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Souvent, les écouteurs d'Isidore n'ont pas de batterie. Il n'a alors que le silence pour l'accompagner durant ses trajets retour. C'est devenu une sorte d'habitude du quotidien : des balades méditatives involontaires. Après tout, quand Isi' marche seul tard dans le noir, il se met à penser à Coline. Le moment est plutôt intime. Il plane légèrement, sent son cœur flotter du manque de sa présence. C'est peut-être les seuls moments où il se permet d'être vraiment conscient qu'il est amoureux, qu'il se l'avoue secrètement. En rentrant chez lui, avant de se coucher, c'est encore pire. Il a l'impression que tous ses draps, la forme de son lit, que son propre corps n'attend qu'une étreinte de Co'. Il a trop de temps disponible à penser au manque.

Ce matin, le soleil se lève paresseusement et Isidore a la chance d'être accompagné par celle qu'il aime, en rentrant. Main dans la main, ils marchent confortablement dans un silence harmonieux. Le silence de l'aube, à deux. La solitude s'estompe. Co' est là, près de lui.

Le blond a toujours un peu honte de la veille, mais n'arrive pas à contenir le sentiment de plénitude qu'il ressent à côté d'elle. Ils ont traversé tant d'années ensemble ! Il la connaît par cœur : c'est sa meilleure amie. Et pourtant, depuis qu'elle habite loin, il a l'impression de moins en moins la saisir. Isidore ne peut s'empêcher d'être un peu triste à cette pensée : tous ses proches évoluent, sauf lui. C'est flippant.

—   Tu m'as manqué, se contente-t-il de dire alors qu'ils attendent qu'un feu devienne vert.

Coline lui sourit. Isidore l'aime vraiment profondément. Elle et ses cheveux blonds. Elle et ses yeux bleus. Elle et son corps attirant. Elle, partout, tout le temps.

—   Toi aussi petit con.

AïeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant