucher et elle traverse le mur. Je sent la chaleur du soleil sur mon bras, la fraîcheur de l'air fait hérisser mes poils. Je frissonne. Je passe ma tête et j'appelle à l'aide mais rien ne se passe. Je suis peut-être trop loin...
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Brèches
Science FictionFait prisonnier pour des raisons mystérieuses, notre héros commence à avoir des hallucinations mais... I - Prisonnier II - courriers III - Ailleurs IV - Mort V - quatre minutes VI - Renaissance VII - Créatures VIII - Émotions IX - Allier ? X - Im-p...