𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔 | 𝐄𝐥𝐢𝐣𝐚𝐡

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Je reste quelques secondes devant le perron de la baraque de Noah et Memphis, la musique diffusée à l'intérieur est si forte qu'on l'entend même depuis l'extérieur. Ce serait un miracle si le voisinage ne porte pas plainte pour tapage.

    Je toque pour la dixième fois.

    Ma patience a des putains de limites.

    Ils ne m'entendent pas, je cogne violemment contre l'entrée depuis cinq minutes, en vain. Leur  foutu rap américain étouffe mes coups.

    Au diable mes bonnes résolutions.

   J'ouvre d'un coup sec la porte, accueilli par un nuage imposant de fumée transportant une odeur de nicotine qui m'envahit soudainement et me gifle le visage. Les tympans agressés et les oreilles sifflantes, je pénètre dans le salon et me retiens difficilement de bondir sur mes deux hackeurs affalés sur leur canapé en cuir noir.

    Une clope coincée entre leurs lèvres et les iris rivés sur la télé, je soupire en secouant la tête et m'approche pour prendre place sur le fauteuil à côté d'eux. Lorsque je m'avachis dessus, Noah sursaute violemment tandis que Memphis se contente de tourner son visage dans ma direction.

  — Tu m'as fait flipper ! s'exclame Noah en baissant le volume du son avec la télécommande. Préviens la prochaine fois !

    Je roule des yeux avant de jeter un œil à ses cheveux blond vénitien en désordre.

  — Moi, ce sont vos gueules qui me font flipper.

    La peau blanche de Noah a viré au rouge écarlate et Memphis... rien. Si on omet le pli qui déforme son front. J'aime juste le faire chier.

    Ils échangent un regard avant de se tourner vers moi.

  — T'as vu la tienne ?

    Ils ont parlé en même temps. Je ricane en sortant mon paquet de cigarettes de ma poche et en coince une entre mes lèvres.

  — Ça empeste ici, ouvrez les fenêtres, leur intimé-je en l'allumant avant de tirer dessus.

    La nicotine pénètre dans mon organisme et me brule les poumons. Je souffle la fumée et ferme les paupières en calant ma tête contre le dossier du fauteuil, la pression redescend peu à peu tandis que mes muscles se décrispent à chaque inspiration. Noah se lève pour aérer la pièce et revient à sa place.

    C'est exactement ce dont j'avais besoin.

    Je jette un coup d'œil à mes mains tachées par le sang séché d'Ernesto en ne cessant de me ressasser ses paroles depuis que je me suis barré en douce de chez lui.

  — L'Italie est en contact avec le Mexique, annoncé-je en me penchant, je tapote ma clope du bout de l'index pour faire tomber la cendre directement dans le cendrier puis m'affale à nouveau sur le fauteuil.

    Ils froncent les sourcils, je ne les vois pas, mais je sens leur regard peser sur moi pendant qu'ils attendent la suite.

  —  D'après ce fils de pute d'Ernesto, Emile est retourné en Italie il y a quelques années. Il a coupé court à toutes les communications qu'il établissait avec ses associés.

    Memphis se redresse en enfonçant ses mains dans la canapé puis joint ces dernières en calant ses coudes sur ses genoux.

    Noah secoue la tête, une mine perplexe affichée sur le visage.

— Ce type est difficile à cerner. C'est pas normal, il y a quelque chose qu'on ne sait pas, conclut-il en fronçant les sourcils, le regard braqué sur le sol.

𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant