Brèches

IV - Mort

Il fallait bien me rendre à l'évidence que soit j'étais devenu fou ou rendu fou ou soit effectivement j'étais ailleurs. Je préférais de loin la folie.
Je passais ainsi une partie de la nuit à trouver un moyen pour me mettre à l'aise et ne pas être trop engourdi et à cogiter en tout sens pour comprendre ce qui m'arrivais. Je me rendais compte que tout le temps que j'avais passé ici, c'était passé dans un silence quasi religieux. Maintenant montais de toutes parts des bruits stridents, claquements et chants que pouvaient produire quelques animaux ou insectes. Ces bruits emplissaient l'atmosphère comme une symphonie désaccordée, qui me laissait entrevoir qu'il ne s'agissait pas que d'un désert. Entre temps une troisième lune c'était levée plus rapide que les deux autres. Elle quittait l'horizon à ma droite lorsque les premiers rayons du soleil commençaient à poindre. Les bruits diminuaient à force que le soleil grimpait dans le ciel et que la chaleur augmentait. Bien qu'encore à l'ombre la chaleur devenait insupportable, j'étais à la fois heureux d'être nu et en même temps regrettait la présence du lac souterrain tout à proximité ou de pas être mieux installé sous le promontoire.
Je transpirais à grosses gouttes de tout les pores de ma peau. La poussière se collait à moi comme de la farine sur un poisson à frire. L'image n'est pas très jolie mais c'est vraiment à cela que cela me faisait penser. Le sol était brûlant. J'avais l'impression de revivre l'expérience de la grenouille plongée dans de l'eau qui était portée à ébullition, contrairement à elle j'aurais fuit depuis longtemps. Ma peau commençais à rougir, puis à cloquer. Je criais de douleur. Mes cris finirent par ne devenir que des sons gutturaux. C'est alors que les rayons du soleil vinrent me frapper. Je brûlais littéralement. Je perdis rapidement connaissance dans d'atroces souffrances.

J'étais entouré d'une violente et brûlante lumière, je me levais et vis mon corps finissant de se consumer et se transformer en carbone. J'avais une posture grotesque qui finit par s'effondrer quasiment en silence. Je ne ressentais rien pour cette carcasse. Je l'éloignais en direction de la grotte.

J'étais mort.
Est-ce ainsi que se passe la mort ?
Est-ce à cela que ressemble la vie après la mort ?
C'est ça le royaume des morts ?
Vais-je rencontrer la mort, her/himself ?
Tout ça pour ça !