XI - Projection

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Je retournais dans ma cellule, enfin mon appartement dans cet immense coque de noix métallique.
Il y avait un truc qui à la fois me dérangeait et m'intriguait. C'est de ne pas comprendre ce que je suis, de pas comprendre ce que je faisais ici, et surtout pourquoi mon enfant pouvait autant le terrifier. C'est vrai j'ai un corps des sensation et pourtant mon corps physique se trouve ailleurs ! Soit je suis fou soit on me ment !
D'ailleurs j'ai exploré toutes les théories pour tenter de rejoindre mon corps et pourtant mon nouvel ""ami"" m'a paru très efficace à casser toutes mes propositions. Et c'est renfermé suite à l'annonce de mon fils.
De plus et c'est un grand classique de la littérature, le voyage et toujours très long dans un sens ou dans l'autre ! En effet comment j'ai pu me retrouver ici en si peu de temps ?Enfin j'ai cette impression qu'il ne s'est pas écoulé si longtemps entre mon emprisonnement et mon arrivée ici. Pourquoi me faudrait-il des années lumières pour retourner sur terre ? C'est quand même étonnant, non ? On me cache trop de choses. Je finirai bien par découvrir de quoi il s'agit.
Dans mon temps libre, et j'en ai énormément. Je passe le plus clair de mon temps à imaginer une solution pour retrouver mon corps et mon fils, c'en est même devenu une angoissant obsédante. Ayant fait le tour de toutes les grandes théories classiques et physique de la science et des fictions, j'explore d'autres possibilités qui sont hors de mon champ de connaissance et que je nommerai gentiment " new age ". Pas très au fait sur de tels sujets, je laisse de côté mon esprit rationnel. Et cela commence à devenir du grand n'importe quoi ! Pour commencer, je serai déjà hors de mon corps, je devrait donc y rentrer à nouveau ! Ça doit être possible, genre la télépathie ou autres techniques style projection astrale... Ensuite, c'est que je n'avais aucune idée de comment faire, enfin si plus ou moins surtout vu à la télé et quelques livres de méditation à peine lu et abandonnés sur une étagère. Respirer faire le vide... Et après, faire le vide ça veut dire quoi ? J'étais tel un ours en cage, cage bien trop petite.

Je m'endormais.
Je rêvais.
L'espace dans toute ça beauté étoilée, mais un ciel qui n'est pas pur. Un ciel voilé, les étoiles brillent d'une pâle lueur. Je me tourne et retourne pour voir cette merveille. Devant ce spectacle majestueux, mon regard est attiré par une étoile qui brille plus fortement, pleine vigueur dans ce tableau sidéral bien morne. Je me dirige vers elle. Le ciel change, des traînée lumineuses se dessinent partout autour de moi, comme lors d'une exposition longue en photographie, je voyage plus vite que la lumière. En quelques instants j'y suis, les traits de lumière s'estompent autour de moi. Je vois la planète bleue, la terre, je suis en orbite. Elle est magnifique, même si ce que je vois c'est sa face cachée. Les lumières des villes m'aident à comprendre que l'Europe est déjà plongée dans la nuit, la côte africaine à l'ouest n'est pas encore totalement obscurcie. Pourtant ce n'ai pas le soleil qui m'a attiré, c'est autre chose, c'est sur terre. Je m'approche, c'est fou à la vitesse où je vais, cela me donne le vertige parce que n'ai aucun repère comme les traînées de lumières blanches. J'ai traversé l'atmosphère en un souffle. Je suis au dessus de la France. Je jouis du spectacles qui m'est offert par les lumières qui éclairent la nuit les métropoles françaises et européennes. Malgré cette ambiance lumineuse, je perçois toujours cette lumière qui m'appelle. Je me précipite vers elle, je traverse la terre pour m'enfoncer dans ces entrailles. Je navigue dans le noir, un noir plus absolu que la nuit, plus oppressant qu'une nuit de terreur pour en enfant apeuré lors d'un orage. Un noir qui m'écrase, m'etouffe, me broie. La lumière est pâle, elle aussi écrasée, mais elle me guide, m'attire, dans ce noir profond c'est la seule chose que je perçois. J'émerge dans une salle immense et lumineuse. Je ferme les yeux temps cela l'aveugle. Respiration, enfin après cette terrible apnée. Il y a un corps, entouré de dizaines de personnes en blouse et masque. Ce corps est ma lumière, je le touche presque. Je suis à quelques centimètres. C'est moi !
Fracas !
Impossible !
Il y a un mur invisible entre lui et moi.
Impensable. !
Le corps subit un soubresaut. Une partie des hommes en blouse se penchent sur moi, qui m'auscultant, qui surveillant les appareils de monitoring. Des ordres fusent, la fourmilière est en ébullition.
Je tente à nouveau de m'approcher et à nouveau je me fracasse, le corps lui aussi réagit. Je perds les pédales frustré et encore une fois, encore et encore je me fracasse contre ce mur invisible qui nous sépare. Mon corps désarticulé lui aussi réagit avec violence à ma présence. Une partie de mes intraveineuses sont arrachées, les hommes en blancs se saisissent de moi pour tenter de l'immobiliser. Mon corps dans ces mouvements désordonnés réussit à en éjecter deux, dont un qui saigne abondemment de l'arcade sourcilière. Je suis tel un animal à qui l'on fait une promesse, mais qui ne sera jamais tenue, par cruauté. Je ne ressens pas de douleur que de la colère, colère sombre, terrible viscérale. Tout ce chemin pour en arriver là. Tout ça pour ça. Je hurle ma colère mais personne ne l'entends.

Je me réveille.
Je suis en sueur.
Je suis en colère.
Je suis frustré.
Je suis en larme.

J'étais si près du but.
Serait-ce le moyen de retrouver mon corps ?

BrèchesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant