𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟖 | 𝐄𝐥𝐢𝐣𝐚𝐡

Sortez-moi de là avant que je commette un homicide volontaire.

    J'ai toujours trouvé que le T.A dégageait une aura différente des autres repères. Et je sais de quoi je parle, avec tous les réseaux criminels que j'ai visité, le nôtre est de loin le plus... spécial. Mais ce soir, je ne le reconnais plus. Et comme toujours, c'est la faute des deux enfoirés qui me servent de meilleurs amis. Ils ont réussi à ensorceler tous mes hommes et se régalent actuellement à décorer la salle de réunion car « ne pas fêter Noël est un sacrilège ».

    Mais ce qui m'irrite le plus, c'est la chanson de Mariah Carey, All I want for Christmas is you qui fait presque vibrer les murs et qui risque de faire péter mes tympans. Alors, c'est avec les oreilles presque en sang que je les observe courir dans tous les sens, sortir et entrer de la pièce avec toujours plus de bibelots dans les bras. Le pire dans tout ça, ce sont leur pull de Noël tous aussi laids les uns que les autres. 

    On dirait des Télétubbies. 

    Leurs va-et-vient commencent à me faire sérieusement mal à la tête et je jure que si tout ce carnage n'a pas dégagé d'ici demain, ils vont chier des putains de paillettes.

  —  Memphis déconne pas, bordel ! On ne met jamais les guirlandes avant les boules ! s'exclame Noah en faisant irruption dans la salle.

  — C'est la même chose, répond le métis en haussant innocemment les épaules.

    Le blond le fixe quelques instants avant de pointer la porte du doigt en pinçant l'arête de son nez :

  — Va me chercher d'autres décorations.

  — Il y en a assez là ! interviens-je.

  — Il n'y en a jamais assez, Keurton. Déjà que t'as pas voulu bouger tes fesses pour nous aider, rétorque-t-il pendant que Memphis se précipite hors de la pièce.

    Et puis quoi encore ?

C'est quoi la prochaine étape, on se tient les mains et on fait une ronde ?

    Je souffle en roulant des yeux. Ils ont tous été contaminé par Noah, comme un virus se propageant à la vitesse de la lumière et impactant gravement un système immunitaire.

    Quand Memphis refait son retour dans la pièce, je soupire en levant les yeux au ciel dès que je remarque le carton débordant d'accessoires dans ses bras.

  — All I want for christmas is youuuuu, chante Noah.

    Je parlais d'homicide ?

    Là j'ai carrément envie de faire sauter mon propre repère.

    Ils décorent le sapin en fredonnant l'air de la chanson tandis que je réfléchis à comment éclater les enceintes avant qu'ils n'aient le temps de réagir. Finalement, je me lève et quitte la pièce, les jambes crispées dans ce pantalon de costume noir en lin et la poitrine qui semble être écrasée dans cette chemise blanche hors de prix. Les manches remontées jusqu'à mes avant-bras, je jette un coup d'œil à mes tatouages en tâtant les poches de mon pantalon à la recherche de mes clopes.

    Je sors mon paquet en traversant le couloir sombre, la musique ainsi que leurs voix se font lointaines pendant que je m'éloigne de plus en plus en m'y engouffrant. Enfin, j'allume ma cigarette avec mon briquet, la braise rouge qui crépite lorsque je tire dessus est la seule source lumineuse apparente dans cet endroit rongé par l'obscurité de la nuit. Je m'adosse à un mur, le regard perdu dans le vide.

    Je me fais chier.

    Je cale ma tête contre le mur en prenant une inspiration profonde, le crâne douloureux et les poumons un peu plus niqués qu'auparavant. Mais j'ai envie de dire, une clope de moins ou une clope de plus, ça ne va pas faire une très grande différence.