𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟒 | 𝐑𝐨𝐬𝐞

    Les bras croisés sur ma poitrine et les paupières plissées, le silence plane dans l'appartement pendant que j'observe le carnage culinaire de ma colocataire, cette dernière m'imite en mordillant sa lèvre inférieure. De la fumée émane de la casserole de pâtes, une quantité folle de vapeur a envahi la cuisine, si bien que nous avons été obligées d'ouvrir toutes les fenêtres. Franchement, je ne savais même pas qu'il était possible de rater des pâtes, et pourtant elle a réussi à faire l'impossible.

Je pince les lèvres pour me retenir de glousser, mais je cède finalement. Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer mon rire mais ce geste me vaut un regard assassin qui me fait cesser tout mouvement. Je me ravise alors aussitôt en levant les mains en signe de reddition.

— Méfie-toi, Scott, je t'assure que tu ne veux pas savoir où vont finir ces pates si tu continues à te marrer, me menace-t-elle en me pointant d'un doigt accusateur.

Je scrute suspicieusement la casserole qui ressemble plus à un volcan en ébullition qu'autre chose, puis je risque un coup d'œil dans la direction de la blonde qui m'observe du coin de l'œil, prête à me bondir dessus à n'importe quel mot mal interprété.

— Bon, brisé-je le silence en tapant bruyamment dans mes mains, je te souhaite un bon appétit.

— At-t-t-ends, me réprimande-t-elle en m'attrapant par le col lorsque je fais volte-face, tu comptes aller où comme ça ?

— En... cours ?

— Et qui t'a autorisé à y aller le ventre vide ?

— Moi ?

Elle m'intime de rester avec elle car ne pas manger son plat reviendrait à gaspiller, ce à quoi je réponds par le négatif en souriant de malice.

Manger ce désastre et prendre le risque de chopper une intoxication alimentaire ?

Laissez-moi rire.

Elle soupire pendant que je me défais de sa prise pour aller enfiler mon trench noir par-dessus la robe de même couleur que je porte. Rapidement, je me chausse de mes bottes par-dessus mon collant noir, attrape la sangle de mon sac à main pour le tenir sur mon épaule et sors à toute vitesse. Je glousse en jubilant.

Rose 1- 0 Pâtes fumantes.

Je jette un coup d'œil à ma tenue avant d'inspirer et de longer le couloir. On m'a toujours dit que j'avais des gouts assez particuliers, et c'est ce qui me plaisait justement. Je prends constamment cette remarque comme un compliment. Je n'ai jamais cherché à ressembler à toutes les adolescentes de mon âge qui courent dans les centre-commerciaux à la recherche de la nouvelle paire de chaussures à la mode, qui se battent pour le nouveau mascara qui fait fureur sur les réseaux sociaux ou des trucs dans le genre.

Mon père disait que l'argent ne fait pas le bonheur et que vouloir ressembler à la personne d'à côté seulement parce que sa paire de godasses est stylée est complètement ridicule. Alors je ne me suis jamais habillée par rapport aux vêtements qui faisait la une des magazines ou encore parce que c'était celui que tout le monde voulait avoir en premier pour pouvoir ensuite prétexter que les autres l'ont copié.

Si un t-shirt me plait, je l'achète, qu'il soit de marque ou non. Tant que je le trouve joli, c'est le principal, non ? Alors j'ai l'habitude des remarques agaçantes, mais c'est ce qui fait ma personnalité et mon originalité. On dit toujours que l'habit ne fait pas le moine et pour mon cas, ce dicton n'a jamais été aussi vrai. Je pourrais mettre un jean taille basse que le lendemain je porterais un pantalon large, ou alors des pulls moulants pour ensuite me tourner vers les over sizes, rien de mieux que mélanger un petit peu les styles vestimentaires.