III - Ailleurs

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Je me réveillait sous un promontoire rocheux. L'ombre me protégeait des fort rayons de soleil qui m'éblouissaient. J'étais nu. J'avais les lèvres gercées et j'avais soif. Je sentais la faim qui me taraudait l'estomac. Après quelques minutes pour m'adapter, je ne vis aucun changement, la lumière était tellement forte que je ne pouvais rien distingué du paysage. La chaleur était telle que le fait de m'approcher de la lumière m'était insupportable. Je me dirigerais donc sous le promontoire, en direction de ce qu'il me semblait être une grotte. Je fit mes premiers pas, maladroit en même temps je me sentais léger, c'était étrange comme sensation après ce que j'avais vécu récemment. Cette pensée me fit revivre mon enlèvement et les étranges événements qui s'en suivirent. Je m'accrochais à la paroi pour ne pas tomber. Je pleurais.

Dans la grotte je voyais comme en plein jour. J'étais à plus d'une centaine de pas de l'emplacement où je me m'étais réveillé et j'avais l'étrange sensation que la lumière m'accompagnait dans mon cheminement. J'avançais ainsi durant un long moment. Quand devant moi s'ouvrit une grande salle haute de plafond, un cénote, dans son ciel une ouverture d'où passait la lumière du soleil qui venait frapper une grande étendue d'eau. Je me précipitait dans l'eau. C'était vraiment agréable. Je buvais à pleine gorgée, m'aspergeait le visage et le corps. Cette eau merveilleuse me revigorait bien que la faim me tenaillait toujours. Je sentais mon corps me remercier pour ce liquide divin. Je finis par plonger dans l'eau et je restait ainsi durant un long moment. Une nouvelle fois cette sensation de légèreté, mais aussi comme un manque. Je réfléchissais et je ne savais pas trop quoi.

Après un temps, je suis sorti de l'eau pour m'installer au pied d'un rocher. J'étais sec ! Je me touchait les cheveux. J'étais réellement sec ! Pourtant, je me souvient bien avoir plonger et passer de l'eau sur mon visage et ma tête ! Je ne comprenais pas. Trop d'inconnues et pas assez de réponses. Je devais aussi trouver quelque chose à manger. Au bout d'un moment tout à mes réflexions je finis par m'endormir.

Je rêvais de gens, l'impression était diffuse, flou, des êtres étranges. J'avais l'impression qu'il s'agissait d'une femme et un enfant, des inconnus pour moi. Pourtant dans le rêve j'avais l'impression de les connaître. Il y avait une sensation de joie, d'amour. Ils n'en restaient pas moins des inconnus pour moi. Je me réveillais tout en pensant à ce rêve, à ces inconnus. A cette étrange sensation de perdre quelque chose d'important (1). L'air était envahie d'une note douce et mielleuse qui m'étourdissait un peu.

Dans le cénote l'ambiance avait changé, plus humide. La lumière était la même mais des fleurs fuchsia en forme de trompe avaient fleuris partout de la grève au trou du puit de lumière. Il y en avait aussi entre mes jambes, d'autres celles qui poussaient sous moi avaient dévié leur croissance pour rechercher la lumière ou un espace pour s'épanouir. C'était un spectacle fascinant à voir. Dès que je les touchais une fine poussière en tombait probablement du pollen.

J'avais à nouveau soif. J'allais boire. Arrivé près de l'eau j'ai eu l'impression qu'on observait, je me retournais vivement. Rien! Je pris le temps de scruter claques recoins et je ne vis rien. Cette sensation ne me quittait pas, je n'étais pas seul dans cette grotte ! Je remarquais que les fleurs que j'avais effleuré avaient disparu pour laissé des zones vides. J'entrais dans l'eau pour boire.

Je me réveillais attaché les mains dans le dos à l'extérieur de la grotte, il me semble à l'endroit où je me suis réveillé la première fois. Les liens me coupaient la circulation. Je ne savais comment mes mains ne pouvez pas quitter le sol, rien ne m'y rattachait. J'avais pourtant tiré, gigoté, palpé il n'y avait rien. J'étais couché sur le sol. La tête me faisait atrocement mal. Celui qui m'avait frappé n'y était pas allé de main morte. Je hurlai des bordées de jurons à l'encontre de celui qui m'avait ligoté, j'entendais l'écho dans la grotte me revenir. Je me remis à gigoter pour trouver une position confortable car j'étais engourdi et le sol n'était pas particulièrement agréable avec ces tas de petits cailloux. Après un temps je finis par trouver une position qui me convenait. Malgré tout mes mouvement et mes cris personne ne vint. J'attendais.

Il n'y avait plus cette puissante lumière. Il ne restait que cette sensation de chaleur qui me parvenait par le sol. Le paysage que je surplombais, était très découpé comme le Grand Canyon. Le ciel était bleu gris, une lune orangée, immense, dominait au milieu du ciel. Jamais je ne l'avais vu aussi énorme sauf bien sûr des photos sur le net. Je contemplais l'astre durant un moment, enfin, jusqu'à ce que je change de position. La stupeur me pris, une profonde d'angoisse. Où étais-je ? Que m'arrive-t-il ? Était-ce une illusion ? Mes pensées filaient à toute vitesse dans ma tête. J'étais perdu. Sur ma gauche derrière un sommet s'élevait une autre lune !

(1) Aujourd'hui à l'instant où j'écris ces mots je sais qu'à cette époque j'oubliais petit à petit mes souvenirs de ma vie passée avec ma femme et mon enfant. Je ne sais pas encore qu'est-ce qui a produit cette amnésie mais en m'éloignant du cénote mes souvenirs sont peu à peu revenus.

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