XVII - Théorème

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Je flotte dans le néant. Des formes bleu fluo passent autour de moi, circulant dans toutes les directions. Je regarde ce spectacle sans bien comprendre de quoi il s'agit. Je me retourne et je vois une porte. Une belle porte en bois massif, placée là avec moi dans le néant. Les formes bleu coulent de la serrure, comme un jet d'eau sous pression. Quelque chose me percute dans le dos. Un anneau bleu, non, plutôt un oval. Je l'examine, le fait jouer dans mes mains puis le lance. Je le suit du regard il traverse l'espace à toute vitesse. A quelques centimètres de moi, une forme singulière, pas par sa forme de harpon mais parce qu'il est immobile. En fait, ce harpon et l'ovale me disent vaguement quelque chose, mais quoi ?

Je voit des formes de plus en plus complexes, diverses sortes de serpents, des soleils plus ou moins complexes et bien dessinés. Puis passe devant moi une croix, une petite croix dont les branches sont de la même taille. Je la trouve jolie, équilibrée. Tout à mes pensées, je ne vois pas l'objet qui me fonce dessus et qui me percute à la tête. Je part à la dérive, j'ai le tournis, je m'éloigne de la porte. Je ne sais comment m'arrêter. Je finis par m'écraser sur une grande forme bleu. Je constate qu'elle prends la direction de la porte. Mais je suis du mauvais côté de la forme. Je vais jusqu'au bord pour passer de l'autre côté. Je prends mon élan et m'élance dans le vide en direction de la porte. Cette fois-ci je me retourne pour m'écraser sur mes pieds contre la porte.

Je reçois un flash. 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9.

Puis cela continue, 0+1=1, 1+1=2...

C'est devenu d'une évidence ! Je passe à la multiplication, et une partie des formes bleu commencent à prendre un tout autre sens... Venant de toutes les directions, l'ensemble des formes flottante se regroupent devant moi en tourbillonnant, je les comprends petit à petit. A chaque nouvelle formule les formes s'extraient du tourbillon pour venir se présenter à moi sous forme de formules, théorèmes, équations... La suite de Fibonaci, le théorème de Pythagore, puis celui de Thalès et ainsi de suite. Les principes de Lavoisier sur l'entropie, de Newtown et la loi de la gravitation, Benouilli, Laplace, Volta, Ampère, et plus tard encore la relativité d'Einstein. Mais aussi Linné, Lamark, et Darwin. Toutes les lois et formules prennent forme. En moi des liens se tissent entre elles, pour construire des ponts et des pans de raisonnements. Tout s'enchaîne à une vitesse folle. Je suis dans la physique quantique et toutes ces théories abstraites, Plank, Schrödinger, Casimir, qui la place entre science et philosophie. Déjà le tourbillon a bien diminué en volume et en vitesse de rotation. Après un détour par la physique moléculaire, l'atome et l'astrophysique. Je recevais tout cela avec un plaisir jouissif. Je me sentais plein !

Cela pris un temps, mais quelque chose de profond ressorti qui n'avait rien à voir avec tout cela.

Hubert Erstin ! C'est mon nom ! C'est moi ! J'en souris, cela raisonnait étrangement, comme un mauvais tour de la langue des oiseaux et pourtant profondément, viscéralement c'était moi.

C'est cette chose personnelle qui me définit, car jusqu'à présent je ne m'étais pas définit. Tous mes souvenirs me remontèrent en mémoire avec une telle violence que je me recroquevillais de douleur. C'était plus que je ne pouvais supporter. J'étais assailli de sentiments, d'images, de sons, d'odeurs. J'en perdais la tête. Il y avait trop d'informations trop vite, trop fort...


Source photo : http://www.kumiyamashita.com/portfolio/city-view/

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